Augmentation des primes LAMal : pourquoi les Suisses paient-ils toujours plus ? [Analyse chiffrée]

📊 [Mise à jour novembre 2025] Les primes d'assurance maladie continuent leur escalade : +6% en 2025 (378 CHF/mois en moyenne), après +8,7% en 2024 et +6% en 2023. Soit +20% en trois ans. Cette augmentation perpétuelle soulève une question fondamentale : est-elle vraiment justifiée par les coûts réels de la santé ? L'analyse des données depuis 1999 révèle un décalage troublant.

De qui se fout-on ?

Comme vous le savez, je ne suis pas vraiment copain avec les assurances sociales. Celles-ci encouragent non seulement la paresse sociale, mais surtout, elles permettent à une multitude d'intermédiaires (comme de riches sociétés d'assurances) de prospérer sur le dos de la classe moyenne.

En parlant d'assurances sociales, j'ai essentiellement focalisé mes articles jusqu'ici sur la prévoyance vieillesse. J'avais mis en évidence les scandales suivants :

LAMal : une augmentation des primes supérieure aux coûts réels de santé

Aujourd'hui, je m'attarde sur l'autre gros vol organisé par les assurances sur le dos du peuple : l'assurance de base maladie (LAMal). Comme pour la LPP, cette assurance est obligatoire et prise en charge par de riches entreprises sous l'œil complice de l'État. Ce phénomène rappelle étrangement ce qui se passe avec les caisses de pension : des intermédiaires qui s'enrichissent sur le dos de la classe moyenne via des assurances obligatoires.

Les primes de cette assurance n'ont cessé de progresser depuis plusieurs décennies et représentent une part de plus en plus importante du budget des ménages (14%). Les milieux économiques et politiques justifient cette progression par la hausse de coûts de santé, elle-même liée notamment à l'augmentation de l'espérance de vie.

Évolution des coûts de santé vs primes LAMal (1999-2025)

Pour en avoir le cœur net, je me suis amusé à compiler plusieurs données disponibles auprès de la Confédération. Si l'on constate en effet que les coûts de la santé augmentent régulièrement depuis de très nombreuses années (125% de 1999 à 2023), celles des primes augmentent encore plus vite (163% durant la même période). Pire, ce phénomène s'est accéléré après la crise du Covid, comme on peut le constater ci-dessous.

Évolution primes LAMal vs coûts santé Suisse 1999-2023 - Graphique comparatif augmentation
Évolution comparée : primes LAMal (+163%) vs coûts de santé (+125%) entre 1999 et 2023
📈 [Actualisation 2025] La tendance s'est confirmée : après une hausse de 8,7% en 2024 et de 6% en 2025, la prime moyenne atteint désormais 378,70 CHF par mois. Depuis 1997, les primes ont augmenté de 175%, passant de 138 CHF à près de 379 CHF. Pendant ce temps, l'espérance de vie stagne depuis 2020 et les salaires réels continuent de baisser.

On se rappelle que le gouvernement nous avait promis que les mesures mises en place durant la crise sanitaire n'auraient pas d'impact sur les primes. Cela a effectivement été le cas tant que le pays était dirigé sous l'égide de la "situation extraordinaire" liée au Covid. Ceci était d'autant plus vrai que des votations populaires menaçaient alors les plans du gouvernement. Toutefois, on constate que les coûts ont continué de progresser, et même plus rapidement, durant cette période, traduisant les dépenses totalement hors de contrôle liées à la vaccination massive quasi obligatoire et à la multiplication exponentielle des curetages de nez. Sans surprise, par effet de rattrapage, les primes ont explosé, la crise à peine terminée, mettant à mal a posteriori les promesses gouvernementales.

L'argument de l'espérance de vie ne justifie pas l'explosion des primes

Un des arguments avancés à la hausse de coûts de la santé, comme pour ceux de la prévoyance vieillesse, c'est l'augmentation de l'espérance de vie. Celle-ci a certes bien progressé sur la période analysée, mais à un rythme si modeste (5% de 1999 à 2023) que c'est tout juste perceptible sur le graphique. Certes, on comprend bien que pour une année de vie supplémentaire, les dépenses ne croissent pas de manière linéaire. Les coûts de la santé d'une personne de 85 ans sont en effet cinq fois plus élevés que ceux d'un trentenaire.

Mais est-ce que cet acharnement pour prolonger une vie, qui est à cet âge le plus souvent synonyme de dépendance et de démence, en vaut la peine ? L'argent ne serait-il pas mieux investi auprès des plus jeunes générations ? Par exemple dans la prévention de l'obésité et des maladies cardiovasculaires ? Ou alors tout simplement en ne les assommant pas avec des primes qui ruinent leur pouvoir d'achat ? Paradoxalement, il n'y a pratiquement plus aucune amélioration de l'espérance de vie depuis la crise sanitaire, alors même que les coûts de la santé ont explosé.

