Article original rédigé par Jean@Louis en mai 2013, mis à jour par mes soins en décembre 2025
20 ans de backtests sur le marché suisse révèlent une vérité surprenante : la croissance des bénéfices surpasse les critères de dividendes. Découvrez les 25 sociétés actuelles qui répondent aux critères optimisés.

Un backtest sur 20 ans du marché suisse révèle qu'une approche basée sur la croissance des bénéfices (EPS growth >10%, P/E <25) surpasse largement les stratégies axées sur les dividendes croissants. Découvrez les 25 sociétés actuelles qui répondent à ces critères optimisés et comment appliquer cette stratégie quantitative.
En 2013, Jean-Louis publiait sur dividendes.ch une analyse méthodique pour identifier les sociétés suisses offrant des dividendes croissants. Son approche combinait rendement, croissance des bénéfices et régularité des versements. Douze ans plus tard, 20 ans de backtests révèlent une vérité contre-intuitive : ce ne sont pas les critères liés aux dividendes qui ont généré la performance, mais la croissance des bénéfices.
L'approche originale : dividendes croissants et régularité
L'analyse de Jean-Louis reposait sur cinq critères appliqués aux sociétés suisses cotées :
- Dividende minimum de 2.5%
- Croissance du bénéfice par action (EPS) supérieure à 5% sur 5 ans
- Ratio P/E inférieur ou égal à 25
- Dividende versé depuis au moins 5 ans sans interruption
- Régularité du montant du dividende (stable ou croissant)
Cette approche avait identifié 12 sociétés en 2013, dont Bell, Implenia et Novartis ressortaient comme les plus intéressantes. L'objectif était clair : trouver des sociétés combinant rendement attractif, croissance des bénéfices et culture du dividende.
Validation par 20 ans de backtests : des résultats remarquables
Un backtest sur la période 2004-2025 avec les critères originaux (dividende >2.5%, EPS growth >5%, P/E ≤25, dividende versé depuis 5 ans) révèle des résultats impressionnants :
- Rendement total : +975.58% sur 21 ans
- Rendement annualisé : 11.43%
- Drawdown maximum : -56.57%
- Sharpe ratio : 0.76
- Portefeuille moyen : 25 titres
- Rééquilibrage : annuel
En comparaison, le marché suisse (benchmark Switzerland EWL:USA) a généré +281.05% sur la même période, soit un rendement annualisé de 6.28%. L'approche de Jean-Louis a donc largement surperformé le marché avec un alpha de 5.81%.
La découverte contre-intuitive : la croissance prime sur les dividendes
Une analyse approfondie des backtests révèle un fait surprenant. En conservant uniquement les deux critères de croissance et valorisation (EPS growth >5% et P/E <25), sans aucun critère lié aux dividendes, les résultats s'améliorent encore :
- Rendement total : +1005.77%
- Rendement annualisé : 11.57%
- Portefeuille moyen : 50 titres
Plus révélateur encore : en augmentant l'exigence de croissance à 10% annuel (au lieu de 5%), la performance bondit :
- Rendement total : +1549.34%
- Rendement annualisé : 13.62%
- Portefeuille moyen : 37 titres
Que signifie cette évolution ? Les critères liés aux dividendes (rendement minimum, régularité, historique de versement) n'ont pas contribué à la surperformance. Au contraire, ils ont légèrement freiné les résultats en excluant des sociétés en forte croissance qui ne versaient pas encore de dividendes réguliers.
La stratégie optimisée : croissance qualitative à prix raisonnable
L'approche la plus performante combine quatre critères :
- Croissance des bénéfices : EPS growth >10% sur 5 ans
- Valorisation raisonnable : P/E <25 (TTM)
- Qualité financière : Score Piotroski >3
- Endettement modéré : Ratio dette/capitaux propres <2
Cette combinaison génère des résultats exceptionnels sur 21 ans :
- Rendement total : +2277.59%
- Rendement annualisé : 15.53%
- Sharpe ratio : 0.93
- Portefeuille moyen : 27 titres
Le score Piotroski (basé sur 9 critères financiers) permet d'éliminer les sociétés fragiles financièrement. Le ratio dette/capitaux propres écarte les sociétés surendettées. Ces filtres qualitatifs améliorent significativement le profil risque-rendement.
