Dernière mise à jour : novembre 2025
Michelin, coté à la bourse de Paris sous le code ML, incarne l'excellence industrielle française depuis 1889. Le géant clermontois du pneumatique, avec ses 130'000 employés et son iconique bibendum, occupe la première place mondiale devant Bridgestone. Mais l'action mérite-t-elle encore une place dans un portefeuille FIRE en 2025 ?

Situation actuelle de l'action Michelin
Fin novembre 2025, l'action Michelin s'échange autour de 28 euros, en léger retrait par rapport aux 30.90 euros du début d'année. Cette correction reflète les difficultés rencontrées par le groupe face à un environnement économique détérioré, particulièrement en Amérique du Nord et en Europe.
Le chiffre d'affaires s'établit à 26,7 milliards d'euros sur les douze derniers mois, en recul de 3.6%.
Valorisation : une décote significative
| Métrique | Valeur 2024 | Interprétation |
|---|---|---|
| PER (Price/Earnings) | 12x | Inférieur à l'industrie |
| Cours/Valeur comptable | 1,1x | Légèrement supérieur à l'industrie |
| Capitalisation boursière | 19.5 Mrd € | Large cap solide |
| EV/EBITDA | 4.8x | Attractive |
Avec un PER de 12, Michelin se traite avec une décote par rapport au marché. Cette valorisation modérée reflète le manque d'enthousiasme des investisseurs pour l'action Michelin : ils affichent peu d'attentes sur ce titre, ce qui est une des caractéristiques des titres value. Il faut relever que le PER actuel de ML n'a rien d'extraordinaire : l'action a l'habitude de s'échanger aux alentours de ce niveau de valorisation.
Dividende et rendement
Contrairement à l'article d'origine qui évoquait une baisse du dividende liée au COVID-19, Michelin a depuis démontré sa résilience.Pour l'exercice 2025, le groupe a même augmenté sa distribution à 1,38 € par action, soit une progression de 2,2%.
Au cours actuel de 27.6 euros, le rendement atteint 4,9%, ce qui place Michelin parmi les actions à dividende les plus attractives du CAC 40. Le taux de distribution s'établit à 62% du résultat net, laissant une marge confortable pour maintenir le versement même en cas de difficultés.
Point remarquable : Michelin verse un dividende sans interruption depuis 1995, soit 29 années consécutives. Aucune baisse n'a été enregistrée depuis 2020, démontrant l'engagement du management envers les actionnaires.
Bilan financier : endettement maîtrisé
L'endettement de Michelin, qui avait légèrement progressé en 2020, a été réduit. La dette représente actuellement 0.4x les fonds propres.
Ce niveau reste très raisonnable pour un groupe industriel de cette envergure, c'est d'ailleurs bien moindre que la moyenne de l'industrie. L'EBIT représente plus de dix fois les intérêts de la dette, donc pas trop de soucis à ce niveau-là. Le score d'Altman, avec 2.53, confirme que l'entreprise est solide et n'est pas prête de faire faillite.
Les réserves de liquidités sont solides, avec un current ratio de 1.8, permettant de faire face aux obligations court terme sans difficulté.
Profitabilité et génération de cash
Malgré un environnement mouvant, Michelin maintient des marges honorables, mais en déclin structurel : :
- Marge opérationnelle : 10,9% (excellente pour l'industrie, mais avec une légère tendance en déclin depuis plusieurs années)
- ROE (Return on Equity) : 8.76% (idem)
Pour tous les indicateurs de profitabilité et de rentabilité on remarque une très lente érosion depuis plusieurs années. Ceci peut s'expliquer par la pression concurrentielle des fabricants asiatiques. Ceci explique également pourquoi le titre s'échange avec une décote ces dernières années.
Position concurrentielle : le "quadrige" du pneumatique
Le marché mondial du pneumatique reste dominé par quatre mastodontes : Michelin (France, n°1), Bridgestone (Japon, n°2), Goodyear (États-Unis, n°3) et Continental (Allemagne, n°4). Ces quatre groupes contrôlent plus de 60% du marché global.
