Mise à jour : décembre 2025
BIC : un champion français des produits du quotidien
BIC incarne l'excellence industrielle française depuis 80 ans. Numéro un mondial des briquets avec 55% de parts de marché, numéro deux mondial des stylos (8% du marché) et des rasoirs (23% du marché), le groupe se distingue par une stratégie unique d'intégration verticale. Avec 91% de ses produits fabriqués dans ses propres usines, BIC contrôle sa chaîne de valeur de bout en bout, garantissant à la fois qualité et rentabilité.

La société affiche une valorisation particulièrement attractive avec un ratio cours/bénéfice (TTM) de 11.08, bien inférieur à la moyenne de son secteur à 21.22. Cette décote s'accompagne de fondamentaux solides : marge opérationnelle (TTM) de 14.15%, dette limitée (ratio dette/capitaux propres de 0.22) et génération de cash-flow robuste. Le rendement du dividende de 6.48% attire les investisseurs en quête de revenus, même si le payout ratio mérite attention.
Histoire et évolution du groupe BIC
L'aventure BIC débute le 25 octobre 1945 lorsque Marcel Bich fonde la société PPA (Porte-plume, Porte-mines et Accessoires) à Clichy. En 1950, après avoir racheté le brevet du stylo à bille inventé par le Hongrois László Biró en 1938, l'entreprise lance le BIC Cristal. Ce stylo iconique sera vendu à plus de 100 milliards d'exemplaires, devenant le stylo le plus vendu au monde. Le nom "BIC" est une version raccourcie et facilement mémorisable du nom du fondateur.
En 1972, BIC se diversifie dans les briquets, créant un produit qui deviendra son activité la plus rentable. La division Flame for Life représente aujourd'hui 38% du chiffre d'affaires mais assure une part disproportionnée des bénéfices grâce à des marges exceptionnelles. En 1975, l'entreprise lance son premier rasoir jetable mono-lame, initiant une troisième branche d'activité qui compte désormais pour 25% des revenus.
L'histoire de BIC comporte aussi quelques échecs instructifs. En 1988, la tentative d'entrée dans la parfumerie avec des petits flacons vendus en bureaux de tabac se solde par un abandon en 1991. L'image luxe et séduction des parfums s'accordait mal avec les produits jetables bon marché de la marque. De 2008 à environ 2014, BIC a commercialisé le BIC Phone, un téléphone mobile prépayé prêt à l'emploi en partenariat avec Orange. Ce produit à contre-courant de l'ère des smartphones n'a pas survécu et a été abandonné.
Stratégie actuelle et plan Horizon
Depuis 2020, BIC met en œuvre son plan stratégique "Horizon" visant une croissance annuelle de 5 à 7% et une marge d'exploitation de 15.5%. En 2024, le groupe a dépassé cet objectif avec une marge opérationnelle ajustée de 15.6%, fruit d'une exécution rigoureuse et d'une amélioration continue de l'efficacité opérationnelle.
La stratégie repose sur plusieurs piliers. D'abord, la montée en gamme : BIC développe des produits à plus forte valeur ajoutée comme le briquet utilitaire EZ Reach permettant d'allumer bougies et barbecues avec sécurité enfant intégrée. Ensuite, la rationalisation du portefeuille avec une réduction de 12% du nombre de références pour se concentrer sur les produits les plus rentables. Le digital progresse rapidement avec un chiffre d'affaires e-commerce en croissance à deux chiffres.
En décembre 2024, BIC a réalisé une acquisition stratégique majeure avec Tangle Teezer, une marque premium de brosses à cheveux démêlantes en forte croissance. Cette opération s'inscrit dans la volonté de diversifier le portefeuille au-delà des trois activités historiques, tout en restant dans l'univers des produits du quotidien abordables et de qualité.
Résultats financiers 2024 et 2025 (TTM)
Pour l'exercice fiscal clos le 31 décembre 2024, BIC a réalisé un chiffre d'affaires de 2196.64 millions d'euros, en recul de 2.95% en données publiées mais en croissance de 3.1% à taux de change constants. Sur une base glissante de douze mois (TTM), le chiffre d'affaires s'établit à 2133.96 millions d'euros avec une croissance de -4.13% reflétant un environnement de consommation difficile, particulièrement aux États-Unis.
