Après un premier semestre marqué par une volatilité persistante et des secousses imprévisibles sur les marchés mondiaux, il est temps de dresser un nouveau point de situation sur la performance de nos portefeuilles.
Ce mois de juillet a alterné entre mauvaises et belles journées, certaines débutant dans le vert foncé avant de finir dans le rouge, ou l'inverse. De même on a connu des jours dominés largement par les big caps tandis que les petites capitalisations plongeaient, ou l'inverse (mais moins souvent). On a aussi vu les indices américains grimper fortement, en particulier les géants de la tech, tandis que les valeurs européennes et helvétiques allaient dans le sens opposé. Bref, on est passés par tous les états, oscillant entre le meilleur et le pire, pour finir presque à plat, comme bientôt tous ces derniers mois.
Ceci soulève passablement de questions. Le marché a soit disant toujours raison. N'empêche qu'actuellement la raison semble s'être fait la malle. Le PE Schiller ratio, qui mesure l'évaluation des actions, est au même niveau qu'en 1999 et en 2021, avant la chute des marchés. Il est plus haut même qu'en 1929. Comparaison n'est pas raison, et ce ratio n'a pas toujours eu raison non plus dans le passé. N'empêche. Cette année 2025, qu'on le veuille ou non, est pour l'instant placée sous le signe de l'incertitude. Et cela n'est jamais bon pour les affaires.
Dans ce contexte, il est assez difficile d'y voir clair. D'ailleurs, le dernier compte rendu de la Fed précise que l'inflation n'est toujours pas sous contrôle et que l'économie a perdu de son élan. Ceci n'a pas empêché Meta et Microsoft de publier des résultats meilleurs que prévus. Cela n'a pas empêché non plus Trump de poster que les données SONT MEILLEURES QUE PREVUES (la touche Caps Lock de son clavier est apparement bloquée) et en même temps de quand même demander encore une fois une baisse de taux à Powell. Logique. Quand ça va mal, il demande une baisse de taux, quand ça va bien aussi. Franchement, autant les fixer définitivement à zéro et on n'en parle plus.
Parmi les autres éléments marquants, d'autres sont également liés aux politiques mises en place par l’administration Trump :
- Le dollar est remonté ce mois de juillet, mais il cumule malgré tout une perte de 12 % en CHF depuis le début de l’année.
- Cette baisse du billet vert pèse lourdement sur la performance en CHF de bon nombre de titres américains. Pourtant, paradoxalement, elle a profité à certaines grandes entreprises des États-Unis, dont une part significative du chiffre d’affaires provient de l’étranger. En effet, un dollar plus faible accroît automatiquement la valeur des revenus générés hors des frontières américaines une fois rapatriés, tout en renforçant la compétitivité des exportations. Ce phénomène s'est illustré de manière notable en juillet, avec des exemples tels que Pepsi, 3M, BlackRock, Levi Strauss et Garmin, qui ont bénéficié de la faiblesse du dollar. Pour en savoir plus, consultez cet article.
- Dans un tel contexte, il devient complexe de réaliser des plus-values sur les titres libellés en dollars, sauf à privilégier les grandes entreprises exportatrices, lesquelles affichent déjà des valorisations élevées sur les marchés. Paradoxalement, tandis que les investisseurs américains sont convaincus de franchir de nouveaux sommets, les européens et les suisses investis sur ce marché ont la sensation de ramer à contre-courant sur le Rhône à bord d’un simple pédalo.
- Les actions de qualité et de valeur semblent de plus en plus négligées au profit de titres surévalués ou de moindre qualité. Cette tendance traduit une appétence grandissante des investisseurs pour le risque, ces derniers délaissant des placements attractifs et solides au bénéfice d’entreprises plus coûteuses ou fragiles. Cette orientation accrue vers le risque présente toutefois des dangers notables à long terme, d’autant plus dans le contexte actuel de valorisations élevées sur les marchés et d’incertitudes liées aux décisions politiques de Trump. Face à cette situation, il demeure essentiel de privilégier des sociétés de qualité, judicieusement évaluées, même si elles sont temporairement délaissées par le marché.
Performance du mois écoulé (portefeuilles et benchmarks - en CHF)
L’ensemble de ces phénomènes a considérablement pénalisé nos portefeuilles au cours du mois écoulé, en comparaison avec le S&P 500. Sans surprise, ils ont également sous-performé par rapport aux indices de référence VT et 60/40, ces derniers ayant été portés par la progression de l’indice phare américain.
