Analyse de Vaudoise Assurances (VAHN)

Fondée en 1895, la Vaudoise Assurances Holding SA est une société coopérative dont la majorité du capital-actions (67.6%) est détenu par la Mutuelle Vaudoise. Ce statut coopératif est dans les grandes lignes comparable à celui de la Raiffeisen ou de la Migros.

Cette structure mutualiste permet notamment la redistribution d’une partie des bénéfices aux assurés sous forme de rétrocession de primes, contribuant ainsi à leur fidélisation. De plus, ce rattachement à la Mutuelle Vaudoise permet de poursuivre une politique de développement orientée sur le long terme et d’évoluer en toute indépendance, sans être soumis à la pression de l'actionnariat.

Cet atout peut bien entendu aussi se transformer en désavantage dans la mesure où les actionnaires souhaiteraient aller à contre-courant de la direction, mais n’auraient pas le poids nécessaire pour se faire entendre.

Les actions nominatives A sont entièrement détenues par la Mutuelle Vaudoise et bénéficient d'un droit de vote privilégié (totalisant 91.2% des droits de vote). Seules les actions nominatives B sont cotées à la bourse suisse.

Aujourd’hui, l’entreprise est (heureusement) uniquement active sur le marché helvétique. Dans les années 1990, elle avait décidé de s’étendre en Italie et en Espagne, une aventure désastreuse qui s’était soldée en un énorme fiasco financier et des pertes abyssales.

Le groupe vaudois est actif dans les assurances vie (seulement 18% des primes encaissées) et surtout non-vie (50% assurances patrimoine, 32% assurances de personnes non-vie). Dans les affaires non-vie, la branche véhicules à moteur est la plus importante du portefeuille du groupe.

Consacrée pour la deuxième fois meilleur employeur par le magazine Bilan, la Vaudoise est une petite compagnie d’assurances avec une capitalisation boursière d’environ 1.4 milliards. Présente dans toute la Suisse avec son réseau de 113 agences et ses 1621 collaborateurs, la société met particulièrement l’accent depuis plusieurs années sur l’expansion outre-Sarine. Le potentiel y est encore très important, puisque actuellement seulement 37% des primes sont encaissées en Suisse alémanique.

Avec l’acquisition en juin 2016 d'Animalia, la Vaudoise est désormais également active dans la couverture maladie et accidents des chats et des chiens.

La Vaudoise fait partie des assurances les plus solides du marché: elle dispose en effet d’un niveau de fonds propres très confortable correspondant à environ trois fois le niveau légal requis par le Test Suisse de Solvabilité (SST).

La profitabilité n’est pas en reste, puisqu’à fin 2020 le ratio combiné non-vie (rapport entre les coûts / dommages et les primes) s’établissait à 92.6%. Le rendement des fonds propres atteignait 5.3% en 2020, une rentabilité correcte pour une assurance.

Quant au bénéfice net, il a certes diminué de près de 8% par rapport à 2019, mais c’est une performance extrêmement solide pour une année aussi compliquée marquée par les ravages du Coronavirus. A titre comparatif, le bénéfice de la Bâloise a chuté de 37% et celui d’Helvetia de 48% sur la même période!

L’action de la Vaudoise s’échange à une valeur comptable très raisonnable de 0.71, une véritable aubaine dans ce bull market (peut-être devrait-on d’ailleurs plutôt parler de « bulle » market 😉 ). En comparaison, Helvetia et la Bâloise ont un PBR supérieur à 1. Il en est de même par rapport aux bénéfices, puisque le PER 2021 est estimé à 11, une valeur proche de sa moyenne historique et bien moins élevée que celle de ses concurrents directs.

La Vaudoise est clairement un titre défensif de type « value » et non « growth », bon marché mais avec des perspectives de croissance modérées. Le faible free float d’un tiers et le rendement du dividende moins généreux que celui des autres assureurs suisses contribuent également à expliquer cette valorisation modeste.

Et pourtant, même si le dividende est pâlichon en comparaison de celui de ses concurrents, il atteint quand même une valeur alléchante de 3.3%. De plus, son augmentation dans le temps est également intéressante: le dividende a plus que doublé en 10 ans, passant de 7 fr en 2010 à 16 fr en 2020.

Cette année, le dividende a été relevé de 6.7% malgré la baisse du bénéfice net. Il s’agit d’un signal très positif pour les actionnaires, qui s’explique d’une part par la solidité financière de l’entreprise et un ratio de distribution très raisonnable, et qui indique d’autre part l’optimisme du groupe quant à ses perspectives bénéficiaires post-Corona.

Le dividende est sûr et dispose encore d’un bon potentiel d’appréciation. En effet, le payout ratio de 38% est très prudent et le groupe vise à distribuer chaque année entre 30 et 50% de son bénéfice net. L’année 2021 s’annonce meilleure que la précédente et une nouvelle augmentation du dividende semble par conséquent quasi programmée.

Contrairement à la plupart des autres assurances suisses, les actions de la Vaudoise Assurances ne sont pas beaucoup remontées après la chute du cours suite à la crise du coronavirus et se négocient toujours 20% en dessous de leur niveau d’il y a une année. A mon avis, cela s’explique principalement par le dividende plus faible que celui des autres assureurs, par la faible liquidité du titre et par les perspectives de croissance modérées.

