Dernière mise à jour : novembre 2025
Lorsque vous consultez le rendement d'une action à dividende, vous voyez un chiffre qui change quotidiennement au gré des fluctuations du cours. Mais ce rendement actuel ne reflète pas la réalité économique de votre investissement. Pour mesurer la vraie performance de vos placements dividende, il faut s'intéresser au rendement sur coût d'achat (Yield on Cost ou YOC en anglais).

Qu'est-ce que le rendement sur coût d'achat ?
Le rendement sur coût d'achat représente le rapport entre les dividendes annuels que vous recevez aujourd'hui et le prix que vous avez payé pour acquérir l'action. Contrairement au rendement actuel qui varie avec le cours de bourse, le YOC reste stable tant que le dividende ne change pas.
La formule est simple : YOC = (Dividende annuel actuel / Prix d'achat de l'action) × 100
Cette métrique révèle la véritable rentabilité de votre investissement initial, indépendamment des fluctuations du marché. Et lorsque l'entreprise augmente régulièrement ses distributions, votre YOC grimpe mécaniquement, même si le rendement affiché par le marché reste modeste.
Un exemple concret : Johnson & Johnson
Prenons un exemple actualisé avec Johnson & Johnson (JNJ), aristocrate du dividende qui augmente ses versements depuis plus de 60 ans consécutifs.
En janvier 2014, JNJ s'échangeait à 92.00 $ et versait un dividende annuel de 2.76 $, soit un rendement de 3.0%. Imaginons que vous ayez acheté 100 actions à cette époque pour un investissement total de 9'200 $.
Onze ans plus tard, en 2025, JNJ verse un dividende annuel de 5.20 $ par action. Votre coût d'achat initial reste inchangé à 92.00 $ par action. Par conséquent, votre rendement sur coût d'achat atteint désormais 5.20 $ / 92.00 $ = 5.65% !
Autrement dit, alors que JNJ affiche aujourd'hui un rendement de marché autour de 2.5%, vos actions achetées en 2014 vous rapportent effectivement 5.65% par an, soit plus que le double. Et ce chiffre continuera d'augmenter à chaque hausse de dividende.
Les avantages du YOC sur le long terme
| Avantage | Explication |
|---|---|
| Stabilité | Votre YOC ne dépend pas des humeurs du marché, uniquement de la politique de dividende de l'entreprise |
| Croissance | Avec des entreprises qui augmentent leurs dividendes, votre rendement réel s'améliore chaque année |
| Visibilité | Vous mesurez précisément ce que votre capital initial génère comme revenu passif |
| Motivation | Voir votre YOC progresser année après année renforce votre discipline d'investisseur long terme |
Privilégier la qualité au rendement immédiat
Les bonnes entreprises pour une stratégie YOC ont tendance à présenter des ratios de distribution modérés. L'argent distribué sous forme de dividendes ne représente qu'un petit pourcentage de leurs bénéfices, ce qui leur laisse de la marge pour augmenter les versements et investir dans leur croissance.
Il faudra certes quelques années pour que votre rendement sur coût d'achat devienne compétitif avec les actions à haut rendement immédiat. Mais la stabilité des dividendes et leur potentiel d'appréciation compensent largement ce démarrage plus lent.
Les bonnes questions avant d'investir
La prochaine fois que vous êtes tenté par une action à haut rendement, posez-vous ces questions essentielles :
- L'entreprise peut-elle se permettre de maintenir durablement ce dividende ?
- A-t-elle déjà abaissé ou supprimé ses dividendes par le passé ?
- Les dividendes sont-ils restés stagnants durant de longues périodes ?
- Le ratio de distribution est-il soutenable sans compromettre les investissements futurs ?
- Existe-t-il un risque de baisse ou de suppression du dividende à court terme ?
Un rendement initial modeste (2.5-3.5%) accompagné d'un historique de croissance régulière vaut souvent mieux qu'un rendement élevé (6-8%) mais stagnant ou fragile.
