Note de mise à jour : Article mis à jour en décembre 2025
Introduction
Que ce soit dans la vraie vie, sur les écrans ou les réseaux sociaux, on trouve toujours et partout des "winners". Vous savez, ceux qui se targuent d'avoir trouvé le bon filon et qui mènent la grande vie, en tout cas en apparence. Ces pseudo riches achètent leur SUV en leasing, accumulent les petits crédits, délaissent leurs obligations financières sur des besoins de base au profit de biens superficiels, sont dénoncés aux offices de poursuite, demandent des prêts à leurs proches ou des avances à leur employeur.

Mais une question simple suffit à faire tomber le château de cartes : "Et à part ça, t'as déjà investi dans des actions ?"
Les chiffres de l'endettement en Suisse et en France
La réalité de l'endettement des ménages
En Suisse, selon l'Office fédéral de la statistique, 40.9% de la population vit dans un ménage avec au moins une forme de dette (hors hypothèque pour résidence principale). Plus révélateur : environ 12% des Suisses ont au moins un arriéré de paiement, et 15.6% cumulent deux types de dettes ou plus.
En France, la Banque de France a recensé près de 135.000 dossiers de surendettement déposés en 2024, en hausse de 11% par rapport à 2023. Le profil type ? Des personnes avec des revenus moyens, mais un train de vie inadapté à leurs ressources réelles.
Le paradoxe des hauts revenus
Comme je le précise dans mon e-book, épargner n'est pas un problème de revenu, mais de dépenses. Certes, le salaire est important jusqu'au seuil permettant de couvrir les dépenses incompressibles. C'est la grande difficulté des "working poors".
Toutefois, les "winners" n'auraient aucune difficulté à joindre les deux bouts si leur train de vie était adapté à leur revenu. C'est tout sauf une question de salaire. Je ne compte plus le nombre de hauts, voire très hauts revenus qui se sont trouvés dans la dèche juste parce que leur curseur de dépenses était mal positionné.
Fait marquant : J'ai connu certains cadres supérieurs qui ne se sont pas contentés d'un endettement à outrance, mais qui ont même été jusqu'à effectuer des malversations financières pour continuer à vivre la grande vie.
Anatomie du faux riche
Les signes extérieurs trompeurs
Qu'ils soient malhonnêtes, frauduleux ou seulement un peu trop endettés et dépensiers, ils possèdent tous un ego assez affirmé, toujours prêts à étaler leurs "bons coups" et montrer leurs signes extérieurs de richesse :
- Quelques articles de marque de luxe
- Un conseil fiscal secret précieux que leur a donné un ami mystérieux
- Une plateforme d'investissement participatif dans une technologie encore inconnue
- Le dernier jeu à la mode pour se faire de l'argent facile (type système de Ponzi)
À les écouter, on aurait presque l'impression que la "richesse" a une dimension exclusivement obscurantiste, réservée à une élite privilégiée, qu'ils daignent bien partager avec nous. Comme s'ils nous accordaient une immense faveur.
La question qui fait mal
Et quand on leur répond "Et à part ça, t'as déjà investi dans des actions ?", tout s'écroule. Les jolies théories, le sourire Colgate et les bons coups à deux balles retombent sur la gueule du "winner", le faisant tomber de son piédestal.
"Investir" est contre-nature pour lui qui a l'habitude de dépenser. Il répond alors un brin déconfit : "Ah non les actions, ça c'est beaucoup trop risqué"...
Mais c'est déjà trop tard. Vous avez compris et il sait que vous avez compris. Le "winner" peut rentrer dans sa niche.
