Dernière mise à jour : novembre 2025
Mai 2020. Le chômage américain explose à 14,7%, du jamais vu depuis la Grande Dépression. L'économie mondiale est à l'arrêt, des millions d'entreprises ferment leurs portes. Pendant ce temps, le S&P 500 grimpe de 37% en trois mois et repasse au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours. Wall Street célèbre, Main Street souffre. Ce paradoxe vous choque ? Vous n'êtes pas seul. À chaque crise majeure, le même scénario se répète et provoque l'incompréhension du grand public. Pourtant, cette déconnexion entre les marchés financiers et l'économie réelle n'a rien d'anormal. Elle obéit à des mécanismes précis que tout investisseur doit comprendre pour ne pas commettre d'erreurs coûteuses. Voici pourquoi les marchés montent parfois quand l'économie va mal, et comment réagir face à ce phénomène.
Le phénomène de déconnexion : exemples historiques
Cette dichotomie entre Wall Street et Main Street n'est pas nouvelle. Elle se manifeste systématiquement lors des grandes crises économiques, créant à chaque fois la même perplexité chez les observateurs. Regardons les trois dernières occurrences majeures :
| Période | Contexte économique | Performance S&P 500 | Chômage US | Décalage |
|---|---|---|---|---|
| 2009-2010 | Crise financière, récession | +68% en 12 mois (mars 09-mars 10) | 10% (pic octobre 2009) | Marché rebondit 6 mois avant le pic de chômage |
| 2020 | Pandémie COVID, arrêt économique | +37% en 3 mois (mars-mai 2020) | 14,7% (avril 2020) | Reprise boursière immédiate malgré effondrement emploi |
| 2022-2023 | Inflation, hausse taux FED | +24% en 6 mois (oct 22-mars 23) | Ralentissement croissance | Marché anticipe fin resserrement monétaire |
Le pattern est toujours identique : les marchés rebondissent violemment alors que l'économie réelle continue à se détériorer. Cette anticipation peut sembler irrationnelle, voire insultante pour ceux qui perdent leur emploi ou leur entreprise. Pourtant, elle repose sur des logiques économiques et financières bien précises.
Les trois moteurs de la déconnexion
Pourquoi les marchés peuvent-ils s'envoler pendant que l'économie s'effondre ? Trois mécanismes principaux expliquent ce phénomène contre-intuitif.
Le rôle déterminant des banques centrales
Le premier et principal moteur de la déconnexion moderne, ce sont les interventions massives des banques centrales. Depuis la crise de 2008, la Réserve Fédérale américaine et ses homologues mondiales ont développé un arsenal d'outils monétaires qui inondent les marchés de liquidités lors des crises.
Concrètement, cela signifie : taux d'intérêt réduits à zéro ou proche de zéro, rachats d'actifs pour des milliers de milliards (quantitative easing), prêts illimités aux banques, programmes d'achat d'obligations d'entreprises. En mars 2020, la FED a injecté plus de liquidités en trois mois qu'en trois ans lors de la crise de 2008. Le bilan de la FED est passé de 4'000 milliards à 7'000 milliards de dollars en quelques semaines.
Résultat ? Cet océan de liquidités doit bien aller quelque part. Les obligations rapportent zéro ou presque, l'immobilier est déjà cher, les comptes d'épargne sont rémunérés à des taux dérisoires. Par élimination, l'argent afflue vers les actions, créant une pression haussière déconnectée des fondamentaux économiques immédiats.
Les marchés regardent vers l'avenir, pas vers le présent
Le deuxième mécanisme fondamental : les marchés sont par nature forward-looking. Ils ne valorisent pas la situation économique actuelle, mais les bénéfices anticipés des entreprises sur les 12 à 24 prochains mois. C'est pour cette raison que le marché commence à remonter bien avant la fin de la récession.
En mars 2009, alors que l'économie américaine était encore en pleine récession et que le chômage continuait à grimper, le marché a commencé son rebond spectaculaire. Pourquoi ? Parce que les investisseurs anticipaient déjà la reprise de 2010-2011. Ils avaient raison : ceux qui ont attendu la confirmation de la reprise économique pour acheter ont raté 30% de hausse.
Cette nature anticipative des marchés crée une déconnexion temporelle : pendant que les médias relatent les mauvaises nouvelles économiques d'aujourd'hui, les marchés valorisent déjà les bonnes nouvelles de demain. Cette asynchronie explique pourquoi il faut "acheter quand il y a du sang dans les rues", comme le disait Baron Rothschild.
