Travailleur imparfait : pourquoi les dividendes me libèrent

Je rebondis sur le dernier article de dividinde relatif à notre nature imparfaite d'investisseur. Si nous avons la chance d'être autocritiques par rapport à nos compétences en bourse, le monde du travail nous pousse au contraire à vouloir toujours atteindre la perfection. Cette quête impossible m'a conduit vers une découverte libératrice : les dividendes se moquent de mes imperfections.

Railroad worker takes break trainyard

L'injonction toxique de la perfection professionnelle

Voici un melting-pot de remarques entendues au cours de ma carrière :

« Tu as contracté 600 nouveaux clients l'année dernière ? Bravo. Pour l'année prochaine je te fixe un objectif de 800. Et puis, il faudrait aussi que tu réduises tes coûts de 25%. D'ailleurs on va te soumettre à un audit pour t'aider dans cette démarche. Faudra sortir les justificatifs de toutes tes dépenses des cinq dernières années. Dorénavant je te demande de faire signer tous tes documents par le chef des ventes, le chef de la compta et le directeur. Ah oui, et au passage si tu peux éviter d'avoir l'air aussi fatigué quand tu arrives le matin, ça arrangerait tout le monde. Je te rappelle que tous nos collaborateurs sont des « SABRES » (Souriants – Agréables – Beaux – Rigolos – Élégants – Séducteurs), selon la directive interne. Donc fais un effort. Tu comprendras que dans ces conditions je ne peux pas te payer le bonus prévu. »

Ces remarques traduisent ce que les entreprises attendent : un personnel performant, bon marché, souriant, de bonne humeur tous les jours. Bref, parfait. Comme nous sommes par nature imparfaits, le monde professionnel nous met dans un état de tension permanente qui nous rend encore plus mauvais à ses yeux.

Les dividendes : un revenu sans conditions

Quand on investit dans les dividendes croissants, on n'a pas besoin d'être parfait. Qu'on soit fatigué, de mauvaise humeur, malade ou avec la gueule de bois, les petits sous continuent à tomber régulièrement. Vous pouvez même vous permettre de vous tromper, d'acheter au plus mauvais moment des aristocrates de dividendes, vous continuerez non seulement à être payé, mais aussi à être augmenté de 10% par année en moyenne.

Réfléchissez : combien de fois votre patron vous a-t-il donné une augmentation pareille, de surcroît après que vous vous soyez lamentablement fourvoyé ?

La liberté d'être imparfait

Les dividendes n'attendent rien de vous. Contrairement à votre employeur, ils ne vous demandent pas :

  • De rendre des comptes sur votre productivité
  • D'atteindre des objectifs toujours plus ambitieux
  • De respecter des horaires stricts
  • D'afficher un sourire de façade
  • De justifier vos choix personnels

Vous pouvez vous asseoir fièrement sur votre nature imparfaite et vous en délecter. Les petits sous continuent à tomber du ciel, indifférents à votre humeur du jour ou à vos erreurs passées.

Du salarié stressé au rentier serein

Cette prise de conscience a transformé ma vision de l'indépendance financière. Pendant des années, j'ai cru qu'il fallait être un investisseur parfait pour réussir en bourse. La réalité est tout autre : une stratégie simple basée sur les dividendes croissants pardonne les erreurs et récompense la patience.

Depuis que j'ai atteint l'indépendance financière, je mesure chaque jour la différence. Plus besoin de performer pour un patron exigeant. Plus besoin de justifier mes choix de vie. Les revenus passifs coulent, réguliers comme un métronome, qu'il pleuve ou qu'il vente.

Construire sa liberté brique par brique

Si vous êtes encore dans la phase d'accumulation, sachez que chaque dividende réinvesti vous rapproche de cette liberté. Vous n'avez pas besoin d'être un génie de la finance. Vous n'avez pas besoin de timer le marché parfaitement. Vous avez simplement besoin de commencer, de persévérer, et d'accepter que vos imperfections ne sont pas un obstacle.

Les entreprises qui versent des dividendes croissants depuis 25 ans ont traversé des crises, des récessions, des guerres. Elles ont survécu malgré leurs propres imperfections. Elles continueront à vous payer, que vous soyez au sommet de votre forme ou au fond du lit avec une grippe.

