Article original rédigé par dividinde en 2021, réactualisé par mes soins en novembre 2025
Vaudoise Assurances affiche une performance boursière remarquable de +41% sur un an, portant son cours à 659 CHF. Pourtant, avec un P/B de 0.76 et un dividende en croissance de 11% par an, cet assureur mutualiste reste une opportunité value défensive pour investisseurs patients. Analyse d'une entreprise solide qui combine prudence financière et potentiel sous-estimé.

Une structure mutualiste qui privilégie la stabilité
Fondée en 1895, Vaudoise Assurances Holding SA est une société coopérative dont 67.6% du capital est détenu par la Mutuelle Vaudoise. Cette structure mutualiste, comparable à celle de Raiffeisen ou Migros, permet la redistribution d'une partie des bénéfices aux assurés sous forme de rétrocession de primes.
Ce modèle coopératif offre un avantage stratégique majeur: une politique de développement orientée sur le long terme, sans pression actionnariale court-termiste. L'entreprise peut ainsi privilégier la solidité et la croissance durable plutôt que les résultats trimestriels.
Cette médaille a cependant son revers: les actionnaires minoritaires disposent d'un pouvoir de décision limité. Les actions nominatives A, entièrement détenues par la Mutuelle Vaudoise, bénéficient d'un droit de vote privilégié totalisant 91.2% des droits de vote. Seules les actions nominatives B sont cotées à la bourse suisse, avec un free float d'environ un tiers seulement.
Positionnement et activités
Vaudoise Assurances est aujourd'hui exclusivement active sur le marché helvétique, un choix stratégique judicieux après l'échec cuisant de son expansion en Italie et Espagne dans les années 1990. Cette aventure internationale s'était soldée par des pertes abyssales qui ont marqué durablement la stratégie du groupe.
Avec une capitalisation boursière de 1.9 milliard et 2009 collaborateurs répartis dans 113 agences, Vaudoise reste une compagnie de taille modeste comparée aux géants du secteur. Son portefeuille d'activités se répartit comme suit:
- 50% assurances patrimoine (dont véhicules à moteur, principale branche)
- 32% assurances de personnes non-vie
- 18% assurances vie
Le groupe mise particulièrement sur l'expansion en Suisse alémanique, où le potentiel reste considérable: actuellement seulement 37% des primes sont encaissées outre-Sarine. Cette géographie offre une marge de progression importante sans les risques liés à l'international.
Depuis l'acquisition d'Animalia en juin 2016, Vaudoise est également active dans la couverture maladie et accidents pour chats et chiens, un segment de niche en croissance.
Une solidité financière exceptionnelle
Vaudoise Assurances fait partie des assureurs les plus solides du marché suisse. Son niveau de fonds propres correspond à environ trois fois le minimum légal requis par le Test Suisse de Solvabilité (SST), offrant ainsi un coussin de sécurité exceptionnel face aux aléas.
Cette solidité se reflète dans tous les indicateurs:
| Métrique | VAHN | Moyenne industrie |
|---|---|---|
| Dette/Equity | 0.08 | 0.29 |
| Couverture des intérêts | 34.19x | 14.25x |
| P/B | 0.76 | 1.69 |
Le ratio d'endettement quasi-inexistant (0.08) et la capacité à couvrir 34 fois ses charges d'intérêts témoignent d'une structure financière exemplaire. Cette prudence permet à Vaudoise de traverser les crises sans compromettre sa solvabilité.
Performance opérationnelle remarquable
La profitabilité de Vaudoise Assurances repose sur des fondamentaux solides. Le ratio combiné non-vie, qui mesure le rapport entre coûts/dommages et primes encaissées, s'établit à un niveau excellent autour de 92-93%. Tout ratio inférieur à 100% signifie que l'assureur est rentable sur son activité de souscription, avant même les revenus de placements.
La marge nette de 10.12% surpasse la moyenne du secteur (8.63%), démontrant l'efficacité opérationnelle du groupe. Le rendement des fonds propres (ROE) atteint 6.02%, une performance correcte pour un assureur, même si elle reste inférieure à la moyenne industrielle de 13.18%.
La résilience de Vaudoise s'est particulièrement manifestée durant la pandémie COVID-19. Alors que le bénéfice net de Baloise chutait de 37% et celui d'Helvetia de 48%, Vaudoise limitait la baisse à seulement 8%. Cette performance relative exceptionnelle valide la robustesse du modèle d'affaires et la qualité de la gestion.
Sur les douze derniers mois, le bénéfice net s'établit à 149.92 millions, en progression de 4.37%, confirmant le retour à la croissance post-pandémie.
