Journal d’un futur rentier (79)

C'est drôle comme on oublie vite la Rat Race. Quand on est dedans, on ne la voit plus parce qu'elle imprègne toutes les couches de notre être. On se lève, on travaille, on consomme et on recommence. Elle est partout, autour de nous et au plus profond de nous. Elle est notre essence même. C'est seulement lors de brefs instants d'éveil qu'on parvient à saisir le côté vicieux de cette course que nous menons.

Quand on parvient enfin à s'en sortir, après des années de lutte, on la zappe très vite également. On change de paradigme. Il y a un avant et un après. Notre vie se retrouve modifiée de fond en comble. La course effrénée que nous menions nous semble bien infantile, pour ne pas dire stupide. C'est seulement lorsque nous sommes confrontés à des situations ou des gens qui nous rappellent notre existence précédente que nous en prenons conscience.

Ce matin par exemple, je me suis fait réveiller à 7h00 par un voisin qui était en train de dégager la neige de sa voiture. Cela m'a fait sourire intérieurement en me rappelant l'article prémonitoire "Journée d'un rentier". Neuf ans plus tard, j'y suis arrivé. Incroyable. Je suis sorti de ce cirque. Certes, pas totalement. Je fais encore acte de présence une vingtaine d'heures par semaine au travail et même un peu plus par temps de virus chinois. Mais dans ma tête je ne suis déjà plus là. J'ai déconnecté.

La semaine dernière par exemple, j'étais en "visio" (je déteste le terme et encore plus le concept). Derrière mon écran, mon visage me représentait, tandis que tout le reste de mon être, physique, psychique, spirituel attendait de pouvoir cliquer sur le bouton "Quitter la réunion". J'ai remarqué que c'était encore plus facile de jouer la comédie lorsqu'on pouvait juger en temps réel de notre performance grâce à la caméra. C'est sans doute le seul bon côté du virus. On pourrait aussi ajouter le masque qui nous permet aussi de nous "cacher" lors des séances en "présentiel" (je déteste tout autant le terme et là aussi le concept).

Autant les séances "classiques" sont chiantes, autant les "visios" sont mortelles. Les échanges sont difficiles et peu conviviaux. La prise de parole se concentre très souvent sur un nombre très restreint de personnes. Parfois même une seule. En étant hors du contexte du travail, les sujets de discussions paraissent encore plus dénués de sens. Je suis toujours effaré par l'intérêt et l'engagement de certaines personnes lors de ces évènements. On dirait que leur vie en dépend. D'un côté c'est peut-être cela (ce qui va dans le sens du premier paragraphe).

Ces petits évènements me rappellent au bon souvenir de la Rat Race et je m'en amuse aujourd'hui. Désormais je prends mon pied avec ma petite activité accessoire indépendante qui prend lentement mais sûrement son envol. Les trois termes sont primordiaux : activité parce que je n'ai pas l'impression de travailler (bien au contraire, je m'amuse), accessoire parce que je veux la limiter à une dizaine d'heures par semaine et indépendante, parce que je suis mon seul patron.

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17 réflexions sur “Journal d’un futur rentier (79)”

  1. Pour ma part je préfère de loin les conférences téléphoniques aux conférences vidéo: ça permet au moins de suivre la bourse pendant que les autres perdent leur énergie à débattre de la taille optimale des marges du PV…

    Question: comme tu fais encore acte de présence au travail mais que ta tête n’y est plus vraiment, est-ce que les journées n’y sont pas encore plus longues et barbantes?

