Indépendance financière en Suisse : Les 5 piliers essentiels pour devenir dentier

📅 Mis à jour en novembre 2025 : Article enrichi avec tableaux comparatifs, calculs FIRE actualisés et nouvelles sections pratiques pour 2025.

Atteindre l'indépendance financière en Suisse dès 40-50 ans, est-ce vraiment possible ? Oui, et sans héritage ni salaire de dirigeant de multinationale. Je l'ai fait, et je vous explique comment.

Contrairement aux idées reçues, l'indépendance financière n'est pas réservée aux ultra-riches. C'est avant tout une question de méthode et de persévérance. En Suisse, nous avons un avantage considérable : des salaires élevés. Mais nous avons aussi un inconvénient majeur : un système de prévoyance étatique qui vous enferme dans le salariat jusqu'à 65 ans.

Le mouvement FIRE (Financial Independence, Retire Early) gagne en popularité en Suisse, mais la plupart des ressources disponibles sont anglo-saxonnes et ne tiennent pas compte de nos spécificités : AVS, LPP, 3ème pilier, fiscalité cantonale, statut d'indépendant... C'est pourquoi j'ai développé mon propre système des 5 piliers, adapté à la réalité suisse.

Dans cet article, je partage la stratégie exacte qui m'a permis d'atteindre ma propre liberté financière. Vous découvrirez comment construire un système de revenus diversifié qui vous libère de la dépendance au salariat, tout en optimisant votre situation par rapport au système suisse traditionnel.

Les 3 piliers suisses : pourquoi ils ne suffisent pas pour l'indépendance financière

Les salariés ont l'habitude de se faire ponctionner une partie assez conséquente de leur rémunération afin de couvrir leur future (hypothétique) retraite, ainsi que de les assurer contre les risques inhérents à leur activité professionnelle. En Suisse, nous connaissons le système des trois piliers, le 1er (AVS) étant obligatoire et strictement solidaire, le deuxième (LPP) étant presque toujours obligatoire et supposé individuel (ce qui est tout sauf vrai), et le dernier étant facultatif, individuel et fiscalement assez intéressant. Dans les autres pays, les systèmes de prévoyance fonctionnent un peu différemment, mais ils ont tous un point commun : celui de noyer les risques, en même temps que la responsabilité individuelle (des salariés ET des patrons), parmi l'ensemble des travailleurs.

Le but de ces systèmes est d'assurer que non seulement le salariat, mais aussi le patronat, et l'État (puisque rémunéré par les deux précédents), soient assurés contre LE risque majeur de la Rat Race : l'absence de travail (pour cause de maladie, accident, retraite, chômage, etc.).

L'indépendance financière n'a pas ce souci, bien au contraire. Les revenus sont majoritairement passifs, donc, travail ou pas, ça ne change rien à la situation. Celui qui prétend à devenir financièrement libre, a même paradoxalement intérêt à limiter au maximum ses contributions à la prévoyance professionnelle étatique.

Les 5 piliers de l'affranchi : mon système pour l'indépendance financière

L'indépendance financière connaît, elle aussi, son système à plusieurs piliers. Ils n'ont rien à voir évidemment avec ceux mis en avant par le gouvernement. Parfois même, ils s'y opposent. Surtout, il y en a plus...

5 piliers independance financiere suisse

Tableau comparatif : 3 piliers étatiques vs 5 piliers de l'affranchi

CritèreSystème des 3 piliersSystème des 5 piliers
Âge de la retraite58 ans min. LPP / 64 ans min. AVS40-50 ans possible
ContrôleL'État décide pour vousVous décidez de tout
DiversificationFaible (AVS+LPP similaires)Élevée (5 sources distinctes)
Rendement1-2% (LPP) + redistribution (AVS)4-8+% (immobilier, actions)
AccessibilitéBloqué jusqu'à la retraiteDisponible immédiatement
PhilosophieSolidarité forcée et mutualisationResponsabilité individuelle

Comme vous le constatez, les deux systèmes s'opposent fondamentalement. L'un vous maintient dans la dépendance, l'autre vous offre la liberté.

1er pilier : L'immobilier résidentiel – La base du revenu passif

L'immobilier, c'est la base du système. Le rentier (ou futur rentier) doit pouvoir compter sur un revenu régulier (ou du moins une absence de dépenses), provenant d'une source fiable et solide. L'immobilier est parfait sur ce point : vous possédez votre résidence principale (en évitant donc un loyer) et/ou vous louez votre ancienne résidence principale (en recevant des loyers). Cette manne mensuelle quasi assurée est comme le premier pilier suisse (AVS). Ce n'est pas énorme, mais c'est du solide et c'est régulier. C'est la première source d'argent avec laquelle vous allez assurer en partie votre train de vie précédent. En ce qui me concerne, c'est ce qui me permet d'alimenter mon compte courant et de financer une bonne partie de mes dépenses de base.