Les 25 sociétés suisses actuelles (décembre 2025)
Voici les sociétés qui répondent actuellement aux critères optimisés, classées par croissance des bénéfices :
| Société | Ticker | EPS Growth 5 ans | P/E (TTM) | Score Piotroski | Dette/Capitaux |
|---|---|---|---|---|---|
| naturenergie holding AG | NEAG | 71.92% | 6.77 | 7 | 0.08 |
| Clariant AG | CLN | 51.45% | 21.48 | 5 | 0.93 |
| Meier Tobler Group AG | MTG | 51.07% | 20.30 | 6 | 0.27 |
| Ypsomed Holding AG | YPSN | 47.19% | 22.33 | 9 | 0.32 |
| Swissquote Group Holding Ltd. | SQN | 45.66% | 22.97 | 5 | 0.35 |
| Basilea Pharmaceutica AG | BSLN | 38.40% | 8.93 | 8 | 1.13 |
| Swiss Re AG | SREN | 31.43% | 11.99 | 4 | 0.44 |
| Burckhardt Compression Holding AG | BCHN | 26.68% | 15.77 | 7 | 0.48 |
| Mikron Holding AG | MIKN | 25.54% | 10.51 | 6 | 0.01 |
| EFG International AG | EFGN | 25.43% | 15.19 | 5 | 1.14 |
| Siegfried Holding AG | SFZN | 23.65% | 20.77 | 6 | 0.48 |
| HIAG Immobilien Holding AG | HIAG | 23.22% | 13.73 | 5 | 0.71 |
| Bell Food Group AG | BELL | 20.05% | 11.22 | 8 | 0.65 |
| Autoneum Holding AG | AUTN | 19.70% | 18.11 | 7 | 1.14 |
| Julius Baer Gruppe AG | BAER | 18.36% | 14.30 | 4 | 1.36 |
| Cicor Technologies Ltd. | CICN | 16.40% | 23.52 | 6 | 0.88 |
| Phoenix Mecano AG | PMN | 16.27% | 13.80 | 5 | 0.50 |
| MCH Group AG | MCHN | 15.68% | 23.34 | 6 | 1.29 |
| Zueblin Immobilien Holding AG | ZUBN | 13.42% | 13.97 | 7 | 0.44 |
| Compagnie Financière Tradition SA | CFT | 13.12% | 17.51 | 4 | 0.75 |
| Sulzer AG | SUN | 11.32% | 18.28 | 7 | 0.98 |
| Intershop Holding AG | ISN | 11.29% | 6.14 | 6 | 0.56 |
| Novartis AG | NOVN | 11.27% | 16.92 | 7 | 0.75 |
| IVF HARTMANN Holding AG | VBSN | 10.72% | 17.28 | 7 | 0.02 |
| Orell Fuessli AG | OFN | 10.69% | 11.75 | 9 | 0.00 |
Ces 25 sociétés présentent des profils variés : grandes capitalisations comme Novartis et Swiss Re, moyennes comme Clariant et Swissquote, ou plus petites comme naturenergie et Mikron. La diversité sectorielle est également notable, de la pharma à l'immobilier en passant par la finance et l'industrie.
Comment appliquer cette stratégie quantitative
La force de cette approche réside dans sa simplicité et sa rigueur :
1. Fréquence de rééquilibrage : Une fois par an suffit. Les backtests montrent qu'un rééquilibrage annuel génère d'excellents résultats sans générer de coûts de transaction excessifs.
2. Pondération : Les backtests utilisent une pondération équipondérée (equal weight). Chaque société représente donc environ 3.7% du portefeuille (1/27 en moyenne). Cette approche évite la concentration excessive.
3. Taille du portefeuille : Avec 27 titres en moyenne, la diversification est suffisante pour réduire le risque spécifique sans diluer la performance. Un portefeuille de 20-30 titres constitue un bon compromis entre diversification et gérabilité.
4. Discipline : L'approche quantitative élimine le biais émotionnel. Si une société ne répond plus aux critères, elle est vendue. Si une nouvelle société répond aux critères, elle est achetée. Pas de jugement subjectif, pas d'attachement émotionnel.
Pourquoi cette approche fonctionne-t-elle ?
Trois facteurs expliquent la surperformance de cette stratégie :
1. Le facteur croissance : Les sociétés qui augmentent leurs bénéfices de 10%+ par an sur 5 ans démontrent un avantage compétitif durable. Cette croissance finit par se refléter dans le cours de l'action.
2. La valorisation raisonnable : Le plafond P/E de 25 évite les pièges de valorisation. Payer un prix raisonnable pour la croissance améliore le profil risque-rendement.