    1. ça permet au moins de suivre la bourse pendant que les autres perdent leur énergie à débattre de la taille optimale des marges du PV

      mort de rire

      comme tu fais encore acte de présence au travail mais que ta tête n’y est plus vraiment, est-ce que les journées n’y sont pas encore plus longues et barbantes?

      oh que oui et c’est pour cela que j’ai hâte d’en finir
      c’est un peu la même impression que lorsque tu pars en vacances… la dernière semaine de travail semble interminable

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        Faut pas déconner. C’est super important la marge du PV! 🙂
        J’adore zoom.. ça permet de faire d’autres choses (après avoir défini cette marge de PV on est bien d’accord) comme lire cet article par exemple…

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      Philippe de Habsbourg

      Personnellement, que je sois par téléphone ou que ma caméra soit activée, je ne me gêne pas pour regarder les dernières envolées boursières, l’actualité sportive ou jouer aux échecs. Franchement, je n’ai pas besoin de voir la face de mon boss et de mes collègues pour écouter des discussions interminables, même quand je dois intervenir.

      Mon bébé va naitre en juin et après mon congé de paternité, j’ai le droit de prendre une année sabbatique. Ce sera donc un peu plus d’un an, loin du boulot, que je vais avoir l’occasion de passer à m’occuper de la famille, mais aussi à m’occuper de mon entrainement et mes projets personnels. J’aimerais quand même avoir un petit job pour le plaisir. Messager à vélo ça me plairait bien, surtout que je vais être une bonne partie de mon temps dans une ville que j’adore : Francfort. Ça travaillerait mes jambes et ce serait un bon moyen, je pense, d’améliorer mon allemand!

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        Que du bonheur. Tu pourras profiter de ton enfant, te changer les idées et goûter à la vie de l’indépendance financière.

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    Après il y a un aspect que tu ne prends jamais en compte : le fait que parfois peut-être une personne aime son travail 🙂 je lis régulièrement tes articles sur ce que tu appelles la rat race et le fait que tu cherches a changer de vie, je suis moi même quelqu’un dont le travail n’est pas la priorité n°1 (pourtant j’aime ce que je fais, je suis dans le jeu vidéo (ubisoft) et j’aime mon taf), mes priorités étant plutôt ma famille et mes hobbies. Mais par contre je ne critique pas du tout ceux qui sont à 100% investis dans leur boulot, c’est une autre conception de la vie, ce n’est pas la mienne, mais je ne dis pas que ce n’est pas la bonne, qu’ils sont aveuglés, qu’ils ont tout faux et que j’ai raison.
    Je suis plutôt d’accord avec ta conception de la vie en ce qui concerne le travail, mais je trouve par contre que tu manques un peu de tolérance

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      J’en suis tout à fait conscient et jamais je ne me permettrais d’être intolérant par rapport à ceux qui aiment leur job. Ils ont de la chance et c’est aussi ce que je recherche à travers ma petite activité accessoire. J’y prends mon pied. Je comprends à 100% une personne comme toi qui fais un job de toute évidence passionnant et pour moi cela n’est pas de la Rat Race. Ton job est une passion pour laquelle tu es payé. Que demander de mieux. Ce que je critique c’est la façon dont fonctionne de plus en plus le monde de travail actuellement, qui justement enlève tout sens à nos actions. L’accumulation des séances, des visioconférences, des procédures, des audits, etc. Cela dénature totalement le job que l’on a choisi à la base. Perso, j’ai besoin de pouvoir sentir être utile et/ou réaliser des choses palpables. Pas de disserter durant 3h sur l’article x.x.x d’un règlement ou d’une procédure. Et c’est peut-être par rapport à ce point en particulier que je suis plus intolérant, par rapport à certaines personnes. Je le reconnais.

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        Je suis parfaitement d’accord avec Psycoke, en ce sens que l’on peut aimer -ou non- son travail (l’activité en elle-même, la structure [entreprise ou autre organisation], les valeurs de celles-ci, ses éventuels collègues, chefs, subordonnés, clients, fournisseurs, les rencontres, la solitude, les éventuels déplacements ou autre voyages, les moyens mis à disposition, etc.), qu’il soit ou non une priorité dans sa vie.