Valorisation attractive et dividende croissant
L'action Vaudoise Assurances s'échange à une valorisation remarquablement décotée par rapport à ses pairs. Le P/B de 0.76 signifie que le marché valorise l'entreprise à seulement 76% de ses fonds propres comptables, alors que Baloise et Helvetia affichent des ratios supérieurs à 1.
Cette décote s'explique par trois facteurs principaux:
- Un dividende légèrement inférieur aux concurrents (3.64% vs environ 4%)
- Un free float limité à un tiers, réduisant la liquidité du titre
- Des perspectives de croissance modérées typiques d'un titre value défensif
Le P/E de 12.76 reste proche de la moyenne industrielle (13.40), confirmant une valorisation raisonnable sans excès spéculatif.
Un dividende sûr avec potentiel d'appréciation
Le dividende de Vaudoise Assurances combine sécurité et croissance:
| Indicateur | Valeur | Commentaire |
|---|---|---|
| Dividende annuel | 24.00 CHF | +50% vs 2020 |
| Rendement | 3.64% | Attractif en environnement taux bas |
| Payout ratio | 40.12% | Très prudent (cible 30-50%) |
| Croissance 5 ans | 11.10%/an | Supérieure à l'industrie (5.93%) |
Le dividende a plus que doublé en dix ans, passant de 7 CHF en 2010 à 24 CHF actuellement. Cette progression régulière témoigne de la capacité bénéficiaire croissante du groupe et de son engagement envers les actionnaires.
Le payout ratio de 40% laisse une marge de manœuvre confortable pour poursuivre les augmentations. Même en période difficile comme 2020, le conseil d'administration a maintenu sa politique de distribution, signalant sa confiance dans la solidité financière et les perspectives futures.
Perspectives et recommandation d'investissement
Vaudoise Assurances incarne le profil type d'une valeur défensive value: croissance modérée mais prévisible, solidité financière exceptionnelle, et valorisation décotée offrant une marge de sécurité confortable.
Catalyseurs de croissance
Plusieurs éléments peuvent soutenir la performance future:
- Expansion continue en Suisse alémanique avec 63% du marché encore à conquérir
- Digitalisation progressive des processus et amélioration de l'expérience client
- Maintien de ratios combinés excellents dans un environnement concurrentiel
- Potentiel d'amélioration du ROE via l'effet de levier opérationnel
Risques à considérer
Tout investissement comporte des risques qu'il convient d'évaluer:
- Liquidité limitée du titre (free float 33%) pouvant accentuer la volatilité
- Croissance structurellement modérée dans un marché mature
- Exposition importante au marché automobile suisse et son évolution
- ROE inférieur à la moyenne du secteur
- Pouvoir de décision limité pour actionnaires minoritaires
Positionnement dans un portefeuille FIRE
Pour un investisseur en quête d'indépendance financière, Vaudoise Assurances présente un profil intéressant comme position satellite défensive:
- Dividende croissant stable et sécurisé par payout ratio prudent
- Faible corrélation avec les marchés (beta 0.25)
- Valorisation décotée offrant potentiel d'appréciation du capital
- Qualité de l'entreprise et solidité financière exceptionnelles
Le titre convient particulièrement aux investisseurs value patients, prêts à accepter une liquidité limitée en échange d'une exposition à une entreprise solide, rentable et sous-évaluée. La performance de +41% sur un an, malgré le profil défensif, démontre que le marché finit par reconnaître la qualité.
Au cours actuel de 659 CHF, Vaudoise Assurances reste une opportunité d'achat pour construire une position défensive value dans un portefeuille diversifié. La combinaison solidité/dividende/décote justifie une recommandation d'achat progressive.
Questions fréquentes
Pourquoi Vaudoise Assurances est-elle moins chère que ses concurrents?
Le P/B de 0.76 s'explique par trois facteurs: un dividende légèrement inférieur à Baloise et Helvetia (3.64% vs environ 4%), une faible liquidité du titre avec un free float limité à un tiers, et des perspectives de croissance modérées typiques d'un positionnement value défensif. Cette décote offre une opportunité pour investisseurs patients privilégiant la solidité à la croissance rapide.
Le dividende de Vaudoise Assurances est-il durable?
Très durable. Le payout ratio prudent de 40% (pour une cible de 30-50%), le niveau de fonds propres trois fois supérieur au minimum légal, et l'historique de croissance du dividende de 11% par an sur cinq ans témoignent de la solidité de la politique de distribution. La structure financière exceptionnelle avec un ratio d'endettement de 0.08 sécurise les distributions futures même en période difficile.
Vaudoise Assurances convient-elle à un portefeuille FIRE?
Oui, comme position satellite value défensive. Avantages: solidité financière exceptionnelle, dividende croissant stable et sécurisé, valorisation décotée offrant marge de sécurité, faible volatilité (beta 0.25). Inconvénients: faible liquidité du titre, croissance structurellement limitée, rendement inférieur aux autres assureurs suisses. Idéale pour investisseurs value patients recherchant qualité et stabilité plutôt que croissance rapide.