L'impact du change pour les investisseurs suisses
Le YOC reste stable tant que le dividende ne change pas dans sa devise d'origine. Mais pour un investisseur suisse détenant des actions américaines, les fluctuations USD/CHF peuvent affecter la valeur des dividendes reçus en francs suisses.
C'est pourquoi il est stratégique de sélectionner des sociétés qui réagissent favorablement à une baisse du dollar. Les entreprises américaines fortement exportatrices, par exemple, bénéficient d'un dollar faible : cela stimule leurs ventes internationales, leurs marges, donc leurs bénéfices et leurs dividendes. Une augmentation du dividende en USD peut ainsi compenser partiellement ou totalement l'effet négatif d'un affaiblissement du billet vert face au franc.
Projection réaliste du YOC
Pour illustrer le potentiel d'un portefeuille axé sur la croissance des dividendes, voici une projection basée sur un taux de croissance annuel moyen de 7% des distributions (hypothèse conservative pour des aristocrates du dividende) :
| Années | YOC attendu | Commentaire |
|---|---|---|
| Année 1 | 3.0% | Rendement initial |
| Année 5 | 4.2% | Le YOC commence à surpasser les placements fixes |
| Année 10 | 5.9% | Rendement attractif sur capital initial |
| Année 15 | 8.3% | Impact significatif sur le revenu passif |
| Année 20 | 11.6% | Objectif indépendance financière atteignable |
Ces chiffres illustrent pourquoi l'investissement dividende est une stratégie de long terme. Un portefeuille constitué aujourd'hui avec un YOC de 3% peut générer un revenu représentant 8-12% de votre capital initial après 15-20 ans, sans que vous n'ayez besoin de toucher au capital.
Questions fréquentes sur le YOC
Le YOC peut-il diminuer ?
Oui, si l'entreprise réduit ou supprime son dividende. C'est pourquoi la sélection rigoureuse des titres est primordiale. Privilégiez les entreprises qui affichent un historique d'au moins 10-25 ans d'augmentations consécutives. Surveillez également le ratio de distribution, qui devrait être inférieur aux 2/3 des bénéfices.
Faut-il vendre quand le YOC devient très élevé ?
Pas nécessairement. Un YOC élevé (10-15% ou plus) est le fruit de la patience et de la qualité de votre sélection initiale. Tant que les fondamentaux de l'entreprise restent solides, conservez vos positions et profitez du revenu croissant.
Comment calculer le YOC d'un portefeuille ?
Divisez le total des dividendes annuels reçus (sur les 12 derniers mois) par la valeur d'achat totale de votre portefeuille. Si vous réinvestissez vos dividendes, incluez ces nouveaux achats dans le calcul du capital investi.
Le YOC est-il pertinent pour des actions sans dividende ?
Non, le YOC s'applique uniquement aux actions distribuant régulièrement des dividendes. Pour les actions de croissance sans dividende, concentrez-vous sur d'autres métriques comme le rendement total ou le taux de croissance annuel composé.
Conclusion : pensez en rentier, pas en trader
Le rendement sur coût d'achat transforme votre vision de l'investissement dividende. Plutôt que de chasser les rendements élevés mais fragiles, vous construisez méthodiquement un portefeuille qui génère un revenu passif croissant année après année.
Cette approche demande de la patience et une sélection rigoureuse, mais elle offre une visibilité exceptionnelle sur votre progression vers l'indépendance financière. Un YOC qui double tous les 10 ans grâce aux augmentations de dividendes, c'est la magie des intérêts composés appliquée au revenu passif.
Sources :
http://myfijourney.com/2013/03/01/the-difference-between-yield-and-yield-on-cost/
http://wealthartisan.com/yield-on-cost/
En savoir plus sur dividendes
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Bonjour Jerome ,
je profite de ton dernier article pour revenir un peu sur les principes du timing d achat sur les titres a dividendes croissants , ce n est pas tous les jours que l on peut « profiter » d une crise hypothecaire telle que celle de 2008 pour se positionner sur les growers dividends ,,,
Donc , je vais prendre pour exemple un titre sur lequel le leader du site devenir rentier vient de se positionner récemment ( il publie en outre une etude fouillée ) : DLR ( digital realty trust ) si je regarde les div sur 10 ans ils sont croissants http://www.dividendladder.com/tools/dividend-history/
et si je regarde le graphe , correction significative d environ 37 % depuis debut 2013 , le beta est faible , le payout ratio par contre superieur à 100% mais c est apparemment du à une specificité réglementaire des REIT
Quels sont de ton point de vue les arguments d une prise de position ??
