Les Évadés : l’espoir, le temps et l’indépendance

Les évadésLes Évadés est le film qui m'a le plus marqué au cours des vingt dernières années. Le film est tiré de "Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank", un des quatre romans courts écrits par le maître Stephen King dans le recueil Différentes saisons. Déjà à la sortie du film en 1994, j'avais été particulièrement touché non seulement par l'histoire, mais surtout par la personnalité de son héros Andy Dufresne (Tim Robbins) et son amitié avec Red (Morgan Freeman). Le film m'a-t-il influencé au point de partir six ans plus tard à la recherche de l'indépendance financière, ou est-ce ma personnalité déjà autonome de l'époque qui s'est retrouvée dans cette histoire ? Un peu des deux certainement. Aujourd'hui en tout cas je peux regarder ce chef d'oeuvre avec toujours autant de plaisir, et l'impression d'en tirer encore de précieux enseignements.

Les Évadés se caractérise par quatre éléments principaux :

  • l'environnement très particulier dans lequel évoluent les personnages (le système carcéral) qui les façonne à son image
  • l'espoir
  • le temps, à la fois ami et ennemi
  • et enfin la personnalité hors du commun d'Andy Dufresne.

Ces quatre éléments sont étroitement liés, chacun influençant ou étant influencé par l'autre. A bien des égards le film et ces quatre thèmes possèdent des similitudes surprenantes avec le chemin vers l'indépendance financière.

 Le système carcéral

Le mode de la vie occidental, malgré toutes les libertés qu'il offre, enchaîne aussi ses individus, par le besoin de consommer, et donc de travailler pour avoir les moyens de dépenser. La course des rats de laboratoire et le mythe de la caverne de Platon, sont deux métaphores que l'on peut appliquer au système capitaliste et dans lesquelles les individus sont prisonniers. Il est très difficile de sortir du système, non pas tant par les barrières physiques, mais surtout par les conditions psychologiques qui s'y sont installées.

"Pendant quarante ans, j'ai demandé la permission de pisser. Je sors pas une goutte si j'ai pas demandé" affirme Red dans les Évadés. Même les simples besoins physiologiques à Shawshank échappent au contrôle des individus, au point qu'une fois libres, ils sont incapables de les assouvir seuls. Le monde capitaliste est-il si différent ? Est-il possible de manger, boire, faire sa toilette, ses petits besoins, et même baiser, sans avoir recours à McDonald, Coca-Cola, Pepsi, Nestlé, Colgate-Palmolive, Procter & Gamble, Johnson & Johnson, Unilever, L'Oréal, Danone, Reckitt Benckiser et bien d'autres ... ?

"Ces murs ont un effet bizarre, au début on les déteste, ensuite on s’y habitue, et on finit par en avoir besoin, c’est ça être institutionnalisé" explique Red. Se lever tous les matins pour aller travailler, transpirer ou avoir la boule au ventre à la place de son employeur, tout ça pour avoir suffisamment d'argent pour faire la file aux caisse des supermarchés le week-end, ça n'a rien de très valorisant. Mais comme tout le monde ou presque fait de même, ça sécurise. On se fixe des repères en consommant les mêmes grosses marques que tout le monde. Les "murs" de la société de consommation sont bien réels, mais plus personne ne peut s'en passer. Comme dit Red, c'est ça être institutionnalisé.

L'espoir

Aucun rêve ne peut devenir réalité sans espoir. Il faut une sacrée dose de croyance en une réalité meilleure pour nous pousser à supporter notre quotidien et nous aider à maintenir le cap vers notre objectif.

"C’est dans une prison que la musique a le plus de sens. On en a besoin pour ne pas oublier. Ne pas oublier qu’il y a des endroits dans le monde qui ne sont pas faits de mur et de pierre, qu’il y a quelque chose en nous qu’ils ne peuvent atteindre, qu’ils ne peuvent toucher, qui est à nous : L’ESPOIR. L’espoir est une bonne chose, peut-être ce qu’il y a de mieux. Et les bonnes choses sont éternelles." Andy Dufresne.

Seule l'indépendance "extrinsèque" doit être acquise. L'indépendance, la vraie, est innée. Elle fait partie de la personnalité et ne peut être volée. Il suffit juste de croire suffisamment en elle. Sans son indépendance d'esprit et une sacrée dose d'espoir, Andy n'aurait jamais retrouvé la liberté. Il serait mort en tôle, tout comme nous pourrions mourir enfermés dans notre coquille métro-boulot-conso-dodo. Mais si nous avons en nous suffisamment d'espoir, alors non seulement nous pouvons supporter plus facilement notre morne réalité, mais surtout nous pouvons même la sublimer pour qu'elle devienne meilleure.

 "Je suis si excité que j’ai du mal à rester assis ou à garder une idée en tête. Je crois qu’il n’y a qu’un homme libre qui puisse ressentir ça. Un homme libre qui se lance dans un grand voyage dont l’issue est incertaine. J’espère que j’arriverais à passer la frontière, j’espère que je verrais mon ami et pourrais lui serrer la main. J’espère que le Pacifique est aussi bleu que dans mes rêves... j’espère..." Red.