Le syndrome TINA : There Is No Alternative
Le troisième mécanisme, c'est l'absence d'alternative crédible aux actions en période de taux bas. Ce phénomène, baptisé TINA (There Is No Alternative), pousse mécaniquement les investisseurs vers les marchés actions même quand les valorisations deviennent extrêmes.
Prenons un exemple concret. En 2020, un investisseur institutionnel gérant un fonds de pension doit générer 5% de rendement annuel pour honorer ses engagements. Ses options : obligations d'État à 0,5%, obligations d'entreprises investment grade à 2%, immobilier déjà valorisé à 3-4%, ou actions historiques à 6-8% (malgré les risques). Le choix est vite fait. Même si le marché semble cher, même si l'économie va mal, il n'existe pas d'alternative viable pour atteindre ses objectifs de rendement.
Ce mécanisme crée une boucle autoréalisatrice : plus les banques centrales maintiennent les taux bas pour soutenir l'économie, plus elles forcent les investisseurs à se tourner vers les actions, alimentant ainsi la déconnexion entre marchés et économie réelle.
Le cas COVID 2020 : anatomie d'une déconnexion extrême
Mars 2020 restera comme l'exemple le plus spectaculaire de déconnexion marchés-économie de l'histoire récente. La chronologie des événements permet de comprendre les mécanismes en action.
23 mars 2020 : Le S&P 500 touche son point bas à -35% depuis le début d'année. L'économie mondiale est littéralement à l'arrêt. Les prévisions sont catastrophiques : récession mondiale, faillites en cascade, chômage de masse durable. La panique est totale sur les marchés.
23 mars 2020 (même jour) : La FED annonce des mesures historiques : rachats illimités d'actifs, prêts massifs, soutien direct aux entreprises. En quelques heures, le discours change. Le marché commence à remonter dès le lendemain.
Mai 2020 : Le S&P 500 a récupéré 37% depuis son creux. Il repasse au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours, signal technique haussier majeur. Pendant ce temps, le taux de chômage américain atteint 14,7%, du jamais vu depuis 1930. Plus de 20 millions d'Américains ont perdu leur emploi en deux mois.

Les indicateurs de valorisation atteignent des niveaux stratosphériques. Le Shiller PE Ratio s'établit à 28, près du double de la moyenne historique de 16. Le ratio Market Cap sur PIB culmine à 141%, dans la catégorie "extrêmement surévalué" selon les standards de Warren Buffett. À part quelques mois fin 2019 et début 2020, le marché n'avait jamais été aussi cher par rapport à l'économie réelle.

Comment expliquer ce paradoxe absolu ? Les trois mécanismes décrits plus haut ont fonctionné simultanément à plein régime. Les banques centrales ont injecté des liquidités sans précédent. Les marchés ont anticipé la reprise économique de 2021. Et surtout, avec des taux à zéro et des obligations ne rapportant rien, il n'existait littéralement aucune alternative aux actions.
Rétrospectivement, les marchés avaient raison. L'économie a rebondi bien plus vite que prévu grâce aux plans de relance massifs et à l'adaptation rapide des entreprises.
Peut-on investir pendant une déconnexion ?
La question qui brûle les lèvres : doit-on acheter quand les marchés remontent alors que l'économie s'effondre encore ? La réponse n'est pas binaire et dépend de plusieurs facteurs.
Les risques d'acheter dans un marché déconnecté
Le premier risque, c'est que la déconnexion ne soit que temporaire et que le marché finisse par revenir à la réalité économique. En 2001-2002, après le crash initial de la bulle internet, le marché a connu plusieurs rebonds de 20-30% qui ont piégé les investisseurs. À chaque fois, l'espoir renaissait, les médias parlaient de reprise, puis le marché replongeait. Au final, il a fallu trois ans pour toucher le vrai fond.
Le deuxième risque concerne les valorisations. Acheter un marché déjà surévalué qui monte encore grâce aux liquidités des banques centrales revient à parier que la musique continuera. Tant que la FED imprime de l'argent, ça fonctionne. Mais le jour où les robinets se ferment, la correction peut être brutale. C'est exactement ce qui s'est passé en 2022 quand la FED a relevé ses taux pour combattre l'inflation.