Le bénéfice net atteint 212.01 millions d'euros pour l'exercice 2024, et 176.85 millions d'euros sur les douze derniers mois. La marge nette (TTM) ressort à 8.29%, très supérieure à la moyenne sectorielle négative de -4.88%. Cette rentabilité exceptionnelle s'explique par une marge brute (TTM) de 55.20% contre 30.87% pour le secteur, fruit de l'intégration verticale et du contrôle des coûts.
Le retour sur capitaux propres (TTM) de 10.15% témoigne d'une utilisation efficace du capital, tandis que le bilan reste sain avec un ratio dette/capitaux propres de seulement 0.22 et une couverture des intérêts de 20.16 fois. Le Altman Z-Score de 3.51 indique une solidité financière solide et un risque de défaillance très faible.
Dividende et politique de rémunération des actionnaires
BIC offre un dividende ordinaire de 3.08 euros par action au titre de l'exercice 2024 (versé en 2025), en hausse de 8% par rapport à celui de l'exercice 2023. Ce montant correspond à un rendement attractif de 6.48% au cours actuel de 47.50 euros. Le groupe verse des dividendes sans interruption depuis 1990, soit 35 ans consécutifs.
Le payout ratio (TTM) de 105.07% nécessite une clarification importante : ce taux élevé inclut encore le dividende exceptionnel de 1.42 euro versé en 2024 en plus du dividende ordinaire. Sur la seule base du dividende ordinaire, le taux de distribution se situe autour de 70-75%, un niveau plus soutenable bien qu'encore élevé. Cette situation s'explique par la volonté du groupe de maintenir une politique attractive pour les actionnaires tout en gérant une croissance modérée des bénéfices.
Au-delà du dividende, BIC a alloué 40 millions d'euros à un programme de rachat d'actions en 2024 et prévoit un montant identique pour 2025. Le shareholder yield total (dividendes + rachats) atteint 8.48%, reflétant l'engagement du groupe envers la rémunération des actionnaires. Le nombre d'actions a diminué de 1.33% sur dix ans, témoignant d'une politique constante de rachats.
Actionnariat et gouvernance
La famille Bich reste fermement aux commandes de l'entreprise fondée par Marcel Bich. Le capital est contrôlé à hauteur de 43.18% par M.B.D et 30.48% par la famille Bich directement, soit un total d'environ 74% de contrôle familial. Silchester International Investors détient 16.79% du capital, le solde étant en autocontrôle (8.47%) et flottant.
En décembre 2024, le conseil d'administration et Gonzalve Bich, alors directeur général et membre de la famille fondatrice, ont annoncé un processus de transition. Après un processus de sélection rigoureux mené par le Comité de Succession, Rob Versloot a été nommé nouveau directeur général en juin 2025 et a pris ses fonctions le 15 septembre 2025. Gonzalve Bich occupe désormais le rôle de Senior Advisor du groupe après plus de 20 ans de service. Sous sa direction, le chiffre d'affaires a dépassé les 2 milliards d'euros, le taux d'innovation a atteint 10%, et le groupe a mené plusieurs acquisitions stratégiques majeures. Rob Versloot, néerlandais diplômé en administration des affaires de l'Université de Groningue, apporte une brillante carrière internationale avec des expériences chez Nutricia, Danone et en tant que directeur général du groupe Hero depuis 2012.
Performance boursière et valorisation
L'action BIC traverse une période difficile avec une performance de -22.89% sur 52 semaines et -12.52% sur 26 semaines. Cette sous-performance s'explique par plusieurs facteurs : ralentissement de la consommation aux États-Unis, pression concurrentielle accrue sur le marché américain des briquets avec des importations asiatiques à bas prix, et inquiétudes sur la soutenabilité de la croissance.
