Dernière mise à jour : décembre 2025
Achat : 1er novembre 2013
Vente : 1er août 2017
Performance totale : +105.76%
CAGR : 21.23% (vs 13.39% pour le S&P 500)
Durée de détention : 3 ans et 9 mois
En novembre 2013, j'achetais des actions American States Water (NYSE:AWR) après l'analyse que vous allez lire. Moins de quatre ans plus tard, en août 2017, je vendais cette position avec un gain de 105.76% dividendes réinvestis inclus. Cette performance représente un rendement annualisé de 21.23%, largement supérieur aux 13.39% du S&P 500 sur la même période.

Cet article retrace l'analyse originale de 2013, explique pourquoi elle a fonctionné, et surtout pourquoi j'ai vendu malgré cette excellente performance. C'est un exemple concret de discipline d'investissement appliquée à l'indépendance financière.
L'analyse initiale de novembre 2013
American States Water avait considérablement évolué depuis 1929 lorsque les premiers systèmes d'eau furent acquis par la société. En 2013, AWR était un fournisseur de services répondant aux besoins de plus d'un million de personnes à travers la Californie et l'Arizona. La société fournissait de l'eau à 1 Californien sur 36, dans 75 collectivités à travers 10 comtés. Elle distribuait également de l'électricité à environ 23'250 clients par l'intermédiaire de Bear Valley Electric Services.
À travers sa filiale American States Utility Services Inc., la société fournissait des services aux municipalités, au gouvernement américain et à des entités privées, incluant la facturation, la lecture des compteurs, la commercialisation et l'exploitation de l'eau, ainsi que la maintenance des systèmes d'eau et des eaux usées sur diverses installations militaires à travers les États-Unis.
La thèse dividendes croissants
Les dividendes croissants sont magiques. Et surtout, ils battent le marché. L'étude de Ned Davis démontrait qu'ils avaient affiché une performance totale annuelle de 9.5% sur les 30 années précédentes, dépassant significativement les autres catégories d'actions.
American States Water incarnait parfaitement cette stratégie. L'analyse montrait que 68% de sa performance provenait du réinvestissement des dividendes sur les 25 années précédentes. Le titre surperformait le S&P 500, ce qui était remarquable pour une action considérée comme défensive.
Les critères qui m'ont convaincu
Le rendement courant s'établissait à 2.9%, tout à fait correct pour l'époque. Le rendement moyen à long terme était légèrement plus élevé à 3.19%. La progression annuelle moyenne des dividendes atteignait 10.37%, en nette amélioration par rapport aux années précédentes.
L'aspect le plus remarquable d'AWR était sans conteste son historique de dividendes croissants. Avec 59 années consécutives d'augmentation du dividende à l'époque, la société possédait l'un des records de longévité les plus impressionnants du marché. Le ratio de distribution s'établissait à 48.42%, laissant suffisamment de marge à la société pour continuer à faire progresser son dividende même en cas de passage difficile.
Le beta de 0.44 indiquait que le titre était peu sensible aux variations du marché. Avec un risque de change pratiquement nul, AWR avait tendance à ne pas être impacté par les variations du dollar. Une baisse ou une augmentation du billet vert n'avait que peu d'effet sur la valeur du titre en francs suisses, ce qui était particulièrement appréciable.
Au final, AWR décrochait 4 étoiles selon ma méthodologie de l'époque, soit un très bon rapport rentabilité sur risque. Le rendement était attractif compte tenu du niveau du marché, le dividende croissait de manière soutenue avec un historique exceptionnel, la distribution actuelle ne mettait pas en cause les rétributions futures, et le titre s'affranchissait du risque de change.
Pourquoi cette analyse a fonctionné
Avec le recul, plusieurs facteurs expliquent le succès de cet investissement. La valorisation à l'achat était raisonnable pour une utility de cette qualité. Le business model était solide et prévisible, caractéristique des distributeurs d'eau en situation de quasi-monopole régulé. Le secteur des utilities bénéficiait d'un environnement favorable avec des taux d'intérêt historiquement bas qui valorisaient les actifs générateurs de revenus stables.
La qualité intrinsèque de l'entreprise s'est confirmée pendant la période de détention. La croissance régulière du dividende s'est poursuivie, soutenue par une amélioration des résultats opérationnels. Le marché a progressivement reconnu cette qualité, ce qui s'est traduit par une expansion du multiple de valorisation.
Le timing macro était également favorable. Entre 2013 et 2017, les marchés actions étaient en phase haussière, particulièrement bénéfique pour les titres défensifs de qualité qui attiraient les investisseurs recherchant stabilité et croissance prévisible.
Pourquoi j'ai vendu en août 2017
Malgré l'excellente performance, j'ai vendu ma position complète en août 2017. La raison principale était simple : la valorisation était devenue excessive. Le ratio cours sur bénéfice avait grimpé à des niveaux ne reflétant plus la réalité économique de l'entreprise. Le titre s'échangeait à une prime significative par rapport à sa moyenne historique et à ses pairs du secteur.