Stratégies pour naviguer la déconnexion
Ma propre expérience m'a appris qu'il vaut mieux adopter une approche pragmatique que dogmatique. Voici quelques principes qui ont fait leurs preuves :
Ne pas combattre la FED. Quand les banques centrales ouvrent les vannes de la liquidité, résister devient coûteux. Cela ne signifie pas devenir 100% investi en actions, mais reconnaître que l'environnement est devenu artificiellement favorable aux marchés risqués.
Maintenir une allocation diversifiée. Même pendant une déconnexion, garder des obligations, de l'or, de l'immobilier permet de ne pas tout miser sur la poursuite du rally. Si le marché replonge, vous aurez des munitions pour acheter bas. S'il continue à monter, vous participez quand même partiellement.
Échelonner ses achats. Plutôt que d'essayer de timer le rebond parfaitement, investir progressivement permet de moyenner son prix d'entrée.
Privilégier la qualité. En période de déconnexion alimentée par la liquidité, tous les bateaux montent. Mais quand la marée redescend, seules les entreprises solides survivent. Miser sur des sociétés profitables, peu endettées, avec des avantages concurrentiels durables est toujours judicieux.
Questions fréquentes sur la déconnexion marchés-économie
Les marchés peuvent-ils monter indéfiniment sans croissance économique ?
Non, à long terme les marchés finissent toujours par converger vers les fondamentaux économiques. Les entreprises ne peuvent durablement générer des bénéfices croissants si l'économie stagne. La déconnexion est toujours temporaire, même si elle peut durer plusieurs mois voire années grâce aux interventions des banques centrales. Historiquement, les périodes de forte déconnexion se terminent soit par un rattrapage de l'économie réelle, soit par une correction boursière.
Faut-il vendre quand la déconnexion devient extrême ?
Vendre uniquement parce que la déconnexion semble extrême peut coûter très cher. En 2020, ceux qui ont vendu en mai parce que les valorisations étaient "folles" ont raté 50% de hausse supplémentaire jusqu'à fin 2021. La meilleure approche consiste à réduire progressivement son exposition quand les excès deviennent manifestes, sans pour autant sortir complètement du marché. Ajuster son allocation pour avoir plus de liquidités ou d'actifs défensifs permet de se protéger sans rater complètement un éventuel rally prolongé.
Comment savoir si nous sommes en phase de déconnexion ?
Plusieurs signaux permettent d'identifier une déconnexion : ratio Market Cap sur PIB largement au-dessus de 120%, Shiller PE au-dessus de 25-30, marchés qui montent alors que le chômage augmente ou que le PIB se contracte, spreads de crédit anormalement bas malgré une économie fragile, et surtout interventions massives des banques centrales. Quand plusieurs de ces indicateurs clignotent simultanément, il y a de fortes chances qu'une déconnexion soit en cours.
Les corrections brutales sont-elles inévitables après une déconnexion ?
Pas nécessairement. Deux scénarios sont possibles. Premier scénario : l'économie réelle rattrape les marchés grâce à une reprise forte, validant ainsi les anticipations des investisseurs. C'est ce qui s'est passé en 2020-2021. Deuxième scénario : les marchés finissent par redescendre vers la réalité économique, créant une correction sévère. C'est ce qui s'est produit en 2022 quand la FED a resserré sa politique monétaire. Impossible de prédire à l'avance quel scénario se matérialisera, d'où l'importance d'une approche équilibrée.
Comprendre pour mieux naviguer
La déconnexion entre les marchés financiers et l'économie réelle n'est ni un bug ni une anomalie. C'est une caractéristique structurelle du système financier moderne, amplifiée par le rôle central des banques centrales et la nature anticipative des marchés. Comprendre ces mécanismes permet d'éviter deux erreurs opposées : paniquer en vendant tout quand les marchés montent "irrationnellement", ou au contraire s'enivrer de l'euphorie en ignorant les risques de valorisation.
L'épisode COVID de 2020 restera comme le cas d'école de cette dichotomie. En trois mois, nous avons assisté à la correction la plus rapide de l'histoire suivie du rebond le plus violent, le tout pendant que l'économie mondiale était en état de mort clinique. Cinq ans plus tard, le marché a validé les anticipations des investisseurs qui ont osé acheter pendant la tempête. Mais cela ne garantit en rien que le prochain épisode se déroulera de la même manière.