3. La qualité financière : Le score Piotroski et le ratio d'endettement filtrent les sociétés fragiles. Seules les sociétés avec des fondamentaux solides passent le filtre.
Cette combinaison crée un portefeuille de "croissance qualitative à prix raisonnable" (Quality Growth at Reasonable Price), une approche qui historiquement surperforme sur le long terme.
Limites et précautions
Comme toute stratégie quantitative, celle-ci comporte des limites :
1. Performance passée ≠ performance future : Les backtests montrent ce qui a fonctionné, pas ce qui fonctionnera. Les conditions de marché évoluent.
2. Concentration sur les small et mid caps : Le portefeuille contient de nombreuses sociétés de taille moyenne ou petite, plus volatiles que les blue chips du SMI.
3. Drawdowns significatifs : Le drawdown maximum dépasse 56%, ce qui exige une forte conviction pour tenir la stratégie pendant les marchés baissiers.
4. Rotation élevée potentielle : Certaines années, le turnover peut être important si de nombreuses sociétés cessent de répondre aux critères ou si de nouvelles apparaissent. En moyenne, 58% du portefeuille change chaque année.
Dividendes croissants ou croissance des bénéfices ?
L'enseignement principal de cette analyse est clair : sur le marché suisse, la croissance des bénéfices l'emporte largement sur les critères de dividendes croissants. Une société qui augmente ses bénéfices de 15% par an finira par augmenter son dividende, même si ce n'est pas sa priorité immédiate. À l'inverse, une société qui maintient ou augmente légèrement son dividende sans croissance des bénéfices verra sa valorisation stagner ou baisser.
Cela ne signifie pas que les dividendes sont sans importance. Pour de nombreux investisseurs, le revenu passif régulier constitue un objectif en soi. Mais du point de vue de la performance totale (plus-values + dividendes), la croissance des bénéfices constitue le moteur principal.
L'approche originale de Jean-Louis en 2013 avait pressenti cette importance de la croissance (avec son critère EPS growth >5%). Les backtests confirment et amplifient cette intuition : augmenter l'exigence à 10% et ajouter des filtres de qualité financière génère une surperformance remarquable.
En pratique : construire votre portefeuille
Pour les investisseurs souhaitant appliquer cette stratégie :
Étape 1 : Utilisez un screener pour identifier les sociétés suisses répondant aux quatre critères (EPS growth >10%, P/E <25, Piotroski >3, Dette/Capitaux <2).
Étape 2 : Investissez un montant équivalent dans chaque société (pondération équipondérée).
Étape 3 : Une fois par an, réévaluez le portefeuille. Vendez les sociétés qui ne répondent plus aux critères, achetez celles qui y répondent nouvellement.
Étape 4 : Rééquilibrez vers l'équipondération si nécessaire.
Cette discipline simple, appliquée avec constance sur 10-20 ans, a généré des rendements exceptionnels sur le marché suisse selon les backtests.
Conclusion
L'analyse originale de Jean-Louis en 2013 a posé les fondations d'une approche solide pour identifier les sociétés suisses performantes. Vingt ans de backtests révèlent que l'essence de cette performance ne résidait pas dans les dividendes croissants, mais dans la croissance des bénéfices combinée à une valorisation raisonnable et une qualité financière élevée.
Les 25 sociétés actuelles qui répondent aux critères optimisés offrent un point de départ intéressant pour les investisseurs cherchant à construire un portefeuille quantitatif sur le marché suisse. Avec une croissance moyenne des bénéfices dépassant 25% par an sur 5 ans, des valorisations raisonnables (P/E moyen de 15.6) et des bilans solides, ces sociétés présentent un profil attractif.
L'histoire des dividendes croissants suisses enseigne une leçon fondamentale : cherchez la croissance des bénéfices, et les dividendes suivront naturellement.
Sources et données
Les données financières présentées (EPS growth, P/E, score Piotroski, ratios d'endettement) proviennent de FactSet et sont à jour au 13 décembre 2025. Le benchmark utilisé est l'indice Switzerland.
Pour en savoir plus sur le score Piotroski, consultez l'article académique original : Piotroski, J. D. (2000). "Value Investing: The Use of Historical Financial Statement Information to Separate Winners from Losers". Journal of Accounting Research, 38, 1-41.
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Merci Jean-Louis pour ce nouvel article excellent.