J'ai détaillé les raisons complètes de cette vente dans mon analyse d'août 2018 d'American States Water, où j'explique en profondeur les métriques de valorisation qui m'ont conduit à cette décision.
Cette vente illustre un principe fondamental de ma stratégie d'investissement : avoir une discipline de sortie aussi rigoureuse que celle d'entrée. Vendre un titre qui a bien performé n'est jamais facile psychologiquement, mais c'est nécessaire lorsque la valorisation devient déconnectée des fondamentaux. L'objectif n'est pas de posséder éternellement un titre, mais de maximiser le rendement ajusté au risque sur le long terme.
Situation actuelle d'AWR en 2025
Aujourd'hui, American States Water continue ses opérations avec une capitalisation boursière de 2'856 millions de dollars et 846 employés. Le cours actuel s'établit à 73.77 dollars, en retrait de 13.61% sur les 52 dernières semaines. Cette correction suggère que le marché a finalement ajusté la valorisation excessive qui prévalait il y a quelques années.
Les fondamentaux opérationnels restent solides. Le chiffre d'affaires atteint 636.9 millions avec une croissance de 10.28%. La marge nette de 20.35% demeure excellente, bien supérieure à la moyenne du secteur de 13.42%. Le retour sur capitaux propres s'établit à 13.73%, également au-dessus de la moyenne sectorielle de 7.55%.
Le dividende annuel indiqué de 2.02 dollars offre un rendement de 2.73%. Le ratio de distribution de 56.10% reste sain, et la croissance du dividende sur 5 ans atteint 9.08%, confirmant la capacité de l'entreprise à maintenir sa politique de dividendes croissants. La société affiche désormais 71 années consécutives d'augmentation de dividende, le record absolu du marché, devant Dover Corporation qui en compte 69.
La solidité financière demeure un point fort avec un ratio dette sur capitaux propres de 0.91, inférieur à la moyenne sectorielle de 1.20. La couverture des intérêts de 4.18 fois offre un coussin de sécurité confortable.
Cependant, les multiples de valorisation restent élevés avec un P/E de 21.86, un P/B de 2.83 et un P/S de 4.48, tous supérieurs aux moyennes sectorielles. Le Piotroski F-Score de 6 sur 9 indique une qualité financière correcte sans être exceptionnelle. L'Altman Z-Score de 1.87 suggère une zone d'alerte potentielle sur la solidité financière, bien que ce ratio soit moins pertinent pour les utilities régulées.
Leçons pour investisseurs FIRE
Cette expérience avec American States Water offre plusieurs enseignements précieux pour qui cherche l'indépendance financière. Le premier est que l'analyse fondamentale peut déjà fonctionner sur des horizons de trois à quatre ans, même si dans ce cas précis j'ai eu un peu de chance et le marché de mon côté. Une analyse rigoureuse basée sur des critères objectifs permet d'identifier des opportunités qui surperforment le marché de manière significative.
Le deuxième enseignement concerne l'importance d'avoir une stratégie de sortie claire. Trop d'investisseurs se concentrent uniquement sur le moment d'achat, négligeant le fait que la vente est tout aussi cruciale pour cristalliser les gains. Définir à l'avance les critères de valorisation qui déclencheront une vente permet d'éviter les décisions émotionnelles.
Le troisième point est que la discipline bat systématiquement la cupidité. Vendre après avoir doublé sa mise en moins de quatre ans peut sembler prématuré si le titre continue de monter par la suite, mais c'est cette discipline qui permet d'enchaîner les bonnes performances sur le long terme en réallouant le capital vers de nouvelles opportunités mieux valorisées.
Enfin, cette expérience illustre l'évolution de ma méthodologie d'investissement. Si l'approche dividendes croissants a fonctionné pour AWR, j'ai depuis affiné mon processus vers une stratégie quantitative value plus systématique. Cette évolution ne remet pas en cause les succès passés, mais reconnaît qu'il existe des approches potentiellement plus efficaces pour identifier les opportunités de surperformance.
Questions fréquentes
AWR est-il toujours un bon achat aujourd'hui en 2025 ?
La valorisation actuelle d'AWR reste élevée par rapport aux moyennes sectorielles, malgré la correction des 12 derniers mois. Avec un P/E de 21.86 et un P/B de 2.83 supérieurs à la moyenne du secteur, le titre n'offre pas de marge de sécurité significative. La performance négative sur 52 semaines de 13.61% suggère que le marché est en train d'ajuster les valorisations excessives. Pour un investisseur value, d'autres opportunités dans le secteur des utilities offrent probablement un meilleur rapport rendement sur risque.
Quelle est la différence entre votre approche de 2013 et celle d'aujourd'hui ?