        Toutefois, même si l’on aime son travail ou certains éléments de celui-ci, il est sans doute difficile d’en imaginer sans certaines contraintes ou certains inconvénients, de quelque nature que ce soit, dont on se passerait. Le travail idéal, sans contrainte ni inconvénient, n’apportant que satisfaction et épanouissement, n’existe probablement pas ou doit être rare. Le tout est de trouver le travail qui, une fois tout bien balancé et pondéré, penche plutôt du côté positif que du côté négatif. Et un travail qui plaît à un moment T peut être moins attrayant à un moment T+x, si des paramètres de l’équation changent -que ce soit en raison de facteurs endogènes ou exogènes- ou par une lassitude s’installant avec le temps.

        Je relève par ailleurs que l’appréciation d’un travail n’est pas universelle et dépend d’un individu à l’autre. ce qui plaît à certain déplaît à d’autres. Et je dirais que c’est tant mieux.

        Sans avoir relu tout ce que Jérôme a écrit, je n’ai pas l’impression qu’il critique les gens impliqués consciemment ou non dans la “Rat Race” (finalement, qui ne l’est pas en tout ou partie) mais un système et les individus qui le mette en place, s’en servent dans la poursuite de leurs intérêts ou le rende insensé. Jérôme confirmera, ou non.

        Le paradoxe est que pour sortir (mais peut-on en sortir totalement?) de la “Rat Race”, il faut l’utiliser. Comment sont produits les bénéfices, qui permettent de créer de la valeur et verser des dividendes (y compris au profit des acteurs de la Rat Race, qui comptent au moins sur leur caisse de pension, leur rente de retraité, leur assurance vie, etc.) ? Sortir plus ou moins de la “Rat Race” n’est possible que si celle-ci existe (belle lapalissade).

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        mais un système et les individus qui le mette en place, s’en servent dans la poursuite de leurs intérêts ou le rende insensé

        C’est exactement cela, comme je l’expliquais dans ma dernière réponse. C’est ce mélange d’aliénation du travail et de dépersonnification des tâches qui m’a usé à la longue. C’est le système que je regarde d’un oeil critique en premier, mais ce système est lui-même porté par certains individus.

        Le paradoxe est que pour sortir (mais peut-on en sortir totalement?) de la « Rat Race »

        Tout juste. J’en parlais déjà il y sept ans (c’est fou comme ça passe vite!) : https://www.dividendes.ch/2013/11/le-chemin-schizophrene-de-lindependance-financiere/

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    J’ai la chance de ne pas avoir un métier où les palabres interminables et insensées ne sont pas monnaie courante.

    Mais quand je lis comment Jérôme, Dividindes et bien d’autres personnes décrire (caricaturer?) les conférences et téléconférences professionnelles, je me dis que les structures des entreprises ou autres organisations ont encore un beau potentiel d’amélioration de leur efficience! Que d’heures de travail gaspillées, semble-t-il!

    Pour ma part, j’ai un souvenir qui me revient maintenant. Il y a une dizaine d’années voire un peu plus, j’ai assisté à une conférence réunissant une dizaine de personnes dans les locaux d’une grand entreprise multinationale. Les participants étaient tous employés de cette entreprise, sauf moi et une autre personne. Au final, 3 personnes -pas moi- avaient monopolisé la parole, les autres écoutant, l’air attentifs, en prenant quelques notes. Le temps m’avait paru long. Celui qui dirigeait la séance a tenu le rythme pendant 2 (ou 3?) heures, avant de la lever à midi pile (!) et d’inviter tout le monde à une excellente table du restaurant maison réservé aux grandes occasions et aux “gradés”. Je me rappelle m’être fait la réflexion que le meneur de séance avait fait preuve d’une grande maestria pour tirer l’air de rien la séance en longueur jusqu’à l’heure du repas. du grand art.

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      Des exemples comme ceux-là je pourrais t’en citer à la pelle. Oui c’est de la maestria, mais quel temps perdu et quel ennui !!! Aujourd’hui ce genre de séances plombent une grosse partie des cahiers des charges de bon nombre d’employés. Le reste du temps étant dévolu à traiter les centaines de courriels qui tombent inlassablement…

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    Philippe de Habsbourg

    Ouais 🙂 Merci!

