Investir dans les micro-caps : ma stratégie contrarian expliquée

Dernière mise à jour : novembre 2025

Un changement de cap radical en 2018

En juin 2018, j'ai pris une décision qui allait transformer ma stratégie d'investissement : abandonner les géantes américaines surévaluées pour me concentrer exclusivement sur les micro et nano-caps délaissées par le marché. Une réorientation radicale qui s'est accompagnée d'une baisse d'audience de mon blog, mais qui reposait sur une conviction profonde : les meilleures opportunités se trouvent là où personne ne regarde.

Comparaison investissement big caps vs micro-caps : 
  foule sur valeurs populaires vs opportunités délaissées

À l'époque, j'analysais encore des valeurs comme Coca-Cola (KO:NYQ), attirant naturellement des milliers de lecteurs. En passant à des sociétés comme BVZ (BVZN:SWX), l'audience a chuté de moitié. Mais paradoxalement, c'était exactement ce que je recherchais : l'impopularité comme signal d'opportunité.

La répartition méconnue des capitalisations boursières

La plupart des investisseurs sont obnubilés par les géants de la bourse et sont prêts à payer des prix scandaleux pour en posséder une part. Ils ignorent une réalité statistique fondamentale de la structure des marchés financiers mondiaux.

Si l'on examine la répartition des entreprises cotées à travers le monde par capitalisation :

CatégoriePart du nombre total d'entreprises
Big caps9 %
Mid caps23 %
Small caps21 %
Micro et nano-caps47 %

En se focalisant uniquement sur les big caps, on laisse de côté 91 % des entreprises cotées. Si l'on ajoute les small caps aux micro et nano-caps, on atteint même 68 % du total. C'est comme si un pêcheur ignorait systématiquement sept poissons sur dix dans l'océan.

Le biais mortifère des ETFs

Les ETFs ont démocratisé l'investissement boursier et ont permis à des millions de petits investisseurs d'accéder aux marchés avec diversification et frais réduits. En étant pondérés par la capitalisation, ils assurent mécaniquement un momentum positif qui explique leur surperformance face à la majorité des investisseurs actifs.

Mais ce succès a créé un biais systémique dangereux : les big caps sont littéralement sous perfusion de capitaux, faisant grimper les valorisations à des sommets historiques indépendamment des fondamentaux, tandis que les petites capitalisations sont totalement délaissées.

Les investisseurs institutionnels ne peuvent pas s'aventurer dans les micro-caps pour une raison paradoxale : ils ont trop d'argent à déployer. C'est comme demander à un milliardaire de dépenser toute sa fortune en achetant des petits pains. La liquidité limitée des micro-caps les exclut mécaniquement du radar institutionnel.

L'écart de valorisation : les chiffres parlent

Cette négligence systémique crée des distorsions de valorisation spectaculaires. En analysant le ratio prix/ventes (P/S) comme indicateur de cherté relative :

Catégorie% d'entreprises avec P/S < 1
Big caps22 %
Micro et nano-caps38 %

Le pourcentage d'entreprises bon marché est presque le double parmi les micro et nano-caps. Combiné au fait qu'elles sont cinq fois plus nombreuses que les big caps, il existe près de sept fois plus d'opportunités d'achat à bon prix dans les petites capitalisations que dans les grandes.

Jouer dans la cour des petits plutôt que celle des grands

En investissant dans les big caps, vous entrez dans la cour des grands : vous vous mesurez directement aux analystes sell-side, aux hedge funds quantitatifs, aux algorithmes haute fréquence et aux ressources quasi-illimitées des institutionnels.

Au contraire, le territoire des micro et nano-caps reste largement inexploré. Des dizaines de milliers d'entreprises profitables et sous-évaluées végètent dans l'oubli absolu, simplement parce qu'elles ne disposent pas de la liquidité suffisante pour attirer les gros capitaux. C'est précisément dans cette inefficience structurelle que réside l'avantage de l'investisseur individuel.