La sagesse réside dans la préparation et la discipline. Avoir une allocation d'actifs claire, maintenir des liquidités pour profiter des opportunités, éviter les positions trop concentrées, et surtout garder son sang-froid quand tout le monde panique ou s'euphorie. Les déconnexions entre Wall Street et Main Street continueront à se produire. Ceux qui en comprennent les rouages pourront en tirer profit plutôt que d'en être les victimes.
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Il est vrai que c’est un phénomène très inquiétant. Je ne fais quasiment plus que du trading voir du daytrading tellement il devient impossible de réfléchir en terme d’investisseur !
Ceci dit, le décalage entre les cours et la réalité finissent TOUJOURS par se rattraper, dans un sens ou dans l’autre cependant !
Bon courage ;o)
PS: ça me fait plaisir de voir que ton site tourne toujours à fond. Rare sont ceux qui tiennent sur la durée dans le blogging (comme en Bourse d’ailleurs !)
Eh mais qui voilà, une toute vieille connaissance 😉
Plaisir de te relire camarade de joute ! Et plaisir également de constater que tu fais aussi partie des dinosaures survivants.
Je ne fais toujours pas de trading mais je suis très peu exposé en actions en ce moment. Si la tendance se confirme comme redevenant positive, je reviendrai sur certains titres mais avec parcimonie, uniquement dans des marchés peu valorisés, c’est-à-dire en tout cas pas aux USA et en Suisse.
J’avoue que cela fait très peur. J’ai quelques billes dans des sociétés automobiles européennes, je pense à en sortir pendant qu’elles repassent dans le vert.
Je vois plein d’entreprises avec des dettes colossales et des prêts d’états pour les soutenir, mais cela ne peut durer qu’un temps, et qui aujourd’hui pense acheter des voitures ou consommer comme avant ? Sans clients ou avec bien moins de client, comment supporter la dette qui ne fait qu’augmenter ?
Tu mets le doigt sur le noeud du problème : la dette. Tant que les taux sont bas, aucun souci. Par contre lorsque les banques centrales seront contraintes de les rehausser, ça risque de chahuter la moindre.
Qu’est-ce qui pourrait contraindre les banques centrales à remonter les taux?
Je pense qu’elles ont perdu une partie de leur indépendance (notamment la Fed et la BCE).
Or les Etats qui les influencent désormais ne peuvent se permettre une remontée des taux, en raison de leur endettement qui était déjà souvent élevé (cela varie certes d’un Etat à l’autre) et qui explose aujourd’hui. Quant aux entreprises qui sont lourdement endettées ou qui sont en voie de l’être, si elles ne peuvent certes quant à elles pas influencer les banques centrales, représentent tout de même une bombe car leurs faillites en nombre serait une catastrophe, avec chômage, baisse de rentrée fiscale, etc.
Comment tout cela va-t-il finir? (Question à combien de milliards de milliards?)
Il y a une chose qui fait remonter à coup sûr les taux : l’inflation. Evidemment ce n’est pas pour ces prochains mois, « grâce » aux prix en chute libre des matières premières, notamment le pétrole, provoqués par une baisse massive de la demande. Le taux de chômage stratosphérique protège aussi l’économie du renchérissement. Pour l’instant. Ceci étant dit, la demande va revenir rapidement et surtout très fortement, car les investissements laissés en souffrance par les entreprises et par les particuliers vont devoir être rattrapés à moyen terme. Ce phénomène sera encore accru par les injections massives de liquidités par les banques centrales et par les gouvernements. En bref, on va assister à un phénomène de rattrapage dans l’économie réelle, qui va devoir pédaler deux fois plus vite pour essayer de rattraper le retard pris. C’est d’ailleurs en partie cela qu’anticipe le marché en ce moment. Le problème c’est que pour produire beaucoup et vite, surtout quand on n’a plus confiance aux chinois et qu’on cède aux sirènes protectionnistes, ça coûte très cher. Il y a un risque de surchauffe du système ces prochaines années. Les investisseurs ont oublié ce qu’est le risque inflationniste car il a pratiquement disparu des économies occidentales depuis les années 1980. On avait aussi oublié ce qu’était une pandémie et on a vu ce que ça a donné…
Autrement dit, il serait peut-être judicieux de se tourner vers l’or ou d’autres matières précieuses en ce moment.
Mais il semble déjà si haut…
Ça bulle de partout.
L’or est toujours un allié durant les phases d’incertitudes et d assouplissement monétaire.