    Que penses-tu des nombreuses bulles qui éclatent un peu partout ? En Amérique en tout cas. GameStop, Nokia, Blackberry, AMC? Je pense que de “simples adolescents” sont en train de générer une certain panique au sein de quelques institutions financières et c’est tant mieux pour eux! Je trouve ça vraiment drôle. Mais je pense que ça provoque une certaine fébrilité sur l’ensemble du marché aussi…

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      Je pense qu’on est revenus en 2000. Je ne sais pas si tu as connu cette période mais c’était comme aujourd’hui. Le même genre de titres qui font des pertes et qui explosent. C’est rigolo d’ailleurs que Nokia revienne sur le devant de la scène. C’était un des titres chauds de l’époque. Il y avait aussi “Palm” qui était hautement spéculatif et qui a très mal fini, remplacé par Blackberry justement… La planète finance a la mémoire bien courte. Comme tu dis, ce sont de simples “ados”, en tout cas dans la tête.

      On peut mettre aussi Tesla avec. Et bien d’autres.

      Reste à savoir si c’est le signe (enfin) qu’on est à la fin d’un marché haussier historique, comme en 2000. Depuis le temps que j’attends ceci, je n’ose même plus l’espérer…

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    Je suis aussi d’accord avec Psycoke et avec Jérome ! Pour certaines personnes le boulot peut être source de plaisir mais il y a une course pour « faire plus avec moins » qui est dans certains cas détestable et engendre des conséquences ahurissantes (santé et environnements) que même des sociétés hyper évoluées laissent faire. No comment.
    L’homme est un loup pour l’homme… « La première occurrence de cette locution se trouve chez Plaute, dans sa comédie Asinaria (La Comédie des Ânes, vers 195 av. J.-C, « source Wikipedia. Il y a 2000 ans Plaute avait tout compris !
    Bon j’arrête pour la philosophie lol.

    Pour la situation actuelle je vois une superposition d’éléments différents.
    Suite logique de l’évolution du QE : Après les prêts (QE) et les taux d’intérêt zéro, les achats d’obligations d’entreprises je vous présente, à degré divers et variés, les dons (fiscaux).. financé par le QE on est bien d’accord. Et pour l’instant pas d’inflation à l’horizon donc pas de raisons d’arrêter ces mécanismes. On est en train de d’explorer gentiment mais surement le MMT. Ca va être difficile d’arrêter les vannes de l’argent facile ou gratuit. Malheureusement pour les épargnants car en plus de pas de rémunérations sur l’épargne la porte de sortie logique (à moyen ou long terme) devrait être de l’inflation.

    Les short squeeze sont liés aux chèques que les américains reçoivent, à la démocratisation du trading gratuit et les moyens de communication de masse. C’est certains qu’il y a des bulles dans ce marché mais la situation est quand même très différente du nasdaq en 2000 car les compagnies Tech font de l’argent (et en quantité !!). Des shorts squeeze on en a déjà eu dans le passé et certains très importants. Ce n’est pas négligeable, des milliards se perdent mais j’espère que ça va rester un épiphénomène pour les investisseurs et que ce sera essentiellement les HF et autres intervenants qui shortent qui vont souffrir ces attaques.

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      Toutes les entreprises tech ne font pas de l’argent. Celles mentionnées plus haut justement en perdent (Nokia, Blackberry…). Tesla c’est de l’automobile mais je la mets aussi dans le camps des techs spéculatives car c’est une nouvelle technologie. Et comme tu le dis, ce sont les politiques accommodantes des banques centrales qui subventionnent le tout. Je suis d’accord avec toi, l’inflation va revenir à plus ou moins long terme. Et là, ceux qui faisaient tout juste des bénéfices, vont s’écrouler. Donc je continue à penser qu’il y passablement de similitudes avec 2000. La seule différence notable ce sont les taux zéro ou négatifs qui agissent comme un retardateur de crise. Ils traitent les symptômes, mais pas les origines du mal.

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