La volatilité annuelle de 24.10% et le bêta de 0.95 indiquent un titre relativement volatile bien que légèrement moins sensible aux fluctuations du marché que la moyenne. Le Piotroski F-Score de 4 sur 9 suggère une qualité financière moyenne, reflétant les défis récents sur la croissance et la rentabilité.
Malgré ces difficultés, la valorisation reste attractive. Le P/E (TTM) de 11.08 offre une décote de 48% par rapport au secteur. Le P/FCF (TTM) de 9.00 contre 16.70 pour l'industrie confirme que le marché sous-évalue la capacité de génération de cash-flow. Le P/B de 1.18 et le P/Tangible Book de 1.68 restent raisonnables pour une entreprise de cette qualité.
Perspectives 2025
Pour 2025, BIC anticipe une croissance du chiffre d'affaires comprise entre 4% et 6% à taux de change constants, portée par l'effet combiné des volumes, des prix et du mix produit. La marge d'exploitation ajustée devrait se maintenir à 15.6%, au-dessus de l'objectif initial du plan Horizon. La génération de flux nets de trésorerie disponible devrait dépasser 240 millions d'euros.
Ces perspectives reflètent la confiance du management dans l'exécution de la stratégie malgré un environnement macroéconomique volatil. L'intégration de Tangle Teezer devrait contribuer positivement dès 2025, même si l'impact restera marginal la première année. La succession à la direction générale apportera un nouveau regard sur les orientations stratégiques au-delà de 2025.
Opportunités et risques
Les opportunités pour BIC restent significatives. La présence dans 162 pays avec une exposition équilibrée entre marchés développés et émergents offre des relais de croissance. Le Brésil, deuxième marché du groupe, montre une dynamique particulièrement positive. L'innovation continue avec plus de 100 brevets déposés annuellement et 9.5% des revenus provenant de produits lancés depuis moins de cinq ans soutient le renouvellement de l'offre.
Les risques incluent la pression concurrentielle accrue, notamment sur le marché américain des briquets où les importations asiatiques à bas prix grignotent des parts de marché. La dépendance à trois catégories de produits mature limite le potentiel de croissance organique. Le payout ratio élevé laisse peu de marge de manœuvre en cas de dégradation des résultats. Enfin, la transition du management comporte toujours une part d'incertitude.
FAQ
BIC verse-t-il un dividende attractif ?
Oui, BIC offre un rendement du dividende de 6.48% au cours actuel de 47.50 euros, bien supérieur à la moyenne du marché. Le dividende de 3.08 euros Le groupe verse des dividendes sans interruption depuis 35 ans. Attention toutefois au payout ratio élevé à 105% (TTM) qui inclut un dividende exceptionnel de l'exercice 2023 (versé en 2024). Sur base ordinaire, le taux de distribution reste élevé autour de 70-75%.
L'action BIC est-elle sous-évaluée ?
La valorisation apparaît attractive avec un P/E (TTM) de 11.08 contre 21.22 pour le secteur, soit une décote de 48%. Le P/FCF de 9.00 confirme que le marché sous-évalue la génération de cash-flow. Cette décote reflète des inquiétudes sur la croissance et l'environnement concurrentiel, mais les fondamentaux restent solides avec une marge opérationnelle de 14.15% et un bilan sain.
Qui contrôle BIC ?
La famille Bich contrôle environ 74% du capital à travers M.B.D (43.18%) et la participation familiale directe (30.48%). Gonzalve Bich, actuel directeur général et membre de la famille fondatrice, quittera ses fonctions d'ici septembre 2025 après plus de 20 ans à la tête du groupe.
Quelle est la stratégie de BIC pour 2025 ?
BIC poursuit son plan Horizon visant une croissance de 4 à 6% en 2025 avec une marge opérationnelle de 15.6%. La stratégie repose sur la montée en gamme, la rationalisation du portefeuille, l'accélération du digital et la diversification via des acquisitions comme Tangle Teezer en décembre 2024.
Quelles sont les trois activités principales de BIC ?
BIC opère dans trois divisions : Flame for Life (briquets, 38% du CA), Human Expression (papeterie, 37% du CA) et Blade Excellence (rasoirs, 25% du CA). Les briquets assurent une part disproportionnée des bénéfices grâce à des marges exceptionnelles de près de 38%.