En 2013, je privilégiais une approche qualitative centrée sur les dividendes croissants, avec une analyse fondamentale classique. Aujourd'hui, j'utilise une méthodologie quantitative value plus systématique, qui combine plusieurs facteurs de valorisation et de qualité pour identifier les opportunités de manière plus objective et reproductible. Cette évolution reflète 25 années d'expérience d'investissement et une recherche constante d'amélioration du processus.
Combien de temps faut-il conserver un titre ?
Il n'existe pas de durée idéale universelle. Dans le cas d'AWR, moins de quatre ans ont suffi pour obtenir un excellent rendement. L'horizon de détention doit être déterminé par la valorisation et les fondamentaux, pas par un calendrier arbitraire. L'objectif est de vendre lorsque le titre atteint une valorisation excessive, ou lorsque les fondamentaux se détériorent, quelle que soit la durée écoulée depuis l'achat.
Avez-vous regretté de vendre AWR ?
Non, car la décision était basée sur une analyse rationnelle de la valorisation. Peu importe ce que le titre a fait après ma vente, l'important est que la décision était correcte au moment où elle a été prise. Regretter une vente parce qu'un titre continue de monter, c'est laisser l'émotion prendre le pas sur la discipline. Le capital récupéré a pu être réalloué vers d'autres opportunités, ce qui est l'essence même d'une gestion active de portefeuille.
En savoir plus sur dividendes
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American States Water Co.’s (AWR) share price has entered into oversold territory with an RSI value of 29.2. The Zacks Consensus Estimate on American States Water Co.’s earnings for the full year period has gain of 0.00 cents over the past two months to $1.43 per share. Currently, American States Water Co. is a Zacks #2 Rank (“Buy”), suggesting that now might be a good time to get in on (AWR) after its recent drop.
Content de partager une ligne de plus avec ton portfolio. C’est effectivement une valeur appréciée (dans tous les sens du terme) et qui me paraît très sûre malgré une volatilité un poil en-deçà de ce qu’il faudrait pour être un titre parfait.
Pour info, AWR a split (2 pour 1) le 15 août de cette année, ce que ton graphique tient évidemment en compte. Ça ne change bien sûr rien aux fondamentaux, mais attention à avoir ça en tête pour ceux qui voudraient analyser le titre de plus près.
Oui tu as raison cette volatilité est un peu dérangeante pour ce genre de titres, mais historiquement AWR est nettement moins volatil. Lors de ma dernière analyse il y a deux ans la volatilité est même carrément à la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui. Et comme tu l’as mentionné, ceci n’a rien à voir avec le split puisque les cours ont été ajustés en fonction.
Bonjour : Le consensus des 16 analystes de ce titre AWK sur http://www.zonebourse.com donne le résultat suivant :
10- Acheter 5-Accumuler 1- Conserver
J ai des ordres d achat en cours à 42 US – Wait and see….
AWK ou AWR ?
AWR / AWK Ce n est pas très malin de ma part de les avoir confondus
Avant de me décider pour l achat d un titre , je me base finalement sur le screener très détaillé de Postfinance – Pour AWR et AWK, le résumé de la différence de leur analyse fondamentale et technique, est négligeable .La méthode d analyse privilégiée est celle de Peter Lynch –
La différence réside avant tout dans l’historique de dividendes croissants
Bonsoir Jérôme,
Je suis quelque peu étonné de votre choix. L’entreprise n’a que 8 M USD en caisse (données du dernier trimestre). Donc, s’il y un trimestre de « passage à vide » au niveau du cash flow, le dividende sera purement et simplement annulé.
A moins que vous soyez un amateur de la dilution. En effet, l’entreprise a la fâcheuse habitude d’augmenter ses titres en circulation : d’une main je donne, de l’autre je prends. Résultat des courses : une création de valeur plutôt réduite pour l’actionnaire.
Qu’en pensez-vous Jérôme ?
PS : 1/36, ça fait moins de 3% de la population il me semble. C’est peu ou beaucoup ? Je n’arrive pas à en tirer quelque chose de positif de ce chiffre…
Bonne route.
Bonjour Fi Pro, je me fie à ce que je vois, un dividende qui progresse depuis 59 années et un payout ratio tout à fait correct. Même en cas de passage à vide, je serais très étonné qu’on passe d’un dividende croissant à une coupure pure et simple du dividende. Si le payout devait augmenter de façon importante et/ou le dividende stagner, alors je vendrais, bien entendu. Jusqu’ici c’est arrivé une seule fois, avec CenturyLink, bien avant la baisse du dividende (et du cours).
http://www.dividendes.ch/2013/07/centurylink-nysectl-un-cas-decole/
Concernant la dissolution, là aussi, je me fie à ce que je vois, une performance en total return qui n’a pas de quoi faire rougir.
1/36, rien de positif ou négatif en soi, c’est juste la présentation de l’entreprise, qui fournit ses services à un million de personnes.