Cela aussi, c'est parfait comme ça.

FAQ

Les dividendes sont-ils vraiment passifs ?

Oui, une fois l'investissement réalisé, les dividendes tombent automatiquement sans action de votre part. Vous pouvez les réinvestir ou les utiliser selon vos besoins.

Faut-il être expert pour investir dans les dividendes ?

Non. Une stratégie simple basée sur les aristocrates de dividendes (entreprises qui augmentent leurs dividendes depuis 25 ans minimum) ne nécessite pas d'expertise particulière.

Combien faut-il investir pour vivre des dividendes ?

Cela dépend de votre train de vie. En règle générale, comptez un capital de 33 fois vos dépenses annuelles pour atteindre l'indépendance financière. Il y a heureusement d'autres méthodes complémentaires qui nécessitent moins d'argent et donc, moins de temps pour y arriver.

Les dividendes peuvent-ils remplacer un salaire ?

Absolument. C'est le principe même de l'indépendance financière : vos revenus passifs couvrent vos dépenses, vous libérant de l'obligation de travailler.


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24 réflexions sur “Travailleur imparfait : pourquoi les dividendes me libèrent”

  1. Analyse très pointue du monde professionnel et de ses travers!

    Si je fais le pot-pourri de mes 20 années d’esclavagisme, je peux en ressortir les quelques exemples suivants:

    – Faire tout bien pendant toute l’année, mais on vous fait payer les seuls 2 ou 3 jours où vous n’avez pas été au top.

    – Fixer des objectifs irréalistes pour s’assurer que l’employé ne pourra pas les atteindre (une mesure d’économie très simple).

    – La mauvaise foi: par exemple, le chef commet une bourde mais remet la faute sur un employé pour ne pas se faire tirer les oreilles par son chef à lui.

    – Le collègue qui vous fait la gueule depuis des années pour une phrase insignifiante qu’il a comprise de travers, pour une histoire de machine à café, pour une promotion qu’il pensait mériter plus que vous, etc.

    A côté de toute cette schizophrénie et mesquinerie, les dividendes sont une vraie bouffée d’oxygène, des fragments de liberté.

    De plus, comme tu l’as si bien expliqué dans ton e-book (lecture délicieuse et incontournable pour quiconque aspire sérieusement à l’indépendance financière !!!), le grand paradoxe est que plus on a de succès au travail, moins on a de temps pour soi. Au contraire, plus on a de succès en tant qu’investisseur, plus on a la possibilité d’avoir à nouveau plus de temps libre pour soi. 🙂

    1. Merci pour tes compliments!

      En effet le travail est toujours mal payé.
      Plus on bosse, plus on nous en demande, pour la même rétribution ou presque. Sans parler des jeunes que j’ai vu l’autre soir à la télé qui travaillent bardés de diplômes gratos pour leurs patrons comme stagiaires.

      N’importe quoi. Ca me rappelle mon feu grand père qui devait même payer pour avoir un job.
      L’argent et le pouvoir est concentré chez quelques grosses fortunes et tous les autres mortels doivent s’ereinter pour n’en ramasser que lea miettes. Tout le système fonctionne à merveille parce que les gens ont des œillères bien ancrées autour des yeux et une carotte en or devant le museau : le monde de la consommation et son marketing omniprésent.

      Le seul moyen de s’en sortir c’est d’imiter les riches : devenir propriétaire et dépenser moins que ce qu’on gagne. Seul le capital permet de vivre convenablement. Pas le travail.

  2. A des fins de diversification et en raison de leurs dividendes très élevés (mais stagnants), je suis tenté de m’offrir une pétrolière britannique, mais je dois avouer que je ne connais rien à ce secteur… J’ai le choix entre Royal Dutch Shell et BP. La première semble être une meilleure option sur le papier: elle offre un dividende un poil plus élevé et un PER légèrement plus bas. Quel est ton point de vue?