Oui, c’est mon côté acariâtre (de dinosaure). La basse exposition aux actions me semble une bonne stratégie. Je me suis fortement désengagé sur les sommets entre décembre et février, bien m’en a pris, même si le restant est rouge. Encore que j’ai lâché un peu de lest au rebond actuel.
En toute vraisemblance, les niveaux des plus bas de mars finiront par être testé.
Evidemment, en toute vraisemblance, les banques centrales continueront à balancer les trilliards, donc je peux me tromper et rater une fenêtre de tir. Mais ceci dit, si la situation se stabilise en 2 ans, il y aura d’autres occasions. Il y a toujours des occasions !
Bah, qui vivra verra !
Comme on dit, il vaut mieux revenir trop tard sur le marché que trop tôt… Enfin, en général c’est ainsi, mais avec ce marché plus corrompu que Trump, Bolsonaro et Poutine réunis tout est possible.
J’ai l’impression de voir des « indices-Tesla »: ça monte, ça monte, ça monte mais ça fait pas de « balles »… et, pour beaucoup d’entreprises, ça se passe tout en augmentant la dette! En ski, quand chaque ski s’éloigne du skieur on sait ski arrive: ça finit en grand écart, puis… la chute arrive!
Est-ce que les banques centrales ont le pouvoir de modifier les règles de la gravité?? J’en doute…
Elles ne peuvent pas modifier les règles de la gravité, mais elles les combattent, avec leur hélicoptère… monétaire 😉
Les marchés anticipent le scénario « optimiste » (pas de 2ème vague, pas de reconfinement, effet de rattrapage élevé) et si le scénario s’avère moins optimiste que prévu, les Etats et banques centrales combleront le gap via des injections monétaires sous diverses formes.
Comme je l’ai dit par ailleurs, il ne s’agit plus d’acheter bas et de vendre haut, mais d’acheter haut et de vendre encore plus haut !!
Trump a troqué le CQFD par le CFCD – Cette Fois C’est Différent
Tout simplement incroyable la puissance haussière actuelle! Même un éternel optimiste comme moi est bluffé de voir chaque jour des cours plus élevés. J’ai commencé cette semaine à revendre plusieurs positions achetées en mars et avril tellement les gains sont insolents, et tout ça ne va pas durer éternellement. Je trouve surtout que la plupart des banques et assurances sont remontées beaucoup trop vite, à l’exemple de Julius Baer ou Zurich. Méfiance méfiance…
Si ça continue à ce rythme d’ici les vacances d’été les indices auront essuyé toutes leurs pertes. On va clôturer le semestre à zéro alors que les entreprises vont boucler six premiers mois catastrophiques. J’ai l’habitude de garder la tête froide mais je dois dire que cette montée donne le tournis. Rarement la bourse aura été aussi incertaine car il y a tellement de paramètres politico-géostratégiques en ce moment que tous les dés sont pipés.
Bravo pour tes coups de mars et avril. De mon côté je fanfaronnais pendant cette même période parce que je ne perdais qu’une dizaine de pourcents et maintenant je me retrouve à la traîne car le marché m’a déjà rattrapé. Comme on dit, Mr Market a toujours raison… N’empêche qu’on a quand même sacrément l’impression qu’il la perdue, la raison !
Perso en ce moment je vends… presque chaque jour je prend mes gains sur des actions que j’avais pourtant achetées pour le long terme. Le marché est tellement décorellé de la réalité que je ne comprend plus la logique de la chose, et quand je ne comprend pas je préfère sortir 🙂 je fais peut-être une erreur, ça va peut-être durer voire même ne jamais rebaisser pour s’aligner sur la situation catastrophique de l’economie mondiale, mais au moins je sais pourquoi je sors et je saurai pourquoi je re-rentre si un jour l’occasion se présente
Nouveau record pour le Nasdaq!
Le marché grimpe à fond sur les créations de jobs US meilleures que prévues et donc un chômage meilleur que prévu… à 13.3% quand même ! Très fort…
Il est vrai que c’est hallucinant cette décorrélation entre réalité économique et indices. Certes, les planches à billets tournent à fond… Mais, j’espère que la correction nécessaire va être en douceur…
Comme je ne comprends pas réellement ce qu’il se passe, je ne fais plus que du trading. A la moindre correction, il suffit d’acheter sur un support quelconque et d’attendre. Même avec des stop loss assez serrés, ça passe sur (presque) toutes les actions.