BIC fabrique-t-il encore le BIC Phone ?
Non, le BIC Phone, téléphone mobile prépayé lancé en 2008 en partenariat avec Orange, a été abandonné au milieu des années 2010. Ce produit à contre-courant de l'ère des smartphones n'a pas rencontré le succès escompté. BIC se concentre désormais sur ses trois activités cœur (papeterie, briquets, rasoirs) et sur de nouvelles diversifications comme les brosses à cheveux avec Tangle Teezer.
Conclusion
BIC présente un profil d'investissement intéressant pour les investisseurs value recherchant revenus et décote de valorisation. Avec un P/E de 11 contre 21 pour le secteur, une marge opérationnelle de 15.6% et un rendement de 6.5%, le titre offre une combinaison attractive risque/rendement. La solidité financière (Z-Score 3.51), le contrôle familial stable et la génération de cash-flow robuste constituent des atouts défensifs.
Les défis ne manquent pas : croissance modérée dans des marchés matures, pression concurrentielle accrue, payout ratio élevé et performance boursière négative récente. La transition du management d'ici septembre 2025 apportera son lot d'incertitudes mais aussi potentiellement un nouveau souffle stratégique.
Pour un investisseur FIRE francophone, BIC peut représenter une position défensive dans un portefeuille diversifié, apportant revenus réguliers et exposition à un champion industriel français. La décote de valorisation offre un coussin de sécurité, mais il convient de surveiller l'évolution du payout ratio et la capacité du groupe à renouer avec une croissance organique durable.
Sources et données
Données financières : FactSet (données au 31 décembre 2024 et TTM au 30 juin 2025)
Rapports et communiqués officiels :
- BIC - Résultats du T4 et de l'exercice 2024 (18 février 2025) - GlobeNewswire
- BIC - Document d'Enregistrement Universel 2024 (27 mars 2025)
- BIC - Évolution dans la gouvernance (11 décembre 2024)
- BIC - Résultats du second trimestre et du premier semestre 2024 (31 juillet 2024)
Analyses et presse financière :
- BFM Bourse - "BIC relance sa croissance" (20 février 2024)
- Infinance - "Résultats 2024 et Perspectives Prometteuses pour 2025" (18 février 2025)
- Journal de l'Économie - "Nouvelles ambitions stratégiques pour 2025" (12 septembre 2023)
- Boursorama - Analyses financières et données d'actionnariat
- Zonebourse - Profil société et données boursières
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Cette société vaut 4.5 md € soit 2 fois plus que PSA et pourrait donc la remplacer dans le CAC40.
Ma voisine travaille chez eux à Clichy et ça ne semble pas facile, un indice de plus pour devenir actionnaire de cette société, hein 😉
Il est clair qu’il n’y a pas photo entre Peugeot et BiC ! Et comme tu le dis, si ce n’est pas facile pour les employés, c’est bon pour les actionnaires. Je déteste parler ainsi mais on transpire déjà assez chez nos employeurs respectifs, alors il faut bien récupérer quelque part…
Attention à ce titre, la commission européenne annonce la suppression des taxes sur les briquets chinois ce qui pourrait peser fortement sur la rentabilité du titre:
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/20121127trib000733546/les-briquets-chinois-n-auront-pas-eu-raison-des-emplois-francais.html
Cdlt.
Merci pour cette info.
Forte baisse du cours suite à un profit warning et une baisse de l’EPS de 1.20 à 0.95 ; dur de fermer les yeux…..
T’as une position ouverte ? ou tu t’y intéresses ?
Position ouverte : 110 titres à 90,07 EUR
C’est un titre qui est par nature très volatil (25.39% en CHF), raison pour laquelle j’étais notamment resté en retrait pour l’instant. Il est donc normal que le cours fasse de grands sauts à la hausse comme à la baisse. C’est clair qu’il faut avoir les nerfs solides pour supporter les variations de cours importantes. Maintenant la question qu’il faut se poser, c’est la pérennité du dividende.