    1. On n’est pas frérots pour rien… RDS est aussi passé plusieurs fois sous mon radar ces derniers jours!
      J’ai une très nette préférence pour ce dernier par rapport à BP :
      – RDS est moins cher que BP, en particulier par rapport au FCF (par contre un peu plus cher par rapport aux ventes)
      – Le dividende est mieux couvert par les bénéfices chez RDS que chez BP, et c’est encore plus vrai par rapport au FCF
      – la rentabilité, la marge nette et la marge de FCF sont meilleures chez RDS
      – l’endettement est plus bas chez RDS
      – le nombre d’actions en circulation monte sur le court et le long terme chez BP, alors qu’il baisse à court terme chez RDS
      – les frais généraux sont très faibles chez RDS, alors que chez BP ils sont assez faibles
      – la volatilité et le beta sont plus faibles chez RDS
      – le score de Piotroski est de 8 chez RDS, 6 chez BP

      Bref, il n’y a pas photo. Mais je n’ai pas encore passé d’ordre pour RDS.

      1. Merci frérot pour ta réponse détaillée, je vais suivre RDS de près ces prochains jours. Le yield est actuellement de 6%, j’aimerais essayer d’obtenir 6.2 ou 6.3%. Ces secousses à la bourse (merci le trisomique à la mèche blonde!) commencent à offrir quelques opportunités.

      2. Philippe de Habsbourg

        Je me posais justement la même question!
        Un seul tweet et tout le marché mondial s’emballe.
        Ensuite le SEC (police de la bourse américaine) fait chier Elon Musk pour beaucoup moins tant qu’à moi!

      3. Exact. Et tu verras que dans quelques jours il va tweeter qu’il a trouvé un accord « fantastique » avec ses amis chinois. Et boum dans l’autre sens.
        Ils peuvent sans hésiter se mettre sur le rapport Mueller 2.0 !

      4. Philippe de Habsbourg

        Suite à la débâcle en début de semaine, Trump dit qu’il « pense » à remettre à plus tard les frais de douanes et les marchés remontent de manière fantastique! C’est juste moi qui trouve ça ou les acteurs financiers sont des pions qui valsent au rythme des paroles de Trump et s’enrichissent presque sur du vent en ce moment?! Bien content d’être ni acheteur ni vendeur dans ce contexte totalement absurde. Mon portefeuille continue de croître de manière à me faire halluciner, mais moins vite que si j’avais 100% d’actions. Mais honnêtement, si c’était le cas, j’aurais l’impression d’investir 100% sur Trump! Et ça, je dormirais mal la nuit et j’aurais des ulcères le jour…

      5. Ce gars manipule les marchés en toute impunité. 1 put par ci, 1 tweet, puis 1 call par là et autre tweet. Honteux.
        Encore et toujours, pour rester de marbre, mieux vaut être cash, même en partie, et/ou investi sur le long terme. Les actifs réels comme l’immobilier et l’or font aussi du bien durant cette incertitude provoquée.
        Quand on voit la santé mentale des ‘grands’ de ce monde, ça fait peur…

      6. Trump est un fou et c’est pour ça que je me soigne avec les dividendes 😉

      7. Achat de Royal Dutch Shell (B) aujourd’hui, le dividende de 6.4% (et ses 70 ans sans diminution du dividende) est devenu irrésistible! Merci Donald pour ces soldes… 😉

      8. Le marché est un véritable château de cartes en ce moment. Il n’y a plus que quelques gros titres tout au fond du château qui maintiennent encore l’édifice.
        Quand ceci von lâcher, sur simple Tweet de Trump (qui aura pris le soin de shorter juste avant), ça va secouer sec !

      9. Et aujourd’hui il est de nouveau copain avec les chinois et ça repart dans l’autre sens! Je déteste cette bourse politique qui réagit à tout sauf aux fondamentaux.

        Cela dit cette volatilité accrue crée de belles opportunités. Dernièrement j’ai renforcé Altria (encore une nouvelle hausse de dividende et désormais 50 ans d’augmentations!) et Luzerner KB. J’ai aussi acheté pour la première fois Bucher (faudra que j’écrive une analyse).

        En contrepartie j’ai vendu presque toutes mes valeurs immobilières que j’estime désormais complètement hors de prix: SPS, Mobimo et Allreal. Je les rachèterai plus bas, mais à ces prix je suis incapable de les conserver.