C’est normal dans une forte phase haussière… Mais ce n’est pas normal si cela dure trop longtemps…
Bref, il faut bien faire attention à ce qu’on fait…
Euh… on peut changer le titre à « quels sont les cons.. » parce que ils en a beaucoup qui ont le pied lourd sur l’accélérateur en ce moment ou peut-être « la troisième dimension».. ou la quatrième !
Enfin j’ai l’impression de vivre dans un monde parallèle.. le V dans la marché semble pas vraiment synchro avec l’économie réelle.
Depuis quand les banques centrales ont le pouvoir d’annuler la gravité terrestre et les cycles économiques ? Ou alors c’est la nouvelle norme ? On traite à 18/20 les résultats car les actions sont le seul actif qui nous donne un rendement ?? On oublie 2020 et on prend de l’avance sur 2021?
Tout ceci va être intéressant mais un peu frustrant pour ceux qui ont du cash… en ce moment cash is trash!
Il est à noter l’ouverture record de nouveaux comptes de courtage par les particuliers tandis que les grosses mains restent en retrait du marché pour l’instant.
C’est exact. Je l’avais aussi relevé et ça rappelle la fin de certains cycles haussiers comme celui des années 1920, 1990 ou 1980 au Japon où la hausse était entretenue par les particuliers, sur de faibles volumes, et totalement decorrélée de l économie réelle.
Les grosses mains ? Cet argument est-il étayé ? Je suis preneur de faits, de news et très curieux svp
Je laisserai gg détailler exactement à qui il pense quand il parle de grosses mains.
Si je regarde du côté de Warren Buffett il est assis actuellement sur 137 milliards de cash, ce qui représente près de 30% de la capitalisation de BRK. Si il y a pourtant bien un gars qui ne jure que par les actions et qui n’aime d’habitude pas le cash c’est bien lui…
https://www.google.com/amp/s/markets.businessinsider.com/amp/news/why-warren-buffett-unhappy-berkshire-hathaway-record-137-billion-cash-2020-4-1029181516
Bonsoir Jérôme, merci pour cet article, j’ai fait quelques recherches mais mis a part buffet je ne vois pas d’acteurs principaux de marche qui sont restés a côte et n’ont pas profite de ce mini krach. Mais peut être ai je rate qqchose GG?
Un nombre incalculables d’entreprises et de particuliers vivent présentement sur le respirateur artificiel – d’un point de vu monétaire, pas médical, mais tout de même à cause de covid – accrochés aux seins des gouvernements, tels des bébés affamés.
S’il y a une deuxième vague, il va se passer quoi selon vous? Quand je pense à ça, je me dis que j’aime bien avoir 20% de mon portefeuille en cash en ce moment! Et je pense que Buffet préfère aussi être sécuritaire en cas de nouvelle chute des marchés, que de faire des hauts rendements. Plusieurs de ces entreprises ont durement été touché par le confinement d’ailleurs. Je fais plus confiance à Buffet qui a 60 ans d’expérience derrière lui que des jeunes loups avides de profits rapides.
Bien content d’avoir acheté quelques actions pendant le creux, mais également content de n’avoir rien vendu et avoir gardé un peu de cash! Quand j’achète un titre, je vise généralement une horizon de 20 ans.
Aux US, leur Paycheck Protection Program, une subvention fédérale donnée aux entreprises qui reprennent leurs employés. En gros, ce n’est qu’un feu de paille! Une fois le bonus reçu et que les entreprises auront tout de même des pertes, les emplois seront-ils encore une fois perdus? Je parierais une action d’Amazon que oui!
Feu de paille, c’est le terme, comme les cheveux à Trump. L’article suivant semble vouloir t’attribuer une action Amazon pour ton pari :
https://seekingalpha.com/article/4352855-dont-be-fooled-jobs-report
@Bardamu : Dans cette vidéo https://www.youtube.com/watch?v=bVZ0KDo-68M
Merci GG je ne connaissais pas ce youtuber. Fort intéressant et argumenté merci !
Vidéo intéressante effectivement qui confirme plusieurs points déjà constatés :
– ouverture en masse de nouveaux compte de courtage durant le COVID (Swissquote a fait état de records dans ce domaine)
– volumes très forts sur la baisse de mars et très faibles sur la montée qui a suivi (pour relativiser néanmoins, les volumes sont historiquement bien plus forts sur les baisses que sur les hausses)
– achats des particuliers qui se focalisent sur les titres qui ont très fortement chuté (comme les compagnies aériennes) ou sur celles en situation de bulle, comme les technos. Ceci rappelle fortement le début de ce millénaire, avec le cas Swissair ou la bulle dotcom. Des milliers de particuliers néophytes s’étaient fait proprement entuber, moi le premier.
