Analyse Emmi AG (EMMN) : retour sur 7 ans de performance

Dernière mise à jour : décembre 2025

Emmi AG représente l'un de mes meilleurs investissements entre 2011 et 2018. Avec +327.14% de performance totale sur cette période (24.55% annualisé), ce titre a largement surperformé l'indice MSCI Switzerland (+105.15%). Sept ans après ma sortie, je reviens sur cette expérience et analyse la situation actuelle du leader laitier suisse.

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Mon expérience avec Emmi (2011-2018)

J'ai acquis mes premières actions Emmi en août 2011, à une époque où le titre se négociait à des valorisations attractives. L'investissement s'est révélé particulièrement fructueux, délivrant un rendement annualisé de 24.55% contre 11.47% pour le marché suisse sur la même période.

En avril 2018, j'ai décidé de vendre ma position. À cette époque, le titre affichait un P/E de 26x et un rendement dividende de seulement 1.3%, ce qui me semblait excessif même pour une entreprise de cette qualité. La valorisation suggérait une surestimation d'environ 40%.

Depuis cette vente et jusqu'à mon retour sur ce titre en octobre 2024, Emmi a progressé de 19.65% en performance totale, contre 57.87% pour le MSCI Switzerland. Cette sous-performance relative valide a posteriori ma décision de sortie.

Présentation de l'entreprise

Fondée en 1907, Emmi AG est le premier groupe laitier suisse. L'entreprise produit une gamme étendue de produits laitiers : lait, beurre, crème, yogourt, fromage, desserts et glaces. Ses marques phares incluent le célèbre Caffè Latte, la boisson Benecol enrichie en esters de stanol, et Aktifit, un yogourt probiotique.

Le cœur de métier d'Emmi se situe en Suisse, où elle domine le marché des produits laitiers et frais. L'entreprise s'est également développée à l'international, notamment en Europe (Allemagne, Italie, Autriche, Royaume-Uni, Benelux) et en Amérique du Nord à travers ses filiales Redwood Hill Farm & Creamery, Cypress Grove Chevre et Emmi Roth USA.

Emmi emploie aujourd'hui 12.232 personnes, soit exactement le double des 6.150 employés de 2017. Cette croissance des effectifs témoigne de l'expansion significative de l'entreprise au cours des dernières années.

Résultats financiers actuels

Sur les douze derniers mois (TTM), Emmi a généré un chiffre d'affaires de 4.604.05 millions CHF, en croissance de 10.78%. Pour l'exercice fiscal clos le 31 décembre 2024, le chiffre d'affaires s'établit à 4.348.81 millions CHF (+2.51%).

Le bénéfice net atteint 213.15 millions CHF (TTM), en progression de 10.53%. Sur l'exercice fiscal 2024, il se monte à 220.29 millions CHF (+18.26%). Cette accélération de la croissance bénéficiaire sur l'exercice complet démontre une amélioration de la rentabilité opérationnelle.

La capitalisation boursière s'élève à 3.895 millions CHF, avec un cours de 728 CHF par action.

Marges et rentabilité

La marge brute (TTM) s'établit à 23.66%, légèrement en dessous de la moyenne sectorielle de 26.56%.

Néanmoins, la marge opérationnelle de 6.72% (TTM) surpasse la moyenne de l'industrie (5.39%), tout comme la marge nette de 4.63% contre 2.19% pour le secteur. Emmi maintient donc sa capacité à générer des profits supérieurs à ses pairs malgré la pression sur les marges brutes.

La rentabilité des capitaux propres (ROE) atteint 18.66% (TTM), en nette amélioration par rapport aux 11.6% de 2017 et bien supérieure à la moyenne sectorielle de 5.08%. Cette performance remarquable positionne Emmi parmi les entreprises les plus rentables de son secteur.

Valorisation actuelle

Le titre se négocie aujourd'hui à un P/E de 18.27x (TTM), proche de la moyenne sectorielle de 17.59x. C'est une amélioration notable par rapport aux 26x de 2018, période où j'avais jugé le titre trop cher.

Le P/B s'établit à 4.06x (contre 1.64x pour l'industrie) et le P/Tangible Book à 7.39x (versus 2.26x). Ces multiples restent élevés, reflétant la qualité des actifs incorporels et de la marque Emmi.

Le P/S de 0.85x (TTM) est inférieur à la moyenne sectorielle de 1.09x, tandis que le P/FCF de 15.24x est également attractif comparé aux 17.33x de l'industrie.

Le rendement dividende actuel de 2.27% représente une amélioration significative par rapport au 1.3% de 2018. Le dividende annuel s'élève à 16.50 CHF, avec un payout ratio de 41.41% (TTM) qui laisse une marge confortable pour la croissance future. Sur les cinq dernières années, le dividende a progressé au rythme de 11.49% par an.

