Prendre ses bénéfices en dividendes : guide complet 2025

Dernière mise à jour : décembre 2025

Introduction : Le mythe de l'investisseur dividende prisonnier

Les stratégies orientées dividendes souffrent d'une réputation tenace : elles contraignent soi-disant les investisseurs au buy and hold éternel, les empêchant de prendre leurs bénéfices. Cette croyance repose sur une incompréhension fondamentale de ce qu'est réellement une prise de bénéfices.

Graphique illustrant la prise de bénéfices régulière via dividendes comparée aux plus-values ponctuelles

La réalité est exactement inverse : les investisseurs en dividendes sont les seuls à prendre leurs bénéfices de manière systématique, automatique et sans frais. Chaque trimestre, semestre ou année, une partie des bénéfices de l'entreprise arrive directement sur leur compte. Pendant ce temps, l'investisseur en plus-values attend que le marché reconnaisse la valeur de son action, espère vendre au bon moment, et paie des frais de courtage à chaque transaction.

Cet article démontre, chiffres à l'appui, pourquoi la stratégie dividende constitue la méthode la plus efficace de réalisation de bénéfices sur le long terme.

La prise de bénéfices automatique : comment ça fonctionne

Le mécanisme fondamental

Quand vous détenez une action à dividendes, vous recevez une distribution régulière qui représente votre part des bénéfices de l'entreprise. Cette distribution n'est pas une hypothèse, une projection ou un espoir : c'est un versement effectif sur votre compte bancaire ou de courtage.

Comparaison chiffrée sur 10 ans

CritèreStratégie dividendesStratégie plus-values
Fréquence prise de bénéfices4x/an (trimestriel)1-3x sur 10 ans
Frais de courtage0 CHF30 CHF par transaction
Automatisme100% automatiqueDécision manuelle requise
Bénéfices réalisés sur 10 ans40 versements reçus2-3 ventes réalisées
Timing market requisNonOui (critique)

Quand vendre une action à dividendes ? Les 3 scénarios optimaux

Scénario 1 : Réallocation pour augmenter le rendement

Vous avez acheté des actions de "Société Stable SA" il y a 10 ans à un rendement de 3.0%. Grâce à la croissance des dividendes, votre rendement sur coût d'achat atteint aujourd'hui 6.5%. Mais suite à une forte hausse du cours, le rendement actuel de l'action n'est plus que de 1.8%.

Calcul de réallocation : Avec une plus-value de +120% sur le capital, vous pouvez vendre et réinvestir dans une action offrant 3.5% de rendement. Résultat : vous doublez votre revenu annuel immédiatement tout en maintenant un rendement sur coût d'achat attractif.

Attention : Cette stratégie doit tenir compte du potentiel de croissance future. Une action qui a fortement progressé attire souvent l'attention pour de bonnes raisons. Analysez si la hausse reflète une spéculation temporaire ou une amélioration fondamentale durable.

Scénario 2 : Détérioration des fondamentaux

L'entreprise réduit ou suspend son dividende, signe d'une dégradation de sa santé financière. Dans ce cas, la vente n'est pas une prise de bénéfices mais une protection du capital. Les signaux d'alerte incluent : ratio de distribution supérieur à 80%, endettement croissant, baisse du chiffre d'affaires sur 2-3 trimestres consécutifs.

Scénario 3 : Rééquilibrage de portefeuille

Une position a tellement bien performé qu'elle représente désormais 10% de votre portefeuille au lieu des 5% initialement prévus. Vendre partiellement pour rééquilibrer constitue une prise de bénéfices disciplinée qui maintient votre exposition au risque sous contrôle.

Les vrais avantages de la prise de bénéfices par dividendes

1. Élimination du timing market

Vous n'avez jamais à décider du "bon moment" pour vendre. Les bénéfices arrivent automatiquement, que le marché soit haut, bas, en crise ou en euphorie. Cette régularité élimine le risque psychologique de vendre trop tôt ou trop tard.

