Dernière mise à jour : décembre 2025
Permettez-moi de vous raconter une histoire. Une fable moderne sur l'indépendance financière, inspirée de mon propre parcours. Si vous cherchez des formules magiques ou des raccourcis vers la richesse, vous serez déçu. Mais si vous croyez au pouvoir de la constance, de l'apprentissage et de la patience, cette histoire pourrait vous inspirer.

La fable du bon petit écolier
Il était une fois un petit écolier surnommé Lulu. Ses parents travaillaient dur pour nourrir la famille et payer la dette de leur modeste petit appartement. Son papa n'avait pas fait d'études et s'épuisait à l'usine. Sa maman avait réussi à décrocher un petit job administratif à temps partiel mal payé. Le reste du temps, elle vaquait aux tâches ménagères.
Lulu n'était pas très doué à l'école, mais travaillait dur tous les soirs. Il faut dire que ses parents ne lui laissaient pas vraiment le choix, comme s'ils souhaitaient lui éviter de vivre la même vie que la leur. Il avait plusieurs potes, avec qui il aurait aimé passer plus de temps. Mais les devoirs et les leçons lui prenaient beaucoup de temps. Trop de temps.
La révélation de la tortue
Alors un soir, alors qu'il apprenait par cœur "Le lièvre et la tortue" dans sa chambre, il eut une révélation. Je ne suis peut-être pas très doué, se dit-il, mais si je fais comme la tortue, je peux atteindre en premier la ligne d'arrivée. Mais Lulu ne voulait pas devenir premier de classe, car il n'aimait pas l'école. Il avait d'autres projets en tête.
Depuis ce moment, tous les soirs, il consacrait dix minutes de son temps d'étude à s'instruire pour son propre compte. Il lisait sur d'autres sujets, comme le sport, l'actualité, la politique, la santé, la culture, les différents pays du monde, l'économie et la finance. Lentement, mais sûrement, il se constituait une sorte de bibliothèque intérieure, un refuge dans lequel personne ne pouvait entrer.
Grâce à ce monde qui lui était propre, il était capable de créer des voyages virtuels, sur d'autres continents, dans des mondes imaginaires ou encore dans d'autres époques. Plus il apprenait, plus il devenait capable de rêver et de relativiser les tracasseries scolaires. En même temps, il devenait très fort sur certains sujets, y compris à l'école, même si ce n'était pas son but premier.
L'effet boule de neige des connaissances
Rapidement, les dix minutes quotidiennes ne suffirent plus. Lulu augmenta à quinze minutes, puis vingt. Il passait de plus en plus de temps à lire sur plein de sujets différents et de moins en moins sur ses devoirs. Il encaissa de très mauvaises notes sur certaines branches, qu'il parvenait très facilement à compenser grâce à d'autres. Ses parents hésitaient en permanence entre réprimandes et félicitations. En fin de compte, ils étaient fiers de leur petit Lulu, car par moments, il leur paraissait être un génie.
Lulu finit sa scolarité sans trop de problèmes. Il était loin d'être le premier de classe, mais excellait dans certains domaines. Il passa quelques années à l'université, qu'il apprécia énormément. Le monde académique était un tremplin pour le monde imaginaire de Lulu, grâce non seulement aux connaissances qui y étaient enseignées, mais surtout par l'énorme indépendance dont il pouvait bénéficier.
Le réveil dans le monde du travail
Et puis arriva le grand jour où Lulu entra dans la vie active. Au début, c'était un nouveau terrain de jeu, avec une foule de choses à apprendre et des nouvelles têtes à connaître. Mais très vite, il se rendit compte qu'il ne mettait à profit qu'une petite partie de ses nombreux savoirs. Non seulement il commençait à se lasser, mais surtout il avait l'impression que ses connaissances et son énergie lui étaient dérobées par son employeur. Alors qu'il avait étudié jusqu'ici pour entretenir son monde virtuel, ses compétences étaient ici exploitées pour entretenir l'univers d'une autre personne. Lulu n'était plus heureux.
Alors, comme vingt années plus tôt, il se mit à étudier tous les soirs durant dix minutes. Peu à peu, certaines connaissances oubliées resurgirent du passé, notamment l'économie et la finance. Même s'il n'en avait pas fait sa profession, Lulu avait toujours considéré ces domaines avec un certain intérêt, sans trop savoir pourquoi. Alors, les dix minutes par soir passèrent à quinze, puis vingt. Plus il lisait, plus son travail lui paraissait ennuyeux.
L'investissement progressif vers la liberté
Il commença à épargner, puis à investir. Au début, ce n'était pas grand-chose, l'histoire de quelques centaines de francs. Lulu se rappelait néanmoins toujours de la fable de La Fontaine. Son capital se mit à grossir, lentement, mais sûrement. Quand il était à l'école, plus il s'instruisait pour son compte, moins il travaillait ses devoirs. Maintenant qu'il était dans la vie active, plus il s'enrichissait, plus il diminuait son temps de travail. Son taux d'activité se réduisait comme une peau de chagrin. Les collègues autour de lui commençaient à se poser des questions.