Quel est le potentiel d'appréciation du titre?
Le P/B de 0.76 suggère un potentiel de revalorisation vers la valeur comptable (environ +30%) si le marché reconnaît pleinement la qualité de l'entreprise. L'expansion en Suisse alémanique et l'amélioration progressive du ROE pourraient catalyser cette convergence. Toutefois, le profil value défensif implique une appréciation graduelle plutôt qu'explosive, typique des titres de qualité sous-évalués.
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Merci frérot. Cela fait toujours plaisir de lire tes excellentes analyses.
J’étais actionnaire de la Vaudoise il n’y a pas si longtemps. C’est une très bonne entreprise et comme tu le soulignes très justement elle est tout à fait abordable. J’en suis sorti parce qu’elle ne correspond plus tout à fait ma stratégie d’investissement, mais ça reste une valeur sûre.
Merci Jérôme. Je sais que tu es toujours très exigeant avec tes critères de sélection et que peu d’actions suisses correspondent à tes attentes. Peut-être qu’un jour tu te repaieras une tranche de la Vaudoise? 🙂
Si je ne devais choisir que parmi les titres suisses, La Vaudoise serait assurément un candidat très sérieux pour mon portefeuille. En tout cas vu la valorisation du marché en ce moment, il n’y a pas photo.
Merci pour l’analyse.
Vu sa taille relativement modeste, son profil plutôt solide et son prix sans doute « correct », je suis surpris que La Vaudoise n’ait toujours pas fait l’objet d’une OPA, amicale ou non.
Impossible en raison de sa structure coopérative! Deux tiers des actions et plus de 90% des votes sont en possession de la Mutuelle Vaudoise, donc impossible de lancer une OPA.
Oui, bien sûr! J’aurais dû y réfléchir!
Rien à voir mais Bernard Madoff est mort aujourd’hui. Je fais partie de la très longue liste de victimes de cette pourriture.
Une chose est sûre, il n’emportera pas son (notre) argent au paradis…
Oh, ce vilain Bernard, je n’avais pas entendu qu’il nous avait (enfin) quitté… Je ne savais pas que tu avais été victime de cet escroc! Avais-tu investi directement dans un de ses produits pourris ou via un fonds plus large de ta banque?
J’avais acheté un fonds de placement chez la très sérieuse banque privée lucernoise Reichmuth. Il s’agissait d’un fonds d’hedge funds. Une partie était investie chez Madoff mais ça je ne l’ai su que lorsque c’était déjà trop tard : https://www.dividendes.ch/2020/04/mes-plus-belles-gamelles-reichmuth-matterhorn/
La grande leçon : ne pas faire confiance aux banquiers, aussi prestigieux soient-ils, éviter les fonds de placement et investir le plus possible directement dans les actifs.
« La grande leçon : ne pas faire confiance aux banquiers, aussi prestigieux soient-ils, éviter les fonds de placement et investir le plus possible directement dans les actifs. »
Ça c’est clair, au plus tard depuis la crise de 2008 j’ai entièrement arrêté de faire confiance aux banques, surtout aux grandes. Payer un intermédiaire pour qu’il me vende de la m… en se bourrant les poches de commissions, non merci!
Le jour où j’avais dit à mon conseiller UBS que je ne voulais pas acheter de fonds de placement mais uniquement des actions individuelles, il m’avait alors conseillé d’acheter des actions UBS!!! J’avais tout simplement halluciné devant un tel culot et ce manque total d’objectivité.
Et le dernier épisode du CS qui leur a coûté des milliards (ou plutôt: qui a coûté des milliards à ses actionnaires…) ne m’a même plus surpris, tellement je m’attends depuis longtemps au pire avec ces clowns.
Ce qui est hallucinant c’est qu’ils n’apprennent pas de leurs erreurs. Ils continuent encore et encore à investir dans des actifs ou des fonds opaques et risqués. Et à la fin ce sont les petits épargnants qui en font les frais. Sans compter qu’ils leur taxent des commissions tous azimuts en trouvant cela parfaitement normal.
Le système bancaire est pourri. Il n’y a rien à en tirer et plutôt tout à y perdre. Plus les banques sont grosses, plus elles sont chères et plus elles gèrent mal notre fric. Il y a trop d’intermédiaires qui s’en foutent plein les poches. Cela me fait rire quand ils envoient des formulaires à signer lorsqu’on veut un dépôt chez eux « sans conseil ». Il y a mille et une clauses où ils se dégagent de toute responsabilité. De toute façon, ils ne sont jamais responsables, même lorsqu’ils te conseillent ! Surtout, leurs conseils sont nuls à chier, alors pourquoi payer pour ça ?