2. Conservation du potentiel de croissance

Contrairement à la vente d'actions qui vous fait sortir définitivement d'une position, recevoir des dividendes vous permet de conserver le potentiel d'appréciation du capital. Vous profitez à la fois du revenu ET de la croissance.

3. Réinvestissement optimal

Les dividendes reçus peuvent être réinvestis selon les opportunités du moment, dans la même action ou ailleurs, créant un effet boule de neige puissant sur 10-20 ans.

4. Discipline forcée

L'entreprise décide pour vous de la distribution, vous évitant la tentation de "laisser courir" indéfiniment une position sans jamais réaliser de gains. C'est une prise de bénéfices automatique et disciplinée.

FAQ : Vos questions sur la prise de bénéfices en dividendes

Est-ce que je perds de l'argent le jour du détachement du dividende ?

Le cours baisse effectivement du montant du dividende le jour du détachement, mais vous recevez ce montant en cash. Votre patrimoine total (actions + cash) reste identique. Sur le long terme, les entreprises de qualité récupèrent rapidement cette baisse grâce à la création de valeur continue.

Les dividendes ne sont-ils pas une double imposition ?

En Suisse, l'impôt anticipé (35%) est entièrement récupérable pour les résidents via la déclaration fiscale. Vous ne payez donc l'impôt qu'une seule fois, au taux de votre tranche marginale. En France, l'abattement de 40% (si option pour le barème) compense partiellement cette double imposition économique.

Combien de fois par an devrais-je recevoir des dividendes ?

Avec un portefeuille diversifié de 15-20 actions internationales, vous pouvez facilement recevoir des dividendes chaque mois. Les entreprises américaines paient trimestriellement, les suisses annuellement, les britanniques semestriellement. Cette diversification géographique crée un flux de trésorerie régulier. Il existe même certaines actions US (comme "O") ou ETFs US (comme "TLT") qui paient des dividendes mensuellement.

Vaut-il mieux réinvestir automatiquement les dividendes ?

Cela dépend de votre situation. Le réinvestissement automatique (DRIP) maximise l'effet boule de neige mais réduit votre flexibilité. Personnellement, je préfère recevoir les dividendes en cash pour les réallouer manuellement selon les opportunités. C'est moins optimal mathématiquement mais plus stratégique.

Les actions à haut dividende sont-elles toujours des value traps ?

Assez souvent, mais pas toujours. Un rendement élevé (5-7%) peut signaler une sous-évaluation temporaire plutôt qu'un problème structurel. L'analyse doit porter sur la soutenabilité du dividende (ratio de distribution, free cash flow, historique de croissance) plutôt que sur le seul niveau de rendement. Les meilleures opportunités se trouvent souvent dans les rendements de 3-5% avec croissance régulière.

Au-delà des dividendes : l'évolution de ma stratégie

Depuis 2010, j'ai bâti ma stratégie d'investissement autour des dividendes croissants, et cette approche m'a permis d'atteindre l'indépendance financière. Les principes exposés dans cet article restent valables et constituent une excellente base pour tout investisseur long terme.

Cependant, mon approche a évolué entre 2017 et 2025 vers une stratégie de quantitative value investing. Pourquoi ce changement ? Parce que les données sur 25 ans montrent que les actions sous-évaluées selon des critères quantitatifs multiples surperforment systématiquement les portefeuilles axés uniquement sur le rendement des dividendes.

Cette évolution ne remet pas en cause les dividendes comme méthode de prise de bénéfices – au contraire, elle les intègre dans une analyse plus complète. Un titre sous-évalué ET versant un dividende soutenable combine le meilleur des deux mondes : protection à la baisse via le rendement, potentiel de revalorisation via la sous-évaluation.

Pour les investisseurs débutants ou ceux cherchant une stratégie simple et efficace, la pure approche dividendes décrite ici reste excellente.

Conclusion : La vraie définition de prendre ses bénéfices

Prendre ses bénéfices ne signifie pas vendre au sommet d'un cycle haussier. Cela signifie extraire régulièrement de la valeur de ses investissements de manière disciplinée, prévisible et fiscalement optimisée.