      10. Bucher ? En Valais on a Buchard, mais rien à voir !
        Trêve de plaisanterie, ça a l’air pas mal, bon marché, joli dividende. Impatient de lire une analyse !
        Faudra moi aussi que je commence à me remettre au travail, les vacances sont terminées 🙁

        Et puis pour relativiser les âneries de Trump il faut se dire que tout son cirque ne fait qu’éloigner encore plus les « investisseurs » de la réalité : les fondamentaux. Et ça c’est tout bon pour nous à long terme. Il va y avoir de jolies opportunités quand tout ce petit monde va se réveiller. En ce moment je bois déjà du petit lait car l’or, les obligations longues US et plusieurs de mes valeurs « old school » sont en train de faire une remontada de chez remontada.

  3. Bonjour,

    En lisant ce billet, une petite question me taraude.
    Les entreprises a dividendes croissants fonctionnent in fine grace aux salaries qui y travaillent…
    Du coup, si ces salaries deviennent demotives (? comme vous ?), comment ces entreprises pourraient-elles continuer a assurer leurs dividendes ?

    Amicalement.

    1. Ah je ne compte plus le nombre de fois où on m’a posé cette question 😉
      Pour varier mes réponses je me permets de poser d’autres questions à mon tour :
      – que se passerait-il si tous les locataires voulaient devenir proprios?
      – et si tous les travailleurs voulaient devenir indépendants ?
      – ou que tous les clients voulaient produire leurs propres biens ?

      Les proprios, les patrons et les entreprises ne s’en inquiètent pas parce que tout le monde ne veut et/ou ne peut pas le faire.

      Il y aura toujours des locataires bien contents qu’une personne leur loue un bien, des travailleurs heureux qu’un salaire fixe soit versé chaque mois par leur patron et des clients qui s’impatientent d’acheter le dernier truc à la mode.

      La vie est comme ça. Nous sommes tous différents et c’est très bien ainsi. Selon les 16 types de personnalité, nous ne sommes qu’un tout petit nombre (autour de 5%) à posséder le profil en vue de devenir financièrement indépendants. Ce chiffre baisse encore si on tient compte des compétences. Tout le monde n’arrive pas à épargner et/ou à investir, même si ce n’est pas si compliqué. Les moyens peuvent aussi jouer un certain rôle même si on peut aussi y arriver en partant de rien.

      Heureusement pour eux, la plupart des gens trouvent leur compte dans le monde du travail. Ils s’y développent, y entretiennent leur réseau, s’y enrichissent un peu. Pour certains c’est aussi un exutoire à la vie privée. Même si tout n’y est pas tous les jours rose, ils se consolent aussi en touchant leur salaire, en le dépensant, en consommant, en plongeant dans la société de consommation.

      Je n’ai pas besoin de travailler (en mode salaire) et de consommer (en mode rat race) pour être heureux. Donc je n’y trouve pas mon compte. Néanmoins ce n’est pas pour ça que je suis ‘démotivé’ de travailler pour un patron. Pour cela il faudrait déjà l’avoir été un jour 😉

      1. D’accord, je comprends l’idée; espérons pour nous que le mouvemente FIRE reste marginal alors 🙂 !

    2. Philippe de Habsbourg

      Bien souvent, pour garder motivé les salariés, les entreprises de toutes tailles offrent des actions à leurs employés. De cette de manière, l’employé X obtient un peu le fruit de son travail, autrement que par un salaire, si l’entreprise se porte bien.

  4. Bonjour Jérôme,
    J’ai une petite question en ce qui concerne les dividendes, vu que je suis encore un néophyte et que j’attends ton livre qui va arriver aujourd’hui 🙂 !
    Pour l’encaissement du dividende en bourse, est-ce qu’il est au pro rata temporis du temps que l’on a détendu l’action ? Ou il suffit de l’avoir la veille pour toucher 100% du dividende ?

    Merci encore à toi.

    Matthieu

    1. Hello Matthieu

      il suffit de l’avoir avant la date « EX » pour toucher le dividende. S’il s’agit de dividendes versés semestriellement ou trimestriellement, comme souvent aux USA, tu toucheras évidemment le montant uniquement pour cette durée.

      A++

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