La théorie des marchés efficients face à la psychologie humaine

Malgré tout ce que raconte la théorie des marchés efficients, nous restons fondamentalement humains. Nous sommes naturellement attirés par ce qui est populaire, visible, médiatisé. Cette constante psychologique ne change pas, elle s'amplifie même avec les réseaux sociaux.

Mais les modes changent vite. Celui qui reste en dehors de la meute possède un avantage décisif : il ne risque pas de se retrouver piégé dans des histoires dont plus personne ne veut entendre parler du jour au lendemain. Il se pourrait même que ce qui était impopulaire soit soudainement porté aux nues par la foule. Pour l'investisseur contrarian, c'est le moment de réaliser ses profits et de prendre la poudre d'escampette.

Foire aux questions (FAQ)

Pourquoi investir dans les micro-caps plutôt que les big caps ?

Les micro-caps représentent 47 % des entreprises cotées mondiales mais sont délaissées par les investisseurs institutionnels en raison de leur faible liquidité. Cette négligence systémique crée des inefficiences de marché : 38 % des micro-caps s'échangent à un ratio prix/ventes inférieur à 1, contre seulement 22 % des big caps. L'investisseur individuel bénéficie d'un avantage structurel dans ce segment ignoré.

Quels sont les risques spécifiques des micro-caps ?

Les micro-caps présentent trois risques principaux : liquidité limitée (difficulté d'entrer/sortir sur de gros montants), volatilité accrue, et qualité d'information moindre (moins d'analystes, reporting parfois sommaire). Une diversification appropriée et une analyse fondamentale rigoureuse sont essentielles pour gérer ces risques.

Les ETFs sont-ils un problème pour les petites capitalisations ?

Les ETFs pondérés par la capitalisation concentrent mécaniquement les flux vers les big caps, créant un biais systémique. Ce déséquilibre crée des opportunités durables pour les investisseurs actifs capables de détecter la valeur dans les segments délaissés.

Comment débuter dans l'investissement micro-caps ?

Commencez par maîtriser l'analyse fondamentale (lecture de bilans, compréhension des ratios financiers) et acceptez que la liquidité limitée impose une approche long terme. Privilégiez les entreprises profitables avec des bilans solides plutôt que les "stories" spéculatives. La patience est cruciale : ces valeurs mettent souvent des années avant d'être reconnues par le marché.

L'avantage durable de l'impopularité

Les meilleures opportunités se trouvent dans les zones délaissées du marché. Moins d'engouement, mais potentiellement plus de performance grâce à des valorisations rationnelles détachées de l'hystérie collective.

Inutile de dire que ce n'est pas avec les chevaux ayant la plus petite cote (donc les plus populaires) qu'on réalise les gains les plus spectaculaires. L'impopularité n'est pas un défaut, c'est un signal.


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17 réflexions sur “Investir dans les micro-caps : ma stratégie contrarian expliquée”

  1. Laurent Martin

    J’en profite pour vous remercier de manière générale pour votre site, vos articles et vos analyses. Je les lis toujours avec grand intérêt.

    Concernant l’article ci-dessus, je note que l’instinct grégaire concerne l’homme également, y compris l’investisseur. En matière boursière, faire la même chose que les autres en suivant la tendance peut être un avantage si l’on mise avant tout sur les gains en capitaux (à condition de sortir avant que la tendance s’inverse violemment!). Pour celui qui cherche surtout des dividendes, l’intérêt est plutôt d’être contrarian, en trouvant des verseuses de dividendes à bon marché, et par conséquent des valeurs délaissées pour une raison ou pour une autre par la masse des investisseurs; parmi ces valeurs, il y a les petites valeurs qui n’intéressent pas grand monde et dont le cours n’augmente pas ou peu, d’une part, et de grosses valeurs établies et reconnues qui deviennent bon marché suite à un mouvement général de repli boursiers. Si on arrive à mettre la main sur ces grosses valeurs verseuses de dividendes après qu’elles aient été exagérément « massacrées » dans un mouvement de panique, c’est le top, car on a alors une valeur qui non seulement versera des dividendes mais qui permettra en outre un gain en capital appréciable.