Un homme libre qui se lance dans un grand voyage dont l'issue est incertaine... Cet homme, c'est nous qui nous voulons nous affranchir du travail salarié, de la société de consommation et de l'Etat parasite. C'est nous à la recherche d'indépendance financière. C'est nous futurs rentiers qui espérons comme Red que le Pacifique est aussi bleu que dans nos rêves.

L'espoir

Avec sa grosse dose d'espoir, qui lui permet de franchir les pires expériences du quotidien, Andy Dufresne bâtit non seulement des projets à long terme, mais surtout il les mène à bien. Comme le dit Red, "Andy Dufresne a traversé une rivière de merde et il en est sorti lavé de tout". Il a rampé dans les égouts parmi les excréments des autres prisonniers sur des centaines de mètres pour être libre. Il a supporté en tant qu'innocent les horreurs du milieu carcéral durant une vingtaine d'année pour en ressortir plus fort encore.

 Le temps

En prison, le temps est l'ennemi. Andy en a fait son ami.

"Je me rappelle avoir dit qu'il faudrait 600 ans pour creuser un tunnel avec cet outil miniature. Ce sacré Andy l'a fait en moins de 20 ans. Andy aimait la géologie, j'imagine que ça convenait à son caractère méticuleux. Une ère glaciaire par ci, des millions d'années de montagnes par là. La géologie, c'est l'étude de la résistance et du temps. C'est tout ce qui lui a fallu. De la résistance et du temps... et une grande affiche. Comme je dis, en prison un homme ferait n'importe quoi pour occuper son esprit. Le passe-temps favori d'Andy a été de transporter son mur dans la cour de promenade, poignée par  poignée." Red.

Liberté

Alors que la plupart se lamenteraient d'avoir tant d'années de privation de liberté devant eux, Andy Dufresne en a profité pour se construire un projet et pour le mener à bien. Non seulement, cela lui a permis de garder espoir, mais surtout il a fini par faire de son rêve une réalité. Son caractère indépendant, méticuleux et persévérant lui a permis de devenir, grâce au temps, libre non seulement en pensée, mais également en acte.

Il en va de même pour toute facette externe de la liberté, telle que l'indépendance financière, professionnelle ou autre. Cela ne s'acquiert pas du jour au lendemain. Il faut une sacré dose de patience et d'endurance pour maintenir le cap et atteindre son objectif. Mais le jeu en vaut la chandelle.

La personnalité d'Andy

Espoir, endurance, résistance, vision à long terme, méticulosité... Andy Dufresne est un personnage brillant et hors du commun.

"On ne met pas tous les oiseaux en cage, leurs plumes brillent trop quand ils s’envolent et la part de vous-même qui sait que c’est un pêcher de les enfermer se réjouit." Red.

Andy s'entoure d'un petit cercle d'amis fidèles sur lesquels il peut compter dessus, plutôt de faire partie d'une grosse bande. Il possède une faculté d'abstraction remarquable, qui lui permet de relativiser les détails de la réalité immédiate, pour mieux envisager les images globales des choses et sur leurs possibilités futures. Il préfère se baser sur des critères objectifs et logiques plutôt que sur des considérations sociales et/ou passionnelles. Enfin, il est capable de prendre des décisions et de s'y tenir en suivant son plan.

INTJ 

Andy correspond au type psychologique INTJ (en anglais « introversion, intuition, thinking, judgment »), signifiant Introversion, iNtuition, Pensée, Jugement), qui est une abréviation utilisée dans le cadre du fameux Myers-Briggs Type Indicator (MBTI). Ce type de personnalité est présent chez seulement 1.5% de la population (0,8% chez les femmes). Il s'agit de personnes à la fois mystérieuses, curieuses, perfectionnistes, pragmatiques et vives d'esprit. Les INTJs sont les plus indépendants parmi les 16 types de personnalité du MBTI.

Pragmatisme

Chez les INTJs, toute nouvelle idée est bonne pour autant qu'elle ait une application concrète, qui fonctionne dans la réalité. Ils appliquent en permanence ce principe, ce qui fait qu'ils remettent facilement question tout ce qui ne marche pas ou qui n'a pas d'utilité à leurs yeux. Cette manière de penser engendre une rare indépendance d'esprit, libérant l'INTJ des contraintes de l'autorité, des conventions sociales, du sentimentalisme, des tendances, de la mode, du marketing, de la politique et de toutes les influences auxquelles sont soumises les êtres humains.

Indépendance d'esprit

Les INTJs peuvent prendre des décisions importantes sans consulter leurs pairs. Même s'ils sont d'excellents stratèges, ils cèdent néanmoins volontiers les places élevées de la hiérarchie à d'autres, de nature plus extravertie. Ils aiment rester dans l'ombre, tout en continuant à tirer les ficelles. S'ils cherchent des postes de direction, c'est moins par goût de gérer les hommes, que par besoin de puissance et surtout de liberté. Ils accordent une grande confiance à leur propre vision des probabilités, sans se soucier de ce que pensent les autres.