Coûts de santé suisse par rapport au PIB : une hausse modérée

Autre élément intéressant, bien que les dépenses en matière de santé explosent, la hausse des coûts en fonction du PIB demeure plutôt mesurée (32% entre 1999 et 2023). Autrement dit, par rapport à la richesse du pays, la progression des dépenses est certes bien perceptible, mais absorbable sur la durée, en tout cas bien plus que celle des primes à charge des individus (163% d'augmentation durant la même période). À méditer par rapport à la répartition des coûts...

Primes LAMal vs salaires : un écart insoutenable pour les ménages

D'ailleurs, si on compare cette hausse de primes par rapport à celle des salaires, il y a de quoi s'interroger. Les salaires nominaux ont grimpé de seulement 30% durant la même période, tandis que les actionnaires des entreprises helvétiques s'enrichissaient de 223%. Pire, les salaires réels, hors inflation, n'ont progressé que de 12%. Ces derniers ne font d'ailleurs que baisser depuis la crise sanitaire. À noter que les primes d'assurance maladie n'expliquent pas cette récente baisse des salaires réels. En effet, elles ne sont pas prises en compte dans l'indice des prix à la consommation. Cela signifie qu'en réalité le pouvoir d'achat s'est encore plus détérioré.

Évolution comparée primes LAMal, salaires et SPI en Suisse 1999-2023
Évolution comparative : primes LAMal vs salaires vs Swiss Performance Index

Depuis le virus chinois, l'espérance de vie baisse ou du moins stagne, les salaires réels déclinent et les primes d'assurance maladie explosent. Et pourtant, en Suisse, nous avons été relativement épargnés par l'inflation par rapport à nos voisins.

Où va l'argent des primes LAMal ? Le rôle des intermédiaires

Comme pour l'assurance LPP, on constate que pour la LAMal, il est impossible de justifier un tel gaspillage d'argent par des besoins effectifs et vraiment utiles. Les primes augmentent bien plus rapidement que les dépenses en matière de santé. Ces dernières semblent d'ailleurs elles-mêmes déconnectées des besoins de la population et leur efficacité est plus que discutable.

À contrario, un nombre incalculable d'intermédiaires ont depuis des années érigé leur modèle économique sur la LAMal. Cet écosystème étatique obligatoire leur a permis de bâtir leur fortune, avec l'aide plus ou moins intéressée du monde politique. À Berne, on dénombre ainsi 90 parlementaires, tous partis confondus, qui font du lobbying dans le domaine de la santé. Le centre et la droite défendent les intérêts des assurances et de l'industrie pharmaceutique, tandis que la gauche défend (étonnamment) ceux des médecins.

Pour les particuliers, ces arrangements entre amis se traduisent sous la forme d'une ponction non négligeable et croissante de leurs revenus, à laquelle il est impossible d'échapper et sur lesquels ils n'ont que très peu de retour sur investissement. Comment justifier en effet qu'une famille avec deux enfants paie environ CHF 12'000 par an en primes d'assurance de base maladie, pour ne presque jamais y avoir recours, d'autant que les frais dentaires ne sont même pas couverts ?

Assurance maladie obligatoire : quand la LAMal crée un marché captif

L'obligation de s'assurer pour le risque maladie, comme c'est le cas pour le risque vieillesse avec la LPP, part d'une bonne idée à la base : celle de couvrir l'ensemble de la population contre ces risques. Toutefois, cette obligation biaise fondamentalement la liberté du marché, même si l'assuré a le choix entre de multiples caisses maladie ou sociétés d'assurance (pour la LPP).

C'est une des premières choses qu'on apprend aux cours d'économie : les prix sont fixés en fonction de l'offre et de la demande. En contraignant légalement cette dernière, celle-ci devient inélastique : une hausse des prix ne diminue pas le volume des ventes. Les chiffres d'affaires augmentent ainsi proportionnellement aux prix, quels que soient ces derniers. Et les bénéfices suivent évidemment la même logique.

L'afflux massif d'argent engendré par l'obligation de s'assurer, n'encourage ni les prestataires dans le domaine de la santé (et de la prévoyance) à améliorer leur fonctionnement, ni à innover. Quoi qu'ils fassent, l'argent rentre de tous les côtés. Et plus les primes augmentent, plus ils s'enrichissent. Ils ont hérité de la poule aux œufs d'or : l'obligation de s'assurer, pour eux, c'est l'obligation de gains assurés.

Questions fréquentes sur l'augmentation des primes LAMal

Pourquoi les primes d'assurance maladie augmentent-elles plus vite que les coûts de santé ?

Entre 1999 et 2023, les coûts de santé ont augmenté de 125% tandis que les primes ont bondi de 163%. Cette différence s'explique notamment par la reconstitution des réserves des assureurs, les coûts administratifs et le lobbying des intermédiaires qui prospèrent sur le système d'assurance obligatoire. 90 parlementaires à Berne font du lobbying dans le domaine de la santé, défendant les intérêts des assurances, de l'industrie pharmaceutique et des médecins.