– à relever également que la remontée du marché actuelle est due majoritairement aux FAANG, qui représentent en termes de capitalisation une part importante du stock market. Ces entreprises ont clairement été boostées par le virus chinois, alors même qu’elles étaient déjà avant le COVID la raison majeure de la hausse des marchés depuis plusieurs semestres. A lire à ce sujet le récent rapport de Yardeni Research (https://www.yardeni.com/pub/yardenifangoverview.pdf) qui ne se focalise pourtant que sur les « FANG », avec un A de moins (Apple, qui n’est pourtant pas de moindres).
Que peut-on en déduire ? Le fait que les institutionnels ne soient pas présents ne signifie pas forcément que les particuliers néophytes ont tort. Néanmoins ce sont les institutionnels qui représentent le marché et ce sont eux qui vont dictent le tempo. En fonction de leurs décisions, la hausse importante initiée par les petits pourrait être balayée d’un revers de main.
« la hausse importante initiée par les petits pourrait être balayée d’un revers de main. » ou à l’inverse boostée ^^ Dans ce cas tous les « prudents » (comme moi) rateront plus ou moins le train 😀
Oui mais dans ce cas les institionnels joueraient à la roulette russe, ou au jeu de l’avion. Pas certain qu’ils aient envie de faire cela. En tout cas faudra qu’ils aient les reins solides et qu’ils assument.
Pour rester dans l’analogie du train je préfère prendre le train régional suivant plutôt que le TGV qui arrive en gare sans les freins et avec un essieu endommagé.
Un commentaire intéressant de la Deutsche Bank : « Les multiples de valorisation (ratios cours/bénéfices) élevés ne sont certes pas justifiés par une quelconque vigueur des bénéfices mais la perspective de taux d’intérêt ultra-bas pendant une période prolongée et les liquidités abondantes des banques centrales risquent bien de les maintenir à des niveaux structurellement plus élevés que par le passé. Nous anticipons par exemple un ratio cours/bénéfices supérieur à 20 pour l’indice S&P 500 à l’avenir. »
Oui… Pour autant qu’il n’y ait pas de retour de l’inflation à moyen terme.
Ou de deuxième vague du virus…
Le marché est devenu maniaco dépressif…
dépressif ? je dirais plutôt maniaco-optimiste…
Le marché je ne sais pas mais moi un peu plus chaque jour.
dépressif ou optimiste ?
‘Les symptômes possibles des épisodes maniaques sont un débordement d’énergie, une perte de sommeil ainsi qu’une perte de contact avec la réalité.’
On est en plein dedans!
Je vous recommande fortement de lire cet article même s’il est un peu long et en anglais :
https://realinvestmentadvice.com/macroview-value-is-dead-long-live-value-investing/
Excellent!
Merci Jérôme, très intéressant et ça remet le cadre comme on dit… quand tout monte régulièrement on a tendance à se laisser porter de peur du FOMO et faire des choses irrationnelles…
Pour ce qui est de la langue de l’article, je lis les infos sur « google » et je peux paramétrer la langue de lecture pour avoir une traduction des pages en français, qu’elles soient en anglais, allemand ou autres au départ. C’est bien pratique même s’il y a parfois quelques coquilles de traduction.
Oui c’est une option pratique le samedi ou dimanche matin quand on a le cerveau embrumé 😉
Une idée qui me vient et que je partage ici:
1) Depuis 2008, les banques centrales ont déversé des liquidités colossales dans le système (avec encore une couche cette année avec le Covid) et les taux d’intérêts ont baissé jusqu’à des niveaux jamais vus (même négatifs!).
2) Malgré cela, l’inflation a été globalement plus ou moins maîtrisée, en ce sens que le coût de la vie n’a pas explosé (les salaires n’ont pas augmenté de manière inflationniste non plus).
3) Alors, où est allée cette masse monétaire? Je pense qu’elle est au final allée dans les investissements, notamment boursiers, créant une bulle, la valorisation des titres étant souvent déconnectée de la réalité économique. Ce phénomène est aussi encouragé par les taux négatifs, poussant à se débarrasser du cash pour l’investir, même si cela ne rapporte rien.