Indépendance d'esprit

Mener à bien des projets

Chez les INTJs l'imagination et l'esprit de décision parviennent à se combiner de manière remarquable. Ils peuvent à la fois concevoir un plan génial et l'exécuter. Rien n'est impossible à leurs yeux. Dès qu'ils commencent à travailler sur un nouveau concept, ils vont considérer comme une obligation morale de mener le projet de manière parfaite jusqu'à sa réussite. On décrit ainsi les INTJ comme des « bâtisseurs de systèmes ». Leur ténacité, leur fiabilité et leur ponctualité les distinguent ainsi des INTPs, avec lesquels ils partagent l'indépendance, la curiosité et la vivacité d'esprit.

Le personnage et son environnement

On dit parfois qu'on se sent comme un poisson dans l'eau. Non pas qu'Andy était fait pour la prison, bien au contraire, mais sa personnalité particulière était faite pour justement en sortir.

Nous avons vu que l'on pouvait tirer plusieurs traits de comparaison entre le milieu carcéral et le conditionnement qu'offre la vie de la société de consommation. Nous avons vu aussi qu'il'était nécessaire d'avoir une bonne grosse d'espoir pour croire en la réussite de son projet, ainsi que d'utiliser l'obstacle du temps comme une ressource.

"Dépêche toi de vivre ou dépêche toi de mourir". Andy Dufresne.

La personnalité de celui qui recherche la liberté, qu'elle soit financière ou autre, est essentielle. La liberté ne s'acquiert pas si on ne l'a pas déjà au fond de soi. L'indépendance financière commence par l'indépendance d'esprit. Les INTJs et leurs cousins INTPs possèdent tous les deux ces traits. Mais les INTJs affichent plus de détermination pour aller jusqu'au bout de leur projet, ce qui est nécessaire pour des travaux de si longue haleine.

Et vous, possédez-vous les mêmes traits de caractère qu'Andy Dufresne ?

Source : Wikipedia
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11 réflexions sur “Les Évadés : l’espoir, le temps et l’indépendance”

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    Très intéressant, j’ai immédiatement pense au film des années 80 Midnight Express., film sur l’espoir.
    Cela dit, tous les boulots heureusement ne nous positionnent dans cette situation carcérale, et il existe une possibilité d’évasion, certe relative par les temps qui courrent, mais qui existe bel et bien dans les pays demacratiques : la démission.
    L’autre possibilité d’évasion étant la retraite légale ou programmée pour qui aura réussi à devenir rentier avant l’heure. Dans tous les cas ou trouve l’espoir, l’investissement personnel et la persévérance comme éléments fondamentaux de tout échappatoire.
    Bonne année financière a tous.
    Patrick

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      Merci. Certes on peut démissionner, et c’est ce que j’ai déjà fait plusieurs fois. On peut améliorer ainsi sa condition, trouver un job qui permette plus d’autonomie, mais si l’on est indépendant de nature, même avec le meilleur des employeurs, on sera toujours en porte à faux avec ses valeurs et sa personnalité. On peut aussi exercer une profession indépendante, mais on ne fait qu’échanger son employeur avec des clients. C’est certes plus valorisant et ça offre plus de liberté, mais ce n’est pas encore l’indépendance avec un grand I. La seule voie qui la permette, c’est l’indépendance financière.

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    Tout a fait d’accord avec juste une remarque quand on est indépendant et a la condition d’avoir une multitude de petits clients, tous indépendants les uns des autres, le comportement de tous les jours change par rapport a un employeur : on est plus prêt a se mettre à plat ventre pour garder son job, car un client de perdu n’a pas de grosse incidence sur le revenu. Certe il faut faire attention à ne pas perdre par un comportement désinvolte sa clientèle, mais le rapport au travail change , a la condition d’avoir déjà de bons revenus. C’est d’ailleurs le cas pour de nombreux libéraux français écrases d’impôts et de charges qui commencent a travailler moins. J’observe dans ma clientèle une totale décontraction de libéraux medicaux qui n’hésitent pas a fermer leur cabinet le mercredi en plus du week end. C’est leur indépendance financière qui leur permet cela ( ils tournent en France a 6000 euros par mois ce qui est déjà très élevé et largement dans la fourchette du matraquage fiscal). Mon avis pour rester optimiste est q´avant d’être rentier il faut exercer une profession libérale médicale si possible de haut niveau qui si, sans aller jusqu’à mon ophtalmologiste genevois qui me prend 225 CHF pour une consultation de 15 minutes ( une honte), permet d’ être serein dans sa tête…

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      C’est clair qu’en France avec la ponction fiscale qui y existe, rien ne pousse à trop travailler… A quoi sert de transpirer pour payer les frasques des hauts fonctionnaires et des politiciens…

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    ludovic baratier

    Bonjour

    Ce film il est vrai est très intéressant. Jérôme met le doigt sur quelque chose qui fait très mal aux français. il faudrait un audit de l’utilisation de l’argent public. Payer des impôts, ok mais après il faut savoir gérer

    ludovic

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