Pourtant, il s’agit d’une entreprise bien dirigée, solide et qui a prouvé la résilience de son modèle d’affaires dans le contexte difficile de la pandémie du Covid-19.

Le cours de l’action a explosé de 2003 à 2015 et se trouve en phase de consolidation depuis environ 6 ans. Je pense que ce n’est qu’une question de temps qu’il reparte à l’assaut des 600 fr. Au cours actuel de 485 fr, le titre est bon marché et je le recommande à l’achat.

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11 réflexions sur “Analyse de Vaudoise Assurances (VAHN)”

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    Merci frérot. Cela fait toujours plaisir de lire tes excellentes analyses.
    J’étais actionnaire de la Vaudoise il n’y a pas si longtemps. C’est une très bonne entreprise et comme tu le soulignes très justement elle est tout à fait abordable. J’en suis sorti parce qu’elle ne correspond plus tout à fait ma stratégie d’investissement, mais ça reste une valeur sûre.

    1. Merci Jérôme. Je sais que tu es toujours très exigeant avec tes critères de sélection et que peu d’actions suisses correspondent à tes attentes. Peut-être qu’un jour tu te repaieras une tranche de la Vaudoise? 🙂

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        je sais que tu es toujours très exigeant avec tes critères de sélection et que peu d’actions suisses correspondent à tes attentes. Peut-être qu’un jour tu te repaieras une tranche de la Vaudoise?

        Si je ne devais choisir que parmi les titres suisses, La Vaudoise serait assurément un candidat très sérieux pour mon portefeuille. En tout cas vu la valorisation du marché en ce moment, il n’y a pas photo.

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    Laurent Martin

    Merci pour l’analyse.
    Vu sa taille relativement modeste, son profil plutôt solide et son prix sans doute “correct”, je suis surpris que La Vaudoise n’ait toujours pas fait l’objet d’une OPA, amicale ou non.

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      Impossible en raison de sa structure coopérative! Deux tiers des actions et plus de 90% des votes sont en possession de la Mutuelle Vaudoise, donc impossible de lancer une OPA.

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        Rien à voir mais Bernard Madoff est mort aujourd’hui. Je fais partie de la très longue liste de victimes de cette pourriture.
        Une chose est sûre, il n’emportera pas son (notre) argent au paradis…

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    Oh, ce vilain Bernard, je n’avais pas entendu qu’il nous avait (enfin) quitté… Je ne savais pas que tu avais été victime de cet escroc! Avais-tu investi directement dans un de ses produits pourris ou via un fonds plus large de ta banque?

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      J’avais acheté un fonds de placement chez la très sérieuse banque privée lucernoise Reichmuth. Il s’agissait d’un fonds d’hedge funds. Une partie était investie chez Madoff mais ça je ne l’ai su que lorsque c’était déjà trop tard : https://www.dividendes.ch/2020/04/mes-plus-belles-gamelles-reichmuth-matterhorn/
      La grande leçon : ne pas faire confiance aux banquiers, aussi prestigieux soient-ils, éviter les fonds de placement et investir le plus possible directement dans les actifs.

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        « La grande leçon : ne pas faire confiance aux banquiers, aussi prestigieux soient-ils, éviter les fonds de placement et investir le plus possible directement dans les actifs. »

        Ça c’est clair, au plus tard depuis la crise de 2008 j’ai entièrement arrêté de faire confiance aux banques, surtout aux grandes. Payer un intermédiaire pour qu’il me vende de la m… en se bourrant les poches de commissions, non merci!

        Le jour où j’avais dit à mon conseiller UBS que je ne voulais pas acheter de fonds de placement mais uniquement des actions individuelles, il m’avait alors conseillé d’acheter des actions UBS!!! J’avais tout simplement halluciné devant un tel culot et ce manque total d’objectivité.

        Et le dernier épisode du CS qui leur a coûté des milliards (ou plutôt: qui a coûté des milliards à ses actionnaires…) ne m’a même plus surpris, tellement je m’attends depuis longtemps au pire avec ces clowns.

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        Ce qui est hallucinant c’est qu’ils n’apprennent pas de leurs erreurs. Ils continuent encore et encore à investir dans des actifs ou des fonds opaques et risqués. Et à la fin ce sont les petits épargnants qui en font les frais. Sans compter qu’ils leur taxent des commissions tous azimuts en trouvant cela parfaitement normal.
        Le système bancaire est pourri. Il n’y a rien à en tirer et plutôt tout à y perdre. Plus les banques sont grosses, plus elles sont chères et plus elles gèrent mal notre fric. Il y a trop d’intermédiaires qui s’en foutent plein les poches. Cela me fait rire quand ils envoient des formulaires à signer lorsqu’on veut un dépôt chez eux “sans conseil”. Il y a mille et une clauses où ils se dégagent de toute responsabilité. De toute façon, ils ne sont jamais responsables, même lorsqu’ils te conseillent ! Surtout, leurs conseils sont nuls à chier, alors pourquoi payer pour ça ?

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