Je ne connais pas ce titre mais je peux comprendre l’intérêt qui s’y rapporte. Bénéfices et dividendes en hausse régulièrement, alors que le prix suit une tendance inverse. Cela semble presque trop beau… ? Où est-ce que ça merde ?
Le payout de 143% c’est effectivement dû aux spécificités comptables du secteur immobilier. Je dirais qu’a priori il n’y a que le fait qu’ils opèrent dans le secteur immobilier technologique qui me dérange, car il est potentiellement fortement exposé aux variations conjoncturelles. Mais ce n’est pas ce qui explique la baisse du cours … et il y a toujours de très bonnes raisons qu’un prix chute de cette manière.
Ce sont des détails qui encadrent le futur de tout investisseur. Donc, il vaut mieux être conscient lors du choix du chemin à suivre pour ne pas se retrouver avec une perte irrémédiable.
C ‘ est une charade ou un rébus ??? 😉
@guyem
Mon commentaire n’est pas clair???
Pas trop pour moi en effet , ce sont les mots détails ( lesquels ?? ) et chemin qui me semblent etre à préciser ,,,
D’ avance merci
Je m’intéresse particulièrement à cet article parce-que je voudrais me créer mon propre rendement pour pouvoir réaliser mon rêve : devenir viticulteur ! Mais à ce que je vois c’est loin d’être gagné pour moi, avec toutes les conditions à respecter : les dividendes, la ratio de distribution…
Je veux dire par détails le rendement calculé par rapport au prix d’une action ainsi que celui calculé par rapport au coût d’achat. Le chemin est celui qu’un investisseur choisit pour définir son propre rendement.
Je profite de cette occasion pour vous souhaiter une bonne année 2014.
OK , je comprend mieux ainsi , à ce sujet je n ai repéré que stock rover qui permette de comparer assez rapidement la cotation en bourse et la valeur d entreprise ,,,,, si certains ont de meilleurs moyens ,,,,
Meilleurs Voeux à tous en attendant ,,,, 😉
La valeur d’entreprise n’indique rien. Ce qui compte c’est le momentum et l’action des prix. Une moyenne mobile vous en dira plus. Et c’est beaucoup plus simple. Même s’il faut un peu d’expérience, bien sûr.
Bonjour Jérôme,
merci pour ces informations utiles,
J’ai une petite question par rapport à ton modèle de projection. Ton rendement YOC augmente d’année en année jusqu’à atteindre 20% dans 20 ans. Est-ce que tu comptes obtenir cela à partir seulement des investissements que tu as déjà fait, ou bien en incluant des futurs investissements ? Si c’est une projection qui inclus tes futurs investissements, alors comment peux-tu augmenter ton rendement puisque chaque fois que tu réinvestis ton YOC diminue ?
Lionel
Salut Lionel. Dans l’exemple ici c’est uniquement sur la base du portefeuille actuel, sans achats futurs. Bien évidemment, les acquisitions ultérieures font baisser le YOC, mais dans le même temps ils augmentent la rente en valeur absolue. Grâce à l’épargne mais aussi au réinvestissement des dividendes perçus, on peut ainsi accélérer de manière très significative sa progression vers l’indépendance financière. Il faut aussi relever que l’impact négatif de chaque achat sur le YOC diminue au fur et à mesure que le portefeuille grandit et que dans certaines circonstances il peut même être positif (achat d’une valeur dont le rendement est supérieur au YOC du portefeuille).
Tout à fait, beaucoup recommandent d’acheter des valeurs à fort « dividende ». Mais il vaut mieux acheter des valeurs de croissance qui versent de faibles dividendes, qui, en valeur absolue, augmentent.