Toutefois, nos portefeuilles affichent une performance honorable face à l’indice suisse, qui a franchement accusé le coup. Au vu de l'annonce de ce jour de la fixation des tarifs douaniers US à 39% pour la Suisse, les prochaines semaines risquent encore d'être compliquées pour le MSCI Switzerland. Voilà un joli "cadeau" de Trump aux suisses pour leur fête nationale.
- Portefeuilles :
- Portefeuille déterminant : 0.1%
- PP 2.x : 2.1%
- Benchmarks :
- MSCI Switzerland : -1.53%
- S&P 500 : 5.32%
- VT : 4.24%
- 60/40 "Boglehead" : 3.23%
On remarque que le PP 2.x a réalisé une performance mensuelle sensiblement meilleure que celle du portefeuille déterminant, avec infiniment moins de travail puisqu'il repose sur une gestion totalement passive. Il a évidemment été aidé par sa forte composante en grosses sociétés américaines, notamment techno. À l'inverse, son grand frère a connu une forte rotation de ses actifs pour un résultat nul ou presque. Son orientation "value" et petites capitalisations internationales n'a pas aidé. La gestion active avait plutôt aidé le portefeuille déterminant au premier semestre, en lui permettant d'éviter la volatilité du marché. Ce mois-ci elle l'a clairement desservi.
Détail des stratégies du Portefeuille déterminant (mois écoulé - en CHF)
La performance "à plat" du portefeuille déterminant cache pourtant un bilan très disparate parmi les approches sous-jacentes. En fait, à l'exception d'une seule stratégie, elles ont toutes réalisé de jolis résultats, dont certains très bons.
En effet, les stratégies "Blue Chips, "Or", "Obligations suisses, "Immobilier suisse", "Actions suisses", "Bitcoin & or" et le Trading Auto Signal, ont toutes affiché des résultats dans le vert. Il faut relever par ailleurs que certains titres helvétiques des Blue Chips, de l'Immobilier suisse et des Actions suisses ont affiché des performances assez incroyables, alors même que le MSCI Switzerland était à la baisse.
En revanche, la stratégie Long / Short a subi un double revers. En effet, alors que la couverture offerte par les positions courtes est censée protéger contre les baisses des positions longues, elle a cette fois-ci joué en notre défaveur. Ce phénomène se produit lorsque les actions de valeur et de qualité (composant les positions longues) connaissent une forte chute, tandis que les actions coûteuses et de moindre qualité (positions courtes) affichent les meilleures performances, comme évoqué dans notre introduction.
Afin de prévenir la récurrence de ces deux phénomènes à l’avenir :
- Pour les positions short, j’opterai désormais, au lieu d’avoir recours à la vente à découvert d’actions, pour une couverture à l’aide d’un ETF short, qui sera activée conjointement aux signaux baissiers du Trading Auto Signal.
- En ce qui concerne les positions longues, je vais poursuivre la diversification de mon portefeuille à l’international, à condition d’y identifier des titres de qualité et de valeur.
- J'en profite pour rebaptiser cette stratégie "Actions internationales"
Portefeuille déterminant (depuis le début de l'année - en CHF)
Depuis le début de l'année, le portefeuille déterminant enregistre une performance de 0.12 % en CHF. Ce résultat demeure toujours inférieur à celui du MSCI Switzerland, qui affiche une progression de 4.62 %, principalement grâce à un rebond exceptionnel en janvier et février, venant compenser une année 2024 décevante. Néanmoins, la performance du portefeuille reste supérieure à celle du S&P 500, qui, malgré un rebond notable le mois dernier, accuse une baisse de -2.34 % en CHF depuis le début de l'année.
Portefeuille déterminant (depuis lancement - en CHF)
Le portefeuille déterminant, dans sa nouvelle configuration depuis octobre 2024, affiche les jolis résultats suivants (en francs suisses) :
- Performance annualisée (%) : 6.32 (MSCI Switzerland : -0.23)
- Max Drawdown (%) : -6.62 (MSCI Switzerland : -15.16)
- Ecart-type (%) : 6.91 (MSCI Switzerland : 13.32)
- Ratio de Sharpe : 0.81 (MSCI Switzerland : 0.3)
- Corrélation avec le MSCI Switzerland : 0.32
Le contexte de marché reste pour le moins imprévisible et l’incertitude règne en maître, rendant toute projection aussi fragile que sujette à caution. Nos portefeuilles, bien qu’éprouvés par les soubresauts des indices mondiaux, ont néanmoins su démontrer une certaine résilience grâce à la diversification des stratégies. Les enjeux géopolitiques, la politique américaine et la surévaluation du marché laissent présager des mois à venir tout aussi volatils. Plus que jamais, il convient de garder la tête froide.
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