Bravo Jean-Louis pour cet article tres interessant.
J’aimerais apporter quelques informations sur 3 titres:
Bossard (le chouchou de mon portefeuille), qui fait dans la vis et le boulon (en fait surtout la distribution de pieces detachees) pourrait etre comparee a Lisi ou Thermador
en France ou a Fastenal, WW Grainger ou MSC Direct aux USA. Pas sur que j’acheterais cette valeur au prix d’aujourd’hui. Le fait que la boite soit controllee par un groupe d’actionnaires/famille peut avoir ses avantages et inconvenients.
Inficon est egalement un pilier de mon portefeuille parmi les small caps. Apres une progression fulgurante du prix de l’action, pas sur non plus que je rentrerai aujourd’hui sur le titre. Et, oui, le payout ratio est important. Inficon est aussi controllee par un groupe d’actionnaires, dont Corisol si je ne m’abuse (family office de la famille Frey).
Warteck Invest est une societe immobiliere. Je la considere personnellement comme une obligation. La societe est active principalement dans l’immobilier de la region baloise. Avec un PE superieur a 20, elle est clairement surevaluee (tout comme les « usual suspect » de la branche en Suisse: Mobimo, Swiss Prime Site, Allreal, PSP). J’attends une correction dans l’immobilier suisse avant de me repositionner dessus.
Merci birdienumnum pour ces compléments!
Est-ce que Warteck Invest et les autres sociétés immobilières que tu cites sont équivalentes aux REITs américaines (c-à-d qu’elles versent quasiment tous leurs bénéfices sous forme de dividendes)?
A voir le rendement et le payout ratio, c’est différent.
Joli Warteck. Mais j’ai quand même une préférence pour PAXN.
Un article très bien détaillé avec des pistes intéressantes qui méritent d’être creusées. Novartys peut être envisageable pour s’assurer sur le long terme ce qui en soi compense largement l’investissement initial.
A ma connaissance, les societes de type REIT n’existent pas en Suisse (aucune incitation fiscale a distribuer tout le benefice).
Par contre, certaines d’entre elles versent un dividende sous forme de remboursement de valeur nominale, donc exempte d’impot anticipe.
C’est le cas de Swiss Prime Site, par exemple.
Bonjour : Je suis incapable d analyser moi-même des titres , mais je ferais les remarques suivantes :
http://www.toutcomptefait.ch établit un classement mensuel des meilleurs fonds de placement :
Chiffres détaillés à l appui son classement est le suivant pour des fonds immobiliers :
Credit Suisse Real Estate Fund International
Credit Suisse 1a Immo PK
Swissinvest Real Estate Investment Fund
Swisscanto (CH) Real Estate Fund Ifca
FIR Fonds Immobilier Romand
UBS (CH) Property Fd-Leman Residential ‘Foncipars’
Credit Suisse Real Estate Fund Siat
Credit Suisse Real Estate Fund LivingPlus
A ma connaissance ces fonds, ont une composition semblable à Warteck mais une capitalisation proche du milliard de CHF , excepté FIR
Je pense qu il est difficile de faire une évaluation pour les deux titres suivants mais sauf erreur
– Implenia : valait en 2007 CHF 40.- et maintenant en mai 2013 CHF 50
– Gurit : en raison de vagues successives de restructuration valait en 1998 CHF 1500.- et maintenant environ 380.-
A la relecture de mon mail ,
Je dois préciser que j ai beaucoup apprécié l exposé de Jean Louis , qui concernait l aspect dividendes
alors que vu mon âge , l approche plus value m intéresse davantage , elles ne sont pas fiscalisées en Suisse –
Pour ce qui concerne les fonds immobiliers suivant leur composition pas d imposition sur la fortune …. la franchise est généralement inférieure à quelques dizaines de milliers de francs …..- et non 1.3 million d euro….leur revenu n est pas imposé non plus –
Warteck comparé à d autres fonds , à une capitalisation largement moindre – que d autres qui ont levé des montants qui ne se contentent pas d approcher le milliard comme je l avais indiqué, mais largement davantage –
Les expériences passées ne présagent en rien celles du futur : j avais revendu mes titres Implénia et Gurit avec une perte importante en capital – Ce qui n a rien à voir avec l appréciation dividende actuellement –
Question banque cantonale Bâloise , elle me semble également intéressante ,
Elle a dû provisionner plusieurs dizaines de millions pour ses caisses de pension , ainsi que la banque COOP qui en dépend –