    Pour ma part, le Graal, c’est la bluechip verseuse de dividendes qui est massacrée lors d’un mouvement boursier négatif plus ou moins violent. Ne miser que sur le dividende est sans doute une bonne stratégie, mais j’aime bien les gains en capitaux, notamment parce qu’il sont avantageux fiscalement.

    1. Merci Laurent. Les grosses valeurs qui paient des dividendes généreux (et de qualité) ont malheureusement disparu des écrans depuis bien longtemps.
      Mais un retour de manivelle va forcément arriver, tôt ou tard. A ce moment là, on sera tous comme des gamins dans un magasin de jouets, comme en 2009!

  2. Philippe de Habsbourg

    Moi je vous lis souvent! J’aime votre manière de penser et d’aborder la vie face à cette société. Vous me faites voir la vie différemment et pas juste par rapport au cash… Le journal du rentier me manque par contre.
    Longue vie à ce site! Longue vie à la Suisse!

  3. Merci Philippe. Pas de crainte à avoir concernant le journal du rentier, il est toujours en cours et un prochain post est prévu tout prochainement. Les articles se sont espacés parce que les choses sont restées relativement stables dans ma vie ces derniers temps. Mais c’est déjà en train de changer…

  4. Hello Jerome , on peut tres bien lire tes messages directement dans sa propre boite mail et sans pour autant venir sur le site ,,, est ce quantifiable ? en tous cas cela peut expliquer la baisse de frequentation ,,, et n’oublions pas que psychologiquement , nombre de produits « pas assez chers » se vendent mal ou pas ,,,,lol

    1. Le mode de lecture n’explique pas cette baisse.
      Tu as raison. Les gens sont attirés par ce qui brille. Je vais mettre des diamants en fond d’écran! Lol

  5. C’est toujours avec plaisir et intérêt que je vous lis.
    Continuez à partager si cela vous apporte toujours quelque chose car pour nous c’est le cas.

  6. Bonjour Jerôme, juste pour vous dire que j’aime toujours lire vos articles. Il me font voir les choses sous un autre angle et j’apprends toujours quelque chose. Cet article sur l’intérêt d’investir là ou les autres ne vont pas est particulièrement intéressant! Et comme Philippe le dit au-dessus, j’ai hâte aussi de lire à nouveau le journal du rentier. Restez impopulaire, c’est ce qu’on aime chez vous 😉

  7. Merci Jérôme pour ces belles paroles et ta capacité à penser hors des sentiers battus. Être contrarian et oser remettre en question l’establishment est pour moi une qualité plutôt qu’un défaut. C’est à mon avis même essentiel si on veut atteindre l’indépendance financière bien avant l’âge officiel de la retraite. Si tu fais tout comme tout le monde, tu prends ta retraite en même temps que tout le monde!

  8. … et tous les jaloux diront: « Quelle chance ils ont d’être à la retraite si jeunes, alors que moi je dois bosser jusqu’à 65 ans. Pourquoi y ont-ils droit et pas moi? »

  9. ANTONIO martins

    Bonjour Jérôme
    Merci pour tous les articles et la découverte des valeurs inconnues notamment du japon car c’est où la foule n’est pas encore qu’on peut faire du bon travail.
    Merci aussi pour la philosophie qui permet de sortir du consumérisme et de voir autrement la vie que par la seule possession des choses immédiates mais plutôt en construisant un objectif qui apporte l’indépendance à terme et alors de consommer si on le veut dans une grande aisance et selon notre envie.
    amicalement
    Antonio

  10. Au fait , en parlant de fond d ecran et de diamants , ils ressortent bcp mieux avec un fond d ecran noir ,,, blague à part , un fond d ecran noir est bcp plus confortable pour les yeux ,,, je vais bcp moins sur etf replay depuis que la version free est en fond d ecran blanc ,,,, j ai meme l impression qu ils ont reservé le noir pour les abonnés payants ,,, lol

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