Vraie richesse vs richesse de façade
Ce que les vrais investisseurs font différemment
Les personnes véritablement fortunées adoptent un comportement radicalement opposé :
1. Ils vivent en dessous de leurs moyens
- Voiture d'occasion ou modèle sobre
- Logement adapté au besoin réel, pas à l'ego
- Dépenses courantes maîtrisées
2. Ils investissent systématiquement
- Minimum 20% du revenu net investi chaque mois
- Portefeuille diversifié d'actions de qualité
- Horizon long terme (10-20 ans minimum)
3. Ils fuient l'endettement de consommation
- Pas de leasing automobile
- Pas de crédit à la consommation
- Seul le crédit immobilier est acceptable (et encore, en proportion raisonnable)
L'exemple de Warren Buffett : fortune colossale, train de vie modeste
Warren Buffett, l'un des hommes les plus riches du monde avec une fortune d'environ 150 milliards de dollars, illustre parfaitement ce paradoxe. Il habite toujours la même maison achetée en 1958 pour 31.500 dollars à Omaha, dans le Nebraska. Pas de yacht, pas de collection de voitures de luxe, pas de résidences secondaires aux quatre coins du monde.
Buffett conduit lui-même sa voiture (une berline sobre), mange régulièrement chez McDonald's pour moins de 4 dollars, et a longtemps utilisé un simple téléphone à clapet. Son secret ? Il n'a jamais confondu richesse et dépenses ostentatoires. Pendant que les "winners" s'endettent pour afficher un statut, Buffett a investi méthodiquement pendant 70 ans, laissant les intérêts composés faire leur travail.
Comme il l'a déclaré à ses actionnaires : il considère sa maison comme son "troisième meilleur investissement", juste après ses alliances. Une leçon que les pseudo-riches avec leur SUV en leasing feraient bien de méditer.
Les chiffres qui ne mentent pas
En Suisse, seulement 17.6% de la population détient des actions, directement ou indirectement, selon une étude HelloSafe de 2024. À titre de comparaison, ce taux est de 55% aux États-Unis et 22% en Suède. La Suisse se situe en 9e position sur 32 pays développés analysés.
Pourtant, sur 25 ans, un investissement régulier dans un indice boursier diversifié génère en moyenne 8 à 10% de rendement annuel. Un SUV en leasing ? Il vous coûte 800 francs par mois et ne vaut plus rien au bout de 4 ans. Faites le calcul.
Reconnaître les pièges de la fausse richesse
Les red flags à surveiller
Méfiez-vous des personnes qui :
- Parlent constamment de leurs "bons plans" et "coups" financiers
- Étalent leurs achats de luxe sur les réseaux sociaux
- Vous proposent des "investissements" qui rapportent 20% par mois
- N'ont jamais ouvert un compte-titres de leur vie
- Considèrent la bourse comme "trop risquée" mais multiplient les crédits
Le vrai risque n'est pas là où on le croit
Paradoxe ultime : Ces personnes trouvent "risqué" d'investir dans des entreprises solides cotées en bourse, mais trouvent "normal" de :
- S'endetter sur 48 mois pour une voiture qui perd 50% de sa valeur
- Multiplier les petits crédits à 10-15% d'intérêt
- Claquer plusieurs milliers de francs en biens de consommation ostentatoires
En réalité, le véritable risque, c'est de ne jamais construire de patrimoine et de se retrouver à 50 ans avec un niveau de vie qui s'effondre.
FAQ : Fausse richesse et investissement
Pourquoi les hauts revenus ne sont-ils pas tous riches ?
Parce que la richesse ne se mesure pas au revenu, mais au patrimoine accumulé. Un cadre qui gagne 150.000 francs par an mais dépense 140.000 est moins riche qu'un employé qui en gagne 60.000 et en investit 15.000. Le premier a un flux positif de 10.000 francs. Le second construit 15.000 francs de capital chaque année.
Est-ce que la bourse est vraiment risquée ?
Sur le court terme (1-3 ans), oui. Sur le long terme (15-20 ans), l'absence d'investissement boursier est beaucoup plus risquée que l'investissement lui-même. Les données historiques montrent qu'aucune période de 20 ans n'a été négative pour un investisseur diversifié sur les marchés développés.
Comment commencer à investir quand on a des habitudes de dépensier ?
Commencez par automatiser l'épargne : virez 15-25% de votre salaire vers un compte d'investissement le jour même de sa réception. Ce que vous ne voyez pas, vous ne le dépensez pas. Puis augmentez progressivement cette proportion.