Cette concentration sectorielle constitue un avantage défensif, mais la concurrence entre ces géants reste féroce. L'arrivée de fabricants chinois low-cost comme Zhongce Rubber et Sailun redistribue progressivement les cartes, particulièrement sur les segments budget. Michelin riposte en misant sur l'innovation (pneus connectés, matériaux durables, technologies airless) et le premium.
Le groupe bénéficie également de revenus complémentaires via ses activités de services de mobilité (ViaMichelin, guides Michelin) et de solutions composites polymères, représentant 17% du chiffre d'affaires total.
Risques à considérer
Plusieurs éléments méritent vigilance :
- Cyclicité sectorielle : L'industrie automobile, client principal, traverse une transformation majeure (électrification, mobilité partagée) créant des incertitudes
- Pression asiatique : L'afflux de pneus budget chinois érode les parts de marché sur certains segments
- Volatilité : Le beta de 1,05 confirme que l'action Michelin amplifie très légèrement les mouvements du marché
- Contexte géopolitique : Les tensions commerciales USA-Chine et les droits de douane peuvent affecter les coûts et les débouchés
- Érosion des marges : Tous les indicateurs de rentabilité et de profitabilité (sont en déclin régulier depuis 2017, avec une accélération récente. Le ROE est passé de 15,5% à 8,8% en 7 ans, signe d'une perte progressive d'efficacité du capital investi.
Actionnariat institutionnel massif
Michelin est détenu à plus de 80% par des investisseurs institutionnels. Parmi les principaux actionnaires figurent Vanguard, BlackRock, BNP Paribas Asset Management et Amundi. Cette présence massive d'institutionnels garantit une liquidité importante mais limite le potentiel de revalorisation "surprise". Les petits actionnaires doivent composer avec cette réalité : le cours reflète déjà l'analyse des meilleurs gérants mondiaux.
Foire aux questions (FAQ)
Michelin verse-t-il toujours son dividende ?
Oui, Michelin distribue un dividende sans interruption depuis 1995. Le versement a même augmenté de 2,2% en 2025, à 1,38 € par action, malgré un contexte incertain. Le dividende est généralement détaché et versé en mai.
Quel est le rendement actuel de l'action Michelin ?
Au cours actuel d'environ 27.6 euros, le rendement du dividende s'établit à 4,9%, ce qui positionne Michelin parmi les meilleures actions à dividende du CAC 40.
Michelin est-il une action "value" ou "growth" ?
Michelin est clairement une action "value" : PER modéré (12x), rendement élevé (4,9%), croissance limitée mais dividende stable. Elle convient aux portefeuilles orientés revenus plutôt qu'à la recherche de forte croissance.
Michelin peut-il concurrencer les fabricants chinois ?
Michelin ne cherche pas à rivaliser sur les prix avec les fabricants low-cost asiatiques. Sa stratégie repose sur le premium, l'innovation technologique (durabilité, performance) et les services à valeur ajoutée. Cette différenciation vise à préserver ses marges, mais elles ont quand même tendance s'éroder avec le temps.
Conclusion : un rendement attractif, mais une vigilance s'impose
Michelin traverse une période délicate, comme en témoignent la baisse du chiffre d'affaires et la révision à la baisse des perspectives 2025. Au-delà du contexte conjoncturel, une tendance plus préoccupante se dessine : l'érosion structurelle de la rentabilité depuis 2017.