Ce premier pilier de l'affranchi s'oppose directement au deuxième pilier de la prévoyance professionnelle suisse : vous allez extraire vos fonds de votre compte LPP (rémunérés avec un sinistre 1% par an et bloqués jusqu'à votre retraite) pour financer votre résidence principale (puis éventuellement la relouer par la suite - avec un rendement bien supérieur).

2ème pilier : L'activité indépendante – Diversifier ses revenus

Une petite activité accessoire indépendante est bonne pour le corps et l'esprit. Elle permet de conserver des liens sociaux, préserver l'image d'une personne active (bien que modestement !) et assurer quelques rentrées d'argent plus ou moins régulières (ce qui permet de diversifier les risques). Grâce à ce revenu supplémentaire, il est aussi possible d'atteindre plus rapidement l'autonomie financière. En ce qui me concerne, cette source d'argent me permet de renflouer mon compte courant quand celui-ci descend au-dessous d'un certain seuil que je me suis fixé (fonds d'urgence), puisque l'immobilier ne me permet pas de couvrir toutes les dépenses.

Ce deuxième pilier de l'affranchi nous fait passer normalement dans la case "indépendant" auprès de l'AVS en Suisse. On y cotise donc, mais ça reste modeste par rapport à un salarié ou une personne sans activité lucrative avec une fortune importante. Il permet aussi de limiter le risque d'être considéré comme un négociant professionnel de valeurs mobilières.

3ème pilier : Les dividendes – Le carburant de la liberté financière

Les deux sources précédentes de revenus ne peuvent en principe pas couvrir tous les besoins d'un rentier. C'est ici qu'interviennent les revenus du portefeuille d'actions. Pour peu que le portefeuille soit suffisamment bien diversifié et investi dans des sociétés de qualité et de valeur, les dividendes tombent de manière régulière. Mieux, ils ont tendance à augmenter chaque année.

Note : Ma stratégie d'investissement privilégie désormais la qualité et la valeur (voir ici pourquoi) ; les dividendes sont une conséquence naturelle de cette approche, pas un objectif en soi.

4ème pilier : Le retrait du capital – Pour assurer ses arrières

L'affranchi, en plus des dividendes, peut (et doit) ponctionner également une partie de son capital, comme je l'explique dans mon livre. S'il ne le fait pas, la fortune et le temps nécessaires pour accéder à l'indépendance financière seront beaucoup plus importants. Sans compter qu'il laisser de riches héritiers derrière lui sans avoir pu pleinement profiter de son FIRE.

5ème pilier : La prévoyance étatique (AVS/LPP) – Le bonus tardif

À un moment donné, il va bien falloir que vous puissiez commencer à toucher l'argent que vous avez versé à la prévoyance étatique. Évidemment, il va falloir attendre plusieurs années, histoire que vous arriviez en âge de retraite officielle (ou au moins suffisamment proche). Ce cinquième pilier devrait se limiter à tout ce que vous n'avez pas pu récupérer plus tôt.

En Suisse, il s'agit de l'AVS (que vous pouvez toucher au plus vite à 63 ans), un éventuel reliquat de LPP (dès 58 ans) et un troisième pilier, utilisé pour des raisons fiscales et/ou pour l'amortissement d'un bien immobilier (au plus tôt cinq ans avant l'âge de retraite).

Ce cinquième pilier (qui représente quand même la retraite d'une personne lambda), est l'équivalent pour un affranchi précoce des bonus versés aux banquiers. Il n'est pas nécessaire pour vivre, mais il permet d'agrémenter sa vie de plusieurs extras.

Comment calculer votre objectif d'indépendance financière en Suisse

La question que tout le monde se pose : "Combien d'argent dois-je accumuler pour être financièrement indépendant ?"