Solidité financière

Le ratio dette/equity s'établit à 1.37x au dernier trimestre, nettement supérieur à la moyenne sectorielle de 0.52x. C'est une augmentation notable par rapport à 2017, où j'évoquais déjà une hausse de l'endettement à long terme. Cette évolution mérite une attention particulière.

Toutefois, la couverture des intérêts reste solide à 8.90x (TTM), bien au-dessus de la moyenne de 3.00x, ce qui indique qu'Emmi génère largement assez de profits pour honorer ses charges financières.

Le Piotroski F-Score de 4/9 suggère une santé financière moyenne, tandis que l'Altman Z-Score de 3.42 place l'entreprise dans la zone de sécurité, loin de tout risque de faillite.

Profil de risque et performance

Avec un beta de 0.39, Emmi confirme son statut de valeur défensive peu corrélée aux mouvements du marché. En 2018, j'évoquais déjà un beta de 0.6, démontrant la stabilité de ce profil dans le temps.

La volatilité annuelle de 18.72% reste modérée pour une action individuelle. Sur les 26 dernières semaines, le titre accuse une baisse de 12.39%, et de 5.58% sur un an.

Le nombre d'actions en circulation est stable (+0.00% sur 10 ans), évitant toute dilution de l'avoir des actionnaires, une caractéristique que j'appréciais déjà en 2018.

Conclusion

Emmi demeure l'entreprise de qualité que j'ai connue entre 2011 et 2018 : un business simple et compréhensible, une position dominante en Suisse, une expansion internationale maîtrisée, et un secteur peu sensible aux cycles économiques.

La valorisation actuelle est bien plus raisonnable qu'en 2018. Avec un P/E de 18x proche de la moyenne sectorielle, un rendement dividende de 2.27% et un payout ratio de 41% permettant des augmentations futures, le titre ne présente plus la surestimation excessive qui m'avait poussé à vendre.

Dans les points de vigilance, l'endettement a augmenté significativement avec un ratio dette/equity de 1.37x. De même, la performance du titre durant ces dernières années questionne la capacité du management à créer de la valeur.

Pour un investisseur recherchant une exposition défensive au secteur alimentaire suisse avec un dividende croissant, Emmi peut représenter une option valable aux niveaux actuels.

Sources et données

Données financières et ratios de valorisation : FactSet (données au 31 décembre 2024 pour l'exercice fiscal et TTM au dernier trimestre disponible).

Informations sur l'activité d'Emmi AG et sa stratégie : site institutionnel Emmi.

Données historiques de performance du portefeuille personnel : archives dividendes.ch.


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7 réflexions sur “Analyse Emmi AG (EMMN) : retour sur 7 ans de performance”

  1. Bravo pour cette magnifique opération boursière. Je partage ton point de vue, Emmi est une superbe entreprise mais sa valorisation me donne le vertige. A ta place j’aurais aussi vendu et avec ce capital acheté plusieurs actions valorisées plus raisonnablement. Ce ne sont pas les occasions qui manquent actuellement!

  2. Ouais c’est quand même encore assez cher de manière générale…
    Laissons Trump foutre encore un peu la merde avec ces tweets d’un autre temps.

  3. Philippe de Habsbourg

    C’est quand même incroyable que le rythme des bourses voire de l’économie planétaire est à la merci du cerveau disjoncté d’un maniac comme Trump! C’est pathétique…
    Est-ce que le président de la Suisse pourrait avoir un impact sur les bourses européennes selon vous?

  4. Faut pas non plus tout mettre sur le dos de ce simplet et surestimer son importance. La bourse baisse actuellement surtout… parce qu’elle était montée trop haut et trop vite avant. Ni plus ni moins.

    Alors bien sûr, Trump apparaît comme l’élément déclencheur, mais sans ses interventions on aurait lu dans les médias que les bourses chutent à cause du prix du pétrole, de la FED, de la récolte de cacao ou de la guerre civile dans tel pays.

    Au final, la bourse fait ce qu’elle a à faire, le reste n’est qu’une tentative futile de rationnaliser quelque chose d’irrationnel, le besoin humain de chercher une explication à tout afin d’avoir une vague impression de contrôle.

    1. Tu as raison. Néanmoins je ne peux m’empêcher d’avoir cette vision : Trump derrière son écran en train de préparer des tweets débiles et un prête-nom de son camp juste à côté de lui en train de trader dans le sens ou à rebours du marché en fonction de la grosse de ce qu’il va sortir.

  5. Emmi a perdu environ 20% depuis son plus haut historique. La valorisation est toujours élevée, mais déjà beaucoup plus raisonnable. Bientôt le moment de repasser du côté des acheteurs?

    1. Toujours un peu cher pour moi, mais effectivement ça commence à aller du bon côté.
      Encore un peu de patience, de toute façon, on n’attrape pas un couteau qui tombe…

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