Les primes LAMal sont-elles justifiées par l'augmentation de l'espérance de vie ?

Non. L'espérance de vie n'a progressé que de 5% entre 1999 et 2023, et stagne depuis la crise Covid. Cet argument ne peut donc pas expliquer une hausse de primes de 163% sur la même période. De plus, il n'y a pratiquement plus aucune amélioration de l'espérance de vie depuis 2020, alors même que les coûts de la santé ont explosé.

Comment évoluent les salaires par rapport aux primes d'assurance maladie ?

Les salaires nominaux ont augmenté de seulement 30% entre 1999 et 2023, contre 163% pour les primes LAMal. Les salaires réels (hors inflation) n'ont progressé que de 12%, créant un écart insoutenable pour les ménages suisses. Pire encore, les salaires réels ne font que baisser depuis la crise sanitaire, tandis que les primes continuent d'augmenter de 6% par an en moyenne.

Combien coûte l'assurance maladie obligatoire pour une famille en Suisse ?

En 2025, une famille avec deux enfants paie environ CHF 12'000 à 15'000 par an en primes d'assurance de base LAMal, pour souvent très peu de recours aux soins. À noter que les frais dentaires ne sont même pas couverts par l'assurance de base. Ces primes représentent désormais 14% du budget des ménages suisses, une ponction obligatoire qui ne cesse de croître.

L'obligation de s'assurer crée-t-elle un problème économique ?

Oui. En rendant la demande inélastique (obligation légale), le système LAMal permet aux prix d'augmenter sans frein naturel. Les assureurs et prestataires s'enrichissent mécaniquement sans nécessité d'innover ou d'améliorer leurs services. Quoi qu'ils fassent, l'argent rentre de tous les côtés. Et plus les primes augmentent, plus ils s'enrichissent : c'est l'obligation de gains assurés.

Primes LAMal : un système à réformer d'urgence

L'analyse des chiffres est sans appel : l'augmentation des primes d'assurance maladie en Suisse (+163% depuis 1999) n'est pas justifiée par l'évolution des coûts de santé (+125%) ni par celle de l'espérance de vie (+5%).

Pendant que les primes explosent et que les salaires réels stagnent (+12% en 24 ans), un écosystème d'intermédiaires prospère grâce à l'obligation légale de s'assurer. 90 parlementaires à Berne font du lobbying dans le domaine de la santé, défendant les intérêts des assurances, de l'industrie pharmaceutique et des médecins.

Pour la classe moyenne suisse, le constat est amer : une ponction obligatoire de 14% du budget des ménages, sans réel pouvoir de négociation ni retour sur investissement proportionnel.

L'obligation de s'assurer, pensée initialement pour protéger la population, est devenue une « obligation de gains assurés » pour les intermédiaires du système. Sans réforme structurelle profonde, cette spirale inflationniste continuera de s'amplifier au détriment du pouvoir d'achat des Suisses.

💬 Et vous, combien payez-vous en primes LAMal chaque année ? Avez-vous l'impression d'en avoir pour votre argent ? Partagez votre expérience en commentaire.


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4 réflexions sur “Augmentation des primes LAMal : pourquoi les Suisses paient-ils toujours plus ? [Analyse chiffrée]”

  1. Bonjour,
    Excellent article !

    3 façons pour dépenser moins ou de récupérer une partie des sommes versées:
    1) Devenir actionnaires des compagnies d’assurances 😉
    2) Changer de complémentaire régulièrement en faisant jouer la concurrence
    3) Bien réfléchir et calculer le réel besoin de complémentaire en fonction de l’âge et des problèmes de santé. Par exemple, en France, arrivé à un certain âge, cela ne vaut plus le coup de prendre une complémentaire santé très « protectrice » car les graves maladies sont remboursées intégralement par la sécu. Mon beau-père de 70 ans fait de substantielles économies sur sa complémentaire.

    1. Merci Paul.
      Et 4) pas de complémentaire du tout 😉
      En Suisse l’assurance de base couvre déjà énormément de besoins, souvent même trop (comme l’homéopathie par exemple).

  2. Superbe article, bravo!

    On peut rajouter que ce racket de la classe moyenne permet aux riches compagnies d’assurance de ce constituer d’immenses réserves, avec lesquels elles jouent au banquier en prêtant les réserves (donc notre argent) à des villes, cantons, et autres.
    Spéculent avec ces réserves et se permettent de réaliser des pertes abyssales sur les marchés financiers, comme si cet argent leur appartenait, pour ensuite demander des augmentations de prime parce que le taux de réserve est insuffisant.

    Et chaque année les moutons de la démocratie directe se laissent tondre sans broncher.

    Hors sujet, mais non moins pertinent, on observe une situation similaire lorsqu’on analyse les loyers des appartements et les augmentations continues sur le dos des pauvres moutons qui se font tondre plus vite que pousse la laine.

    Donc, lentement mais sûrement, le pays des vaches et du chocolat devient le pays des moutons, et rejoint ainsi les standards européens.

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