4) Les Etats sont endettés et cela n’est pas allé en s’améliorant.
5) Avec une économie ébranlée et l’endettement des Etats, il est difficile d’imaginer une augmentation drastique des impôts (même s’ils augmentent progressivement…) et une hausse des taux, sous peine de pénaliser la consommation et donc l’activité économique et sous peine de mettre les Etats en difficultés.
Au vu de ce qui précède, j’ai l’impression que c’est un krach boursier qui pourra effacer une partie de la masse monétaire injectée dans le système depuis 2008 et en quelque sorte assainir la situation. Ce sont les gens, sociétés, institutions, etc. (on l’est tous, ne serait-ce qu’indirectement par les caisses de pension par exemple) investis au moment du krach qui vont payer la facture.
Et après? Les banques centrales vont-elles ouvrir encore plus les vannes? C’est probable. Les Etats vont s’endetter encore plus? C’est également probable. Mais les taux vont je pense demeurer bas ou négatif à long terme.
En 2008, on est sans doute entré dans un nouveau monde économique à bien des égards.
Effectivement tu as raison quand tu dis que l’argent injecté par les banques centrales n’est pas rentré dans l’économie réelle et qu’il a directement été investi. Ceci explique pourquoi il n’y a pas eu d’inflation et donc pas de hausse des taux.
Il y a un problème avec cela, c’est qu’on ne crée pas de la richesse juste en imprimant des billets. La bourse ne peut monter à long terme que si ses fondamentaux sont solides, à savoir l’économie réelle.
Comme tu l’as souligné, la politique de l’argent facile incite les Etats, mais aussi les entreprises et encore les particuliers à s’endetter. C’est le régime de la médiocrité : plutôt que de remettre en question notre manière de fonctionner, on s’endette, c’est plus facile et plus rapide.
Le problème, c’est qu’on ne fait que différer le problème à plus tard, rendant sa résolution encore plus difficile.
La bourse va devoir se réaligner sur l’économie réelle et une baisse brusque ou lente et durable paraît inexorable. Le COVID pour l’instant n’a pas réussi à la faire flancher, pour l’instant. Peut-être que si ça dure encore il y parviendra. Je ne suis pas certain que nos économies résistent à une deuxième vague. Je ne crois pas à des taux bas perpétuels. Ils sont néfastes sur le long terme, notamment pour notre système financier, nos banques et nos caisses de pension. Les Etats et les banques centrales ont d’ailleurs appris de leurs erreurs et cherchent désormais d’autres moyens pour relancer la machine (politiques budgétaires, hélicoptère monétaire…). Si les taux remontent, ça va faire mal à certaines entreprises de croissance qui ne misaient que sur les prêts pour se développer à outrance. Idem pour les particuliers qui sont devenus proprios alors qu’ils n’en avaient pas les moyens. Bref, des opportunités en vue.
Bonjour,
Pour ma part et de manière simple, voici comment je vois la chose :
Si l’on se fie au message de Powell hier, les taux vont rester bas encore longtemps, même très longtemps. Personne, du moins pas beaucoup de monde, a intérêt que les bourses chutes. Les gens traditionnels sont poussés à mettre leur argent en actions, voir sur l’immobilier (pas de rémunération sur les comptes épargnes, peu de rémunération sur les obligations).
Si je reviens sur le tableau de VAN K. THARP publié dans son livre (message que j’avais mis sur ce blog il y a quelques mois), il semble que le bull market ne soit pas terminé (à confirmer dans les prochains mois).
En conclusion, même si Warren est en train de cumuler le cash, que beaucoup de gens vont ou on perdu leurs emplois avec ce Corona et que les actions sont décorrélées de l’économie réel, je reste optimiste et pense que le trend haussier n’est pas fini. Je continue donc à investir régulièrement sur les actions. A noter tout de même que je suis un investisseur très long terme et qu’une baisse de 30 ou 40% ne me fait pas peur.
Bull Market Approximate Dates Number of years
Good feelings 1815 – 1835 20
Railroad boom 1843 – 1853 10
Civil War and beyond 1861 – 1881 20
Pre-World War I 1896 – 1906 10
Roaring Twenties 1921 – 1929 8
Post-World War II boom 1949 – 1966 17
High-tech boom 1982 – 2000 18
? 2009 – present ?
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