Avant ses 50 ans, Lulu annonça à tout le monde qu'il prenait sa retraite. Les gens le regardèrent avec un mélange d'incrédulité, de moquerie et de consternation. J'ai passé ma vie à étudier et travailler pour les autres, dit-il, maintenant je vais consacrer le reste de mon existence à prendre du temps pour moi et mes proches. Derrière les sourires de façade, dans son dos, tout le monde se disait qu'il était devenu fou.
Pourtant, ses parents avaient raison : le bon petit écolier était en fait un génie. Il venait de passer en premier la ligne d'arrivée.
Les leçons concrètes de cette fable FIRE
Cette histoire, c'est la mienne. Romancée, certes, mais fidèle dans son essence. Après 25 ans d'investissement et un blog tenu depuis 2010, voici les principes qui m'ont permis d'atteindre l'indépendance financière progressive entre 40 et 50 ans.
1. La constance est la clé
Comme la tortue de La Fontaine, j'ai misé sur la régularité plutôt que sur les coups d'éclat. Rien de spectaculaire pris isolément, mais l'effet cumulé sur plusieurs années est extraordinaire.
Application pratique : Commencez avec ce que vous pouvez. Ce n'est pas la somme qui compte au début, c'est l'habitude.
2. L'apprentissage continu comme arme secrète
J'ai consacré des milliers d'heures à comprendre l'économie, la finance, l'investissement. Pas pour devenir expert professionnel, mais pour prendre le contrôle de mon avenir financier. Cette connaissance m'a permis d'éviter les erreurs coûteuses et de rester investi pendant les crises.
Application pratique : Lisez 15-30 minutes par jour sur l'investissement. En un an, vous aurez lu 5-10 livres de référence et des centaines d'articles. Votre niveau de compréhension dépassera 95% de la population.
3. La diminution progressive du temps de travail
À mesure que mon capital augmentait, j'ai réduit mon taux d'activité. De 100% à 80%, puis 60%, puis 40%... jusqu'à zéro. Cette approche graduelle m'a permis de tester mon mode de vie, d'ajuster mes dépenses, et de confirmer que mes calculs étaient corrects avant le grand saut.
Application pratique : Diminuez dès que vous le pouvez votre horaire de travail. En plus de vous habituer à votre nouvelle vie, cela vous permettra d'abaisser votre charge fiscale.
4. Accepter l'incompréhension des autres (ou trouver des subterfuges)
La retraite avant suscite incrédulité et moquerie. Les gens projettent leurs propres limitations sur votre parcours. Soit vous ignorez ces réactions, soit vous vous abritez derrière un faux-semblant. Dans mon cas, je me cache derrière une activité indépendante (qui m'occupe quelques heures par semaine et que je ne considère pas comme un travail, mais comme un loisir).
Application pratique : Ne cherchez pas à convaincre tout le monde. Entourez-vous de personnes qui partagent vos valeurs ou gardez vos plans financiers pour vous. Le FIRE reste un concept marginal, même s'il gagne en popularité.
Foire aux questions
Combien faut-il épargner pour prendre sa retraite avant 50 ans ?
Cela dépend de vos dépenses annuelles. La règle des 4% donne une approximation grossière. Elle suggère qu'il faut 25 fois vos dépenses annuelles. Si vous dépensez 40.000 francs par an, visez 1 million de capital. Si vous dépensez 60.000, visez 1.5 million. L'important est de calculer en fonction de votre propre situation, pas de chiffres arbitraires.
Peut-on vraiment atteindre le FIRE avec un salaire moyen ?
Oui, l'important ce n'est pas le revenu, mais les dépenses. Et la patience! Mon parcours a commencé avec des sommes modestes. L'effet cumulé des intérêts composés sur sur les années fait le gros du travail.
Doit-on sacrifier sa vie présente pour le FIRE ?
Non. Le FIRE n'est pas une course à la privation maximale. Il s'agit de dépenser consciemment sur ce qui compte vraiment pour vous, et d'éliminer le superflu. La clé est l'alignement entre vos dépenses et vos valeurs.
Conclusion : votre propre fable commence aujourd'hui
Le parcours vers l'indépendance financière n'a rien de magique. C'est la somme de milliers de petites décisions quotidiennes : épargner plutôt que dépenser, investir plutôt que thésauriser, apprendre plutôt que consommer passivement. C'est choisir d'être la tortue plutôt que le lièvre.
Que vous visiez la retraite à 40, 45, 50 ans ou plus importe peu. Ce qui compte, c'est de reprendre le contrôle de votre temps et de votre vie. Votre propre fable commence aujourd'hui, avec la première décision, le premier franc épargné, la première page lue.
Lentement, mais sûrement, vous aussi passerez la ligne d'arrivée en premier.
