📅 Contexte historique : Cet article conclut une série publiée en 2012 sous forme de débat avec Thomas de L'Investisseur (très) Particulier. Cette synthèse finale a été actualisée pour décembre 2025 avec des exemples récents, mais les principes fondamentaux restent intemporels. La série complète :
→ Épisode 1 : Arguments en faveur des dividendes croissants
→ Épisode 2 : Contre-arguments du trading (sur investisseur-particulier.fr)
→ Épisode 3 : Psychologie et performance totale
→ Conclusion (vous êtes ici) : Synthèse et piliers communs
Dernière mise à jour : décembre 2025
Nous voilà à la conclusion de notre joute avec l'Investisseur (très) particulier, entre l'approche orientée dividendes et celle orientée plus-value sur le cours des actions. Le dernier épisode laissait déjà présager quelques pistes nous permettant de concilier quelque peu les deux méthodes.

Thomas nous livre ici sa conclusion et je dois dire que son point de vue est au final assez proche du mien. Je vous le livre donc tel quel ci-après.
Que l'on ait une approche de l'investissement basée sur les dividendes ou sur le trading, on peut dégager quelques points essentiels quelle que soit la stratégie adoptée.
1. Adopter une saine diversification
Les deux approches gagnent à utiliser un portefeuille correctement diversifié.
En trading, on peut se retrouver bloqué avec des valeurs qui stagnent pendant des années, sans ou avec très peu de dividendes. Tout miser sur quelques valeurs peut donc être très risqué.
D'un autre côté, trop se diversifier va abaisser le rendement moyen du portefeuille, puisqu'il tendra vers celui des indices.
De même, dans une approche dividende, baser son succès sur deux ou trois valeurs peut être très risqué car il suffit qu'une des sociétés que l'on a en portefeuille chute brusquement ou surtout cesse de verser des dividendes, pour que son rendement s'écroule.
Dans les deux cas, il me semble judicieux de diversifier modérément, mais de diversifier tout de même. Les recherches académiques montrent qu'au-delà de 15-20 titres, les bénéfices additionnels de la diversification deviennent marginaux (bien que réels) tandis que la complexité de gestion augmente significativement. En deçà de 10 titres, le risque spécifique (propre à chaque entreprise) reste trop élevé.
Note de dividendes.ch : d'autres recherches ont fixé un seuil plus haut de diversification autour des 40-50 positions. D'autres vont même jusqu'à 100 voire 200 positions. Avec les frais de transactions très bas offerts par certains brokers, le coût de la diversification est devenu relativement abordable. Finalement la question est plus de savoir quelle taille de portefeuille vous êtes capable de gérer et quel risque vous êtes capable de supporter. Enfin, en termes de diversification, au-delà du nombre de titres, ce qui importe c'est de panacher plusieurs classes différentes d'actifs.
2. Se fixer des objectifs clairs et savoir vendre
Quelle que soit la stratégie d'investissement que l'on utilise, il faut définir à l'avance les conditions de sortie d'une valeur : savoir vendre.
Cela me paraît ESSENTIEL à une stratégie de trading où il est nécessaire de fixer un stop loss et une ou plusieurs cibles de profit, mais plus délicat à réaliser sur un investissement en dividendes.
Il faut savoir lâcher une valeur qui déçoit (arrêt ou forte diminution du versement des dividendes, changement majeur dans les perspectives d'une entreprise, etc.) pour repositionner ses billes sur un autre investissement.
De même, en cas de fort accroissement de la valeur d'un titre, il faut savoir prendre des bénéfices car « les arbres ne montent pas jusqu'au ciel » !
Même dans le cas d'un investissement basé sur les dividendes, il vaut mieux se fixer une valeur cible optimiste et éloignée de son PRU pour laquelle on décide de vendre au moins une partie de son portefeuille si le gain espéré représente par exemple une dizaine d'années de dividendes. Mieux vaut alors prendre ses bénéfices et réinvestir sur un autre support.
Critères de vente concrets pour investisseurs dividendes
Pour rendre ce principe actionnable, voici des critères de vente précis :
- Ratio de distribution supérieur à 80% : Signal d'alerte, le dividende devient insoutenable
- Stagnation du dividende pendant 2 ans consécutifs : L'entreprise perd son statut de "dividend grower"
- Coupe ou réduction du dividende : Vente immédiate, sans exception
- Valorisation extrême : Si le titre atteint 2-3x sa valorisation moyenne historique (P/E ratio), envisager une prise de bénéfice partielle
3. Adapter sa stratégie à sa psychologie
Enfin, le point essentiel à toute stratégie, c'est de l'adapter à sa propre psychologie.
Nous avons vu dans les articles précédents de la série que la volatilité du portefeuille était déterminante dans les réactions des investisseurs.