La réponse dépend de vos dépenses annuelles. La règle de base, issue de la célèbre Trinity Study américaine, est la règle des 4% (ou méthode des 25x). Attention toutefois de ne pas la prendre trop au pied de la lettre car cette règle est un peu trop simpliste. C'est un cas typique "one-size-fits-all" alors que la vérité peut différer assez fortement en fonction du pays dans lequel vous résidez, de celui (ou ceux) dans lequel vous investissez, de votre allocation d'actifs et de votre âge (ou de la durée votre "retraite"). Dans certains cas, certes rares, mais possibles et potentiellement dramatiques, un prélèvement du capital en suivant la règle des 4% peut mener tout droit à la banqueroute. À l'inverse, il est beaucoup moins rare que la règle des 4% crée de riches héritiers parce que le prélèvement n'a pas assez été conséquent. Bonne nouvelle pour eux, mauvaise pour celui qui se sera serré la ceinture pour que les autres en profitent.

Cette mise en garde étant faite, utilisons cette règle, aussi imparfaite soit elle, comme base de calcul.

Capital nécessaire = Dépenses annuelles × 25

Exemples concrets pour la Suisse :

  • Si vous dépensez CHF 4'000/mois (CHF 48'000/an) → Capital nécessaire : CHF 1'200'000
  • Si vous dépensez CHF 6'000/mois (CHF 72'000/an) → Capital nécessaire : CHF 1'800'000
  • Si vous dépensez CHF 8'000/mois (CHF 96'000/an) → Capital nécessaire : CHF 2'400'000

Cette règle part du principe que votre portefeuille génère un rendement annuel de 6-8%, dont vous retirez 4% pour vivre (la première année, puis le même montant en CHF plus inflation les années suivantes).

Ces montants peuvent sembler décourageants, mais rappelez-vous : avec les 5 piliers, vous ne dépendez pas uniquement du capital. L'immobilier et l'activité indépendante réduisent significativement le capital nécessaire.

Par où commencer votre chemin vers l'indépendance financière en Suisse

Vous êtes convaincu par les 5 piliers, mais par où démarrer concrètement ? Voici les étapes dans l'ordre de priorité :

Étape 1 : Connaître vos chiffres (mois 1-2)

Avant toute chose, vous devez savoir précisément :

  • Combien vous gagnez (net mensuel)
  • Combien vous dépensez réellement (tracking sur 2-3 mois minimum)
  • Quel est votre taux d'épargne actuel
  • Quelle est votre fortune nette (actifs - dettes)

Sans ces données, vous naviguez à l'aveugle.  

Étape 2 : Optimiser les dépenses (mois 3-6)

L'objectif n'est pas de vivre misérablement, mais d'éliminer le gaspillage :

  • Assurances : LAMal avec franchise maximale, comparaison annuelle
  • Téléphonie/internet : passer à des opérateurs low-cost
  • Logement : le plus gros poste, envisager déménagement ou colocation si célibataire
  • Vous trouverez d'autres idées dans mon livre "Les Déterminants de la Richesse"

Un taux d'épargne de 20% est réaliste en Suisse avec un salaire moyen et une discipline raisonnable.

Étape 3 : Construire le pilier 1 (années 1-5)

L'immobilier est le premier pilier à activer. Deux options :

  • Option A : Acheter votre résidence principale (économie du loyer)
  • Option B : Acheter un bien locatif pour générer des revenus

Pour l'accession à la propriété en Suisse, vous aurez besoin de 20% de fonds propres minimum. Utilisez votre LPP si nécessaire (retrait pour résidence principale). Oui, cela va à l'encontre du système classique, mais c'est exactement le but.

Étape 4 : Construire le pilier 3 (dès année 1, en parallèle)

Pendant que vous économisez pour l'immobilier, investissez en bourse : ouverture d'un compte chez un courtier low-cost (Interactive Brokers)

L'important est la régularité, pas le montant. CHF 500/mois investis sur 15 ans à 7% = CHF 158'000.

Étape 5 : Développer le pilier 2 (années 3-7)

Une fois les bases posées, développez une activité indépendante :

  • Consulting dans votre domaine d'expertise
  • Activité créative (blog, ebooks, formations)
  • Services freelance (programmation, design, traduction...)

L'objectif n'est pas de générer CHF 10'000/mois, mais CHF 2'000-3'000 suffisent pour couvrir une partie des dépenses de base et accélérer l'accumulation de capital.

Les piliers 4 et 5 se mettent en place automatiquement

Le retrait du capital (pilier 4) et la prévoyance étatique (pilier 5) se constituent malgré vous.

Conclusion : 5 piliers pour la liberté dès 40 ans vs 3 piliers pour une retraite à 65 ans

D'un côté, vous avez cinq piliers, avec une liberté financière possible dès la quarantaine. De l'autre, vous avez les trois piliers de la prévoyance étatique qui vous permet une retraite, souvent modeste, dès la soixantaine.

Que choisissez-vous ?


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