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Belle fable dont, te connaissant, on imagine la plus grande partie autobiographique. 🙂
Devenu aujourd’hui parent, et à la lumière de mes propres expériences, les questions que je me pose désormais sont: Comment faire profiter nos enfants de ce savoir? Faut-il leur parler de notre parcours et de nos convictions? Ou n’est-il pas préférable de les laisser faire leurs propres expériences?
J’ai souvent été tenté de leur dire ce que je pensais véritablement du monde professionnel, de ces heures supp qui me volaient du temps avec eux, de ces nuits blanches passées à me prendre la tête sur des projets ou des histoires avec des collègues toxiques. Leur dire de commencer très tôt à mettre de l’argent de côté et l’investir afin de pouvoir quitter cet univers de fous avant d’être cuits comme des steaks.
D’un autre côté, je me dis que toutes ces considérations n’engagent que moi, qu’elles ne sont que le reflet de mes propres expériences et pas la vérité absolue. Peut-être parviendront-ils à s’épanouir dans ce monde professionnel, là où j’ai échoué à le faire?
En étant trop honnête, j’ai peur des les démotiver à bien travailler à l’école et d’en faire des personnes désabusées avant l’heure. N’ont-ils pas le droit d’être des enfants comme les autres, insouciants et plein d’espoir, de « bons petits écoliers » comme les autres?
Comment as-tu choisi d’aborder ces questions avec tes enfants? Sont-ils au courant de ta démarche, de tes convictions et de tes projets d’indépendance financière?
Tu te doutes bien que dans mon cas ils vont bien finir par avoir de la curiosité par rapport à ce je fais derrière mon pc, avec ce blog. Je ne vais pas le leur cacher quand cela viendra. Pour l’instant je me contente de leur expliquer plutôt le côté technique de l’approche et non son aspect philosophique. Cela veut dire essentiellement pourquoi c’est important de toujours mettre un peu de côté quand ils reçoivent de l’argent. Ils peuvent se faire un petit cadeau tout de suite mais je leur demande d’économiser pour se faire un plus grand cadeau plus tard. Ils ont très bien compris pourquoi cela valait la peine. Je les laisse aussi libre de faire les activités qu’ils aiment (comme le sport par ex.), pas ce que j’aimerais qu’ils fassent. Tout comme je les laisserai libres de choisir les études et la profession qu’ils aiment. Je n’ai pas vraiment eu ces choix étant plus jeune, et ce n’est donc pas étonnant que je n’apprécie pas mon travail aujourd’hui. Je me dis que si ils ont ces libertés, ils auront plus de chances d’être heureux au travail et donc l’indépendance financière ne sera peut-être pas nécessaire pour eux. Ou si elle l’est quand même, ce sera peut-être à un degré moindre.
Ces jours, sur la radio RTS La Première, il y a le matin, après 8h00, une série d’émissions consacrées au travail, sous divers angles; on peut les retrouver en « podcast ».
J’ai entendu partiellement une émission qui évoquait le mouvement « frugaliste » en Allemagne. Les frugalistes ont une approche similaire mais plus extrême que celle dont il est question sur « dividendes.ch », en ce sens qu’il se contente a priori de vivre très modestement, à la fois durant la phase d’économie, celle d’investissement et celle de l’indépendance financière (était présenté le cas d’un Berlinois ayant pris sa « retraite » à 49 ans, avec un budget de EUR 2’000.- par mois, ce qui lui permet selon ses dires de vivre correctement mais modestement dans cette ville, sans luxe et en maîtrisant soigneusement ses dépenses).
De manière générale, il semblerait que la relation des gens avec le travail est en train de changer de manière relativement profonde, et que beaucoup aspirent à sortir du système traditionnel.
Question: si tous le monde avait un objectif d’indépendance financière par l’économie et l’investissement, le système tiendrait-il debout?
Le frugalisme n’est pas nouveau, j’en parlais déjà ici :
https://www.dividendes.ch/2012/12/tout-ce-quil-faut-savoir-pour-devenir-un-rentier-precoce/
Il faut lire notamment le livre de Jacob Lund Fisker qui est un extrémiste en la matière 😉
Non le système ne tiendrait pas debout puisqu’il se base justement sur la production et la consommation. Sans travailleurs pas, de production et sans clients, pas de consommation.
Néanmoins nous sommes très loin du jour où tout le monde sera sorti de la Rat Race. Sur cette planète, nous les frugalistes et aspirants de l’indépendance financière nous ne représentons qu’une marge infime de la société.
N’oublions pas aussi qu’il y a énormément de gens qui aiment consommer et même travailler. Si si ça existe.
L’indépendance financière n’est pas faite pour tout le monde. Il faut un certain type de personnalité qui va avec, genre INTJ, INTP ou INFJ. Ces profils ne représentent que quelques petits points de pourcentage de la société. Et parmi eux seule une minorité vont se laisser tenter par une retraite précoce, les autres ne considérant souvent qu’ils n’ont ni l’envie, ni les moyens ou encore les compétences de le faire (à tort entre nous soit dit).
Donc pas de souci, nous avons encore de beaux jours devant nous !