Il n'y a pas de règle à ce sujet. C'est à chacun de trouver l'équilibre entre le trading pur et l'investissement-dividendes sur le très long terme.
Le problème, c'est qu'à moins de très bien se connaître, on va subir des pertes les premières années jusqu'au moment où on est capable de définir ses propres réactions face aux évolutions du marché et de sélectionner une stratégie adaptée.
Pour identifier concrètement votre zone de confort, posez-vous cette question : quelle baisse de votre portefeuille vous empêche de dormir ? 10%, 20%, 30% ? Ce chiffre définit votre volatilité maximale acceptable.
4. Rester cohérent et constant dans sa stratégie
J'en rajouterais un quatrième pilier : rester cohérent et constant dans sa stratégie sur le long terme.
C'est probablement le pilier le plus difficile à respecter car il implique de résister aux sirènes du marché, aux modes passagères, et aux performances spectaculaires (mais souvent insoutenables) d'autres approches.
Durant la mini-bulle technologique de 2020-2021, de nombreux investisseurs dividendes ont été tentés d'abandonner leur stratégie pour se positionner sur les "meme stocks" ou les cryptomonnaies qui affichaient des gains à trois chiffres. Ceux qui ont cédé à cette tentation ont souvent subi les pertes brutales de 2022, comme illustré par l'effondrement de Peloton (-98% depuis son pic), Robinhood (-86%) ou encore l'ensemble du secteur crypto qui a perdu plus de 1 trillion de dollars de capitalisation.
À l'inverse, les investisseurs qui sont restés constants dans leur approche dividendes ont traversé cette période avec une volatilité modérée. Les Dividend Aristocrats ont affiché un bêta moyen de 0.77 (contre 1.0 pour le marché), offrant à la fois protection durant les baisses et participation aux hausses.
La cohérence ne signifie pas l'immobilisme. Elle signifie :
- Respecter ses critères d'achat et de vente prédéfinis
- Ne pas changer de stratégie en cours de route par émotion
- Continuer d'investir régulièrement, même (surtout) durant les périodes de panique
- Évaluer sa stratégie sur des périodes longues (5-10 ans), pas sur des trimestres
Synthèse : les 4 piliers en pratique
En résumé, le succès d'un investisseur repose sur quatre piliers :
- Se diversifier sans excès
- Savoir ce que l'on veut
- Savoir ce qu'on peut supporter
- Rester cohérent et constant
Ces quatre piliers transcendent le débat dividendes vs trading. Ils s'appliquent à toute forme d'investissement et constituent le socle d'une stratégie durable et performante.
L'approche que vous choisirez dépendra de votre personnalité, de votre horizon d'investissement et de votre tolérance au risque. Mais quel que soit votre choix, ces quatre piliers vous aideront à maintenir le cap dans la durée.
Sources et données
Contribution des dividendes et performance :
- Hartford Funds : "The Power of Dividends: Past, Present, and Future" (mars 2025)
- Nuveen : "Why dividend growth oriented portfolios" (février 2025)
- S&P Dow Jones Indices : "S&P 500 Dividend Aristocrats" (2025)
Recherches académiques sur diversification :
- Evans, J.L. et Archer, S.H. (1968) : "Diversification and the Reduction of Dispersion: An Empirical Analysis"
- Statman, M. (1987) : "How Many Stocks Make a Diversified Portfolio?" (Journal of Financial and Quantitative Analysis)
Exemples échecs entreprises non profitables :
- CNBC : "10 worst-performing tech stocks from recent washout" (mars 2022)
- Fortune : "Tech investors second rout of COVID pandemic" (février 2022)
- Nasdaq : "8 Famous Companies That Aren't Profitable"
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En tout cas, c’est toujours très intéressant de confronter ses idées.
Bonjour Jérôme,
Qu’est ce que c’est dur de savoir vendre !
Quand ça monte, tu te dis « allez encore un peu et je vends »
Quand ça chute, tu te dis « ça va remonter »
Et au final, tu vends pas, et tu te retrouves avec une belle moins value latente…
A mon sens, il faut agir comme un robot. Tu places ton stop loss, s’il se déclenche tant pis.
Si ton action grimpe bien, prends tes profits à un cours défini dès le départ, ou au moins tu places un stop win pour accompagner le mouvement.
Mais ce n’est jamais facile !
C’est ce qu’il faut se dire.
Cordialement,
Oui, ça c’est plutôt le point de vue de Thomas, l’investisseur particulier. Moi je suis pas trop trader dans l’âme, donc tant que mes dividendes ont toujours un bon potentiel, je ne vends pas. Le cours est (presque) secondaire. Plus d’infos sur le lien suivant :
http://www.dividendes.ch/2011/12/quand-vendre-des-dividendes-croissants/