Les arguments en faveur du titre restent réels :
- Valorisation attractive avec un PER de 12x
- Rendement du dividende exceptionnel de 4,9%
- Endettement maîtrisé (dette/capitaux propres 0,4x)
- Position de leader mondial (#1) solidement ancrée
- Cash-flow libre robuste permettant le maintien du dividende à court-moyen terme
Mais les signaux d'alerte ne doivent pas être ignorés :
- ROE en chute de 43% depuis 2017 (15,5% → 8,8%)
- Toutes les marges en déclin progressif depuis 7 ans
- Pression concurrentielle asiatique qui ne faiblit pas
- Transformation automobile (électrification, mobilité partagée) créant des incertitudes structurelles
Pour un portefeuille FIRE orienté revenus, Michelin peut représenter une position tactique court-moyen terme (3-5 ans) plutôt qu'un investissement patrimonial "buy and hold forever". L'action convient particulièrement aux investisseurs cherchant des dividendes réguliers et acceptant une volatilité modérée, à condition de surveiller attentivement l'évolution des fondamentaux.
Stratégie recommandée :
- Pondération limitée : Ne pas dépasser 2-3% d'un portefeuille FIRE total
- Horizon temporel : 3-5 ans plutôt que 10+ ans. Réévaluer la position si la rentabilité continue à se dégrader.
- Protection du capital : Activer la stratégie manuelle stop loss 20% si le cours baisse de 20% ou plus.
Verdict final : Michelin n'est pas un "aristocrate du dividende" à oublier dans un tiroir. C'est une action value cyclique à haut rendement qui requiert un suivi actif. Le dividende attractif de 4,9% compense aujourd'hui le déclin de rentabilité, mais cette équation pourrait se dégrader si les tendances actuelles se poursuivent. À considérer comme une source de revenus complémentaire, pas comme un pilier de portefeuille FIRE.
Pour aller plus loin dans votre stratégie d'investissement dividende, consultez notre guide sur les risques des dividendes et découvrez comment construire un portefeuille résilient adapté à vos objectifs FIRE.
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J’ai de nouveaux pneus Michelin. Très satisfait de mon achat.
Cependant avec la pandémie, je ne pense pas que le marché du pneu risque de croître dans un futur rapproché. Moins d’avions et de voitures usent leurs pneus.
Mais non regarde les autoroutes sont pleines, tout le monde flippe de prendre le train 😉
Si les voitures neuves se vendent moins, Michelin fournira moins de pneus aux fabricants pour les équipements en première monte. Mais les autos en circulation continuent à rouler et à user leurs pneus, qu’il faut remplacer. A ma connaissance la marge est faible sur les premières montes, et plus importantes sur les montes ultérieurs (les constructeurs, qui achètent de grands volumes, font pression sur les prix pour la première monte).
Je ne pense pas que l’industrie du pneu soit véritablement cyclique.
Évidemment moins cyclique que le secteur automobile. Mais le pneu est forcement un peu influencé par ce qui se passe au niveau des voitures. Le bêta nous montre que Michelin est légèrement plus nerveuse que le reste du marché. Certes, ce n’est pas monstrueux non plus…
Et merci Jérôme pour l’analyse!
Avec plaisir
Conclusion: je constate que le « virus Chinois » n’a pas solutioné la connerie « Suisse »!
Peux-tu élaborer? Je ne suis pas familier avec la « connerie Suisse ».
Apple « vaut » maintenant $2T$! Tout ce qui monte redescend?
Pas tout, mais ça arrive.
Pense à General Electric, la plus grosse capitalisation au début des années 2000. Un peu l’équivalent d’Apple aujourd’hui.
Je suis surtout estomaqué de voir – une fois de plus – la classe de Warren Buffet! C’est de loin la plus grosse position de Berkshire et il a fait, si je ne me trompe pas, un gain d’environ 100% en 2 ans avec Apple…
Pas mal pour un homme de son âge et dont chaque mois un nouveau « journaliste » se moque en disant qu’il est dépassé et appartient à une autre époque.
Effectivement! C’est d’autant plus vrai et surprenant qu’Apple sort de sa stratégie historique.
Oui, c’est comme toi avec le bitcoin :-). 🙂
Merci pour la comparaison. Oui, bien m’en a pris pour l’instant.