Battre le marché

fille pistolet
Image: Roland Darby / FreeDigitalPhotos.net

Depuis onze ans, je parcours la littérature financière, les sites et blogs boursiers et je peux lire presque partout qu'on nous promet de battre le marché et d'avoir des rentabilités annuelles supérieures à 20%. Apparemment la leçon de Madoff n'a servi à rien puisque les soit-disant conseils continuent de plus belle. Si cela marchait vraiment, pourquoi ceux qui ont trouvé le filon s'amusent-ils à commercialiser leurs idées sur Internet et dans la littérature ? A leur place je mettrais toutes mes économies dans la bourse...

D'autre part, ces pseudo bon conseillers devraient être tellement riches qu'on devrait entendre parler d'eux partout, rachetant des sociétés de plus en plus grandes, jusqu'à faire concurrence à un certain investisseur intelligent bien connu. Avec des performances pareilles, ils finiraient même par couper la branche sur laquelle ils sont assis, ne sachant plus où investir tout le cash qu'ils ont engrangé. Franchement, s'il y avait vraiment un truc, ça se saurait ! Et dès que ça se sait, c'est trop tard, le marché corrige !

Le marché à toujours raison. Il est vrai que certains traders et investisseurs arrivent à le battre sur quelques mois, voire quelques années. Ceux qui font mieux que lui sur plusieurs décennies sont très rares par contre. Et c'est très bien ainsi, ça veut dire qu'il restera toujours des gains à faire quelque part. Je me méfie des rentabilités exceptionnelles. Dans le meilleur des cas, elles sont temporaires : un coup de chance, une anomalie provisoire du marché, un risque accru... Mais dans le pire des cas, elles sont mensongères : mouvements donnés a posteriori, portefeuilles dissimulés ou peu transparents, mode de calcul des rentabilités inexact ou inconnu, etc. Le problème des sites payants c'est que pour vous inciter à sortir le portemonnaie, ils ont besoin d'afficher une performance supérieure. Encore une fois, si c'était le cas, ils ne partageraient pas leur savoir et ne perdraient pas leur temps sur Internet. Ils n'auraient tout simplement pas besoin de votre argent.

J'ai choisi une voie différente. J'affiche tout, ma rentabilité, bonne ou mauvaise peu importe. Surtout, je joins les actes à ma parole. Si mon modèle considère qu'un titre est une opportunité d'achat, je passe un ordre. Par ailleurs, je choisis d' emblée de NE PAS battre le marché. Comprenons-nous bien, je ne veux pas perdre de l'argent, et si je le bats au final, eh bien tant mieux, mais ce n'est pas mon objectif premier. Mon but c'est d'avoir un portefeuille qui me procure des gains progressifs sous forme de dividendes avec une volatilité plus basse que le marché. Il se trouve que les titres qui correspondent à ce cas de figure sont généralement des placement très rentables sur le long terme. Mais c'est vrai que quand on vous parle de produits de lessive, dentifrice, eau minérale, hamburger et couches-culotte, ça fait quand même beaucoup moins sexy que des biotechs, des smartphones ou autres tablettes PC.

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