Les investisseurs en dividendes ne sont pas prisonniers du buy and hold – ils sont les seuls à prendre leurs bénéfices systématiquement, automatiquement, et sans frais. Chaque trimestre, chaque semestre, chaque année, une partie des bénéfices de leurs entreprises arrive sur leur compte.

L'investisseur en plus-values, lui, prend ses bénéfices de multiples fois sur sa vie d'investisseur, en payant des frais à chaque reprise, et en espérant avoir choisi le bon moment. La vraie question n'est donc pas "comment prendre ses bénéfices avec des dividendes ?" mais plutôt "pourquoi se priver de cette prise de bénéfices automatique ?"


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13 réflexions sur “Prendre ses bénéfices en dividendes : guide complet 2025”

  1. Bonjour Jérôme,
    Je suis complètement d’accord avec toi : une stratégie dividende ne se résume pas à choisir des valeurs de rendement et attendre bêtement le détachement de ce dernier.
    Si l’action fait un bond magistral, représentant quelques années de dividendes, il faut parfois savoir vendre pour encaisser une belle plus value.
    Peu d’articles précisent ce léger détail..
    Cordialement,

    1. Phil: si j’ai bien compris les arguments de Jérôme, il dit que justement l’investisseur/dividendes ne prend pas ses bénéfices au sens classique du terme, même en cas de fort bond d’une action, mais petit à petit à chaque détachement de coupon…

      Que veux-tu, c’est un puriste du dividende, défendant sa théorie jusqu’au bout (et il a bien raison, il faut assumer une stratégie jusqu’au bout pour être rentable) !

      1. @Thomas : j’avais compris différemment à cause de cette phrase
        « Dans le même temps, la société a fait l’objet d’une spéculation monstrueuse et son cours a été multiplié par quatre. Son rendement actuel n’est donc plus que de 1.5%. Vous pouvez très bien décider de vendre ce titre pour en racheter un autre versant un rendement de 3%. Ainsi, grâce à la plus-value réalisée sur le capital, vous doublerez vos revenus quasi instantanément.  »
        Action qui monte => % de rendement qui diminue => prise de pv pour acheter un meilleur rendement

      2. Je ne vous rejoins pas sur ce coup, car si la valorisation d’une société augmente nettement et rapidement, c’est souvent suite à l’annonce de bonnes nouvelles la concernant (souvent même, avant les annonces). Dans mon cas, cela me conforterait dans mon investissement, et en aucun cas ne m’encouragerait à revendre. Évidemment, quand on affiche une belle PV à deux chiffres sur une ligne, difficile de ne pas céder à la tentation… mais avec le temps, je pense que l’on s’y habitue 😉

      3. Bonjour Alain,

        Je ne dis pas le contraire 🙂
        C’est juste une occasion de vendre (si hausse spéculative), pas une obligation.

        Cordialement,

  2. Cette idée est très bien traduite dans l’introduction du livre de Jérôme, dont je me permets de citer une phrase : « A vrai dire je n’achète pas des actions, mais une rente. Et plus le prix est bas, plus je peux en avoir à partir d’un capital donné. »

  3. Bonjour,

    Le rendement d’une action peut être un trompe-oeil car il peut masquer des difficultés financières ou concurrentielles. Par exemple sur le CAC40, nous pouvons citer Vivendi, EDF, GDF, Bouygues ou France Télécom.

    Cordialement.

  4. Je ne partage pas tout à fait vos propos. Il faudrait préciser quelle performance on recherche. Cherche t-on de la performance globale ou maximiser ses revenus? la performance se compose de la progression du capital additionné des revenus. Donc si on recherche une performance globale, je ne vois pas l’intérêt de revendre une valeur si sa politique de dividende se confirme.

    1. c’est bien mon point de vue aussi, il faut lire l’article jusqu’au bout 😉
      je suis le premier à dire qu’il ne faut pas se focaliser sur le prix mais bien le total return

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