Quel montant minimum faut-il pour commencer ?
Avec les courtiers modernes, vous pouvez commencer avec 500 à 1.000 francs. L'important n'est pas le montant de départ, mais la régularité et la durée. 300 francs investis chaque mois pendant 25 ans à 8% donnent plus de 280.000 francs.
Les "winners" peuvent-ils changer ?
Rarement. Le problème n'est pas intellectuel mais psychologique. Quelqu'un qui tire sa validation sociale de signes extérieurs de richesse aura du mal à adopter le mode de vie sobre nécessaire à l'accumulation de capital. Mais pour ceux qui sont prêts à remettre en question leurs habitudes, la transformation est possible.
Conclusion
La vraie richesse est silencieuse. Elle ne se pavane pas sur Instagram avec des sacs de luxe. Elle ne loue pas de SUV pour impressionner les voisins. Elle s'accumule tranquillement, mois après mois, dans un portefeuille d'actions de qualité.
La prochaine fois qu'un "winner" vous explique ses bons coups, posez-lui simplement la question : "Et à part ça, t'as déjà investi dans des actions ?" Sa réponse vous dira tout ce que vous devez savoir sur sa situation financière réelle.
Et vous, où en êtes-vous dans votre parcours d'investissement ?
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J’ai trouvé cette phrase géniale: « there is nothing more supremely irritating than watching your neighbors get rich ».
Trouvée dans:
https://www.gmo.com/americas/research-library/waiting-for-the-last-dance/
L’auteur (Jeremy Grantham) est super réputé est a une expérience incroyable dans le marché. Lu par énormement d’investisseurs « value ». Si les sujets de valorisations et de bulles vous intéresse bonne lecture.
Oui j’en recommande chaudement la lecture !
Ton article serait-il inspiré de cet « entrepreneur » qui m’a presque fait mourir de rire? 🙂
https://www.google.ch/amp/s/amp.lematin.ch/story/menace-lentrepreneur-vaudois-fait-annuler-son-proces-249297749057
Ah non même pas, mais effectivement 🙂
L’investissement, c’est un peu comme le sexe, ce sont ceux qui s’en vantent le moins qui en profitent le plus !
Juste, mdr 🙂
Thomas, ça fait toujours plaisir de te voir par ici !
Merci Jérôme pour cet article qui remet calmement les choses en place. Moi le premier, nous vivons dans une société de l’immédiat et sommes, pour bon nombre, prêts à mettre en péril notre équilibre économique pour la simple raison du « je veux » et malheureusement pas celle du « j’ai besoin ». Je me rappelle lorsque j’étais jeune avoir entendu le père d’un ami expliquer comment après près de 2 ans d’économies il avait pu, petit à petit, mettre de côté de l’argent pour se payer un caméscope tout en riant d’avoir mis autant de temps à épargner la somme car du coup le caméscope qu’il souhaitait au départ avait été remplacé par un nouveau modèle meilleur encore.
L’investissement, c’est vraiment un travail sur le long terme avant tout, mais pour y accéder, il faut penser loin, très loin dans le temps. Malheureusement, notre société de (sur)consommation biaise cette idée qu’il faut du temps pour acquérir des choses, et au travers des différentes formes de crédit mal contrôlés par les individus est créée une impression de pouvoir et d’accessibilité à la richesse alors que comme tu les dis si justement, c’est vers la ruine que se dirigent bon nombre de ces personnes…
Merci AGU. L’exemple du père de ton ami me rappelle un contre-exemple, celui d’un ancien collègue, un cadre supérieur. Il affirmait : « t’as beau recevoir des augmentations de salaire, à la fin du mois il reste toujours la même chose sur ton compte ». A l’époque je sortais tout juste des études et je ne comprenais pas pourquoi il disait ça. Aujourd’hui je comprends qu’il était pris dans le tourbillon de la Rat Race, comme une large majorité de personnes. Si je le recroisais aujourd’hui je pourrais lui dire qu’au contraire « t’as beau ne pas avoir d’augmentation de salaire, à la fin du mois il reste toujours plus sur ton compte » 🙂 !