La valeur du Bitcoin

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Le Bitcoin vient de transpercer les 60'000 dollars. En un an, le cours a été multiplié par onze. Incroyable. De la spéculation ? Assurément. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'on est en face d'une énorme bulle. Tesla passerait presque pour une obligation à côté. La star des cryptomonnaies avait déjà suivi une trajectoire exponentielle jusqu'en octobre 2018, avant de s'écrouler, perdant plus de 80% de sa valeur en moins de deux ans.

Spéculation oui, mais pas que...

Toutefois, considérer le Bitcoin comme un simple instrument spéculatif est réducteur. Si son cours a autant grimpé depuis un an, ce n'est pas seulement à cause des traders qui cherchent à acheter cher pour revendre plus cher encore. Il y a en effet deux éléments majeurs qui sont venus booster quasi simultanément sa valeur marchande.

D'abord, le COVID-19. Eh oui, encore lui. Le virus chinois a entraîné une explosion simultanée des dépenses budgétaires et de l'injection de liquidités par les banques centrales. L'augmentation de l'argent en circulation initiée par les gouvernements et leurs banquiers centraux a engendré une dévalorisation des monnaies et augmenté le risque d'inflation à plus ou moins long terme. Pour se couvrir, les investisseurs se sont rués vers les actifs qui protègent de ces risques, notamment l'or et son pendant numérique, le Bitcoin.

Durant le même temps (la simultanéité est d'ailleurs presque déroutante), la prime offerte pour le minage du BTC a été divisée par deux. C'est ce que l'on appelle "halving". Ce processus permet de limiter l'inflation et d'accroître la valeur de la cryptomonnaie.

On a donc d'un côté une dévalorisation massive des monnaies fiduciaires classiques (fiat) et de l'autre au contraire une limitation de l'offre associée à une explosion de la demande. Tous les ingrédients étaient réduits pour que le Bitcoin prenne son envol.

Valeur intrinsèque nulle ?

Steve Hanke, économiste à l’Université Johns Hopkins, a déclaré récemment que la cryptomonnaie phare allait prochainement retrouver sa véritable valeur intrinsèque, soit zéro. D'après lui, les flux de revenus générés par le BTC sont nuls. "Ce n’est pas comme de l’argent. La plupart des fonds fiduciaires ont une valeur fondamentale parce qu’ils paient des intérêts. ... Le Bitcoin ne paie pas d’intérêts ».

La comparaison avec l'argent est assez déconcertante. En effet, la plupart des monnaies fiduciaires ne paient plus ou presque plus d'intérêts, quand elles ne taxent pas des intérêts négatifs... Réduire par ailleurs la valeur intrinsèque du BTC au seul paiement d'intérêts est là aussi discutable. Si la cryptomonnaie ne paie pas royalties, il n'en demeure pas moins que sa crédibilité est de plus en plus reconnue par les gros acteurs du marché. Tesla, Paypal, Mastercard, JP Morgan, Morgan Stanley ou Deutsche Bank ont tous manifesté leur intérêt pour cette monnaie virtuelle. Certains sont d'ailleurs même déjà passés à l'action.

Un actif n'a pas une valeur intrinsèque seulement parce qu'il paie des revenus. L'or n'en paie aucun par exemple. La valeur de l'or ne repose que sur la confiance que veulent bien lui accorder ceux qui le négocient. Son avantage, c'est que son offre est limitée, qu'il est reconnu comme moyen d'échange et qu'il est facilement négociable. Exactement comme le Bitcoin. Ce n'est pas pour rien qu'on dénomme parfois ce dernier "or virtuel".

Actif

L'autre avantage du Bitcoin, c'est son absence de corrélation avec tous les autres actifs, y compris son cousin réel, le métal jaune. En ce sens, il partage là aussi une des caractéristiques de l'or. Grâce à cette qualité très particulière, le BTC permet de diversifier de manière optimale un portefeuille, donc diminuer son risque, tout en préservant ou même en améliorant sa performance. Il conviendra toutefois de tenir compte de sa volatilité importante dans la façon dont il sera pondéré dans le portfolio. Mon livre vous donnera quelques pistes à suivre à ce sujet.

Conclusion

Il est indéniable que le Bitcoin possède une forte caractéristique spéculative. Mais la star des cryptos ne se résume pas qu'à ça. Quand un prix monte, c'est que la demande est forte et que l'offre ne suit pas. Avec la star des cryptos, on est exactement dans ce schéma, et pas uniquement parce que des traders veulent réaliser des gains à court terme.

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8 réflexions sur “La valeur du Bitcoin”

  1. Difficile de ne pas penser que c’est une bulle, néanmoins plus le temps passe et moins je continue de le penser.

    D’une part parce qu’il y a une récurrence forte (3eme occurence), de ce même schéma de grande augmentation du prix après le halving, qui a été largement étudiée (vu qu’avec la blockchain on a accès librement a un tas d’informations sur les achats et la demande).
    Cette récurrence nous montre que le bitcoin suit une loi d’adoption, et que les halvings créent un choc d’offre qui fait monter explosivement le prix quelques mois plus tard.

    Tant que l’adoption du bitcoin continue, ce phénomène continuera. Aujourd’hui on estime a environ 1.7% de la population mondiale, le nombre de personnes possédant du bitcoin. Cela a donc largement possibilité de continuer jusqu’au prochain halving ou meme encore le suivant.

    D’autre part, ce qui me fait dire que ce n’est pas une bulle, c’est le fait que les institutions s’y intéressent cette année, certainement pour spéculer et trader, mais aussi également comme actif de réserve (achats de Microstrategy, Tesla…) qui ont plutôt pour plan de l’utiliser comme protection contre une inflation potentielle.

    Lorsqu’on regarde le graphique du prix en échelle linéaire, il semble être fortement émotionnel, et ça ressemble exactement a une bulle. En échelle log, on voit vraiment bien les cycles de halving, et la “folie” qui en suit. Mais sur le long terme, on est quand même en moyenne sur une progression annualisée de 200% sur 10 ans.
    Alors est ce une bulle ? A mon avis, pas encore

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      Y a bulle et bulle. Y a celles qui éclatent définitivement et celles qui se regonflent encore plus. Amazon aussi était en situation de bulle en 2000 et J. Bezos est aujourd’hui l’homme le plus riche de la planète.

      Je pense que le bitcoin est plus proche d’Amazon que de JDS Uniphase….

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    Merci pour cet article qui commence mal mais finit bien selon moi. Oui je partage les avis des commentaires et à force de me documenter je suis de plus en plus persuadé qu’il va supplanter l’or comme “store of value”. Nous sommes encore potentiellement tout au début d’une révolution dont on n’imagine pas les conséquences.

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    Philippe de Habsbourg

    Exactement! “des traders veulent réaliser des gains à court terme.” et je pense que le problème ce situe là. J’ai un ami qui n’arrête pas d’essayer de me convaincre d’investir dans cette monnaie (ça commence à être chiant à la fin!). Mais il fait du day-trading! Moi ça m’épuise de devoir suivre ça quotidiennement, quand j’investis j’essaye de le faire sur une horizon de 20 ans. Et quand je regarde la santé de mon porte feuille, je me demande ce que le bitcoin m’apporterait de plus… Pour m’acheter une Tesla? hummm non merci, ça ne respecterait pas mon plan de vie d’avoir une voiture qui me coûte la peau du cul à entretenir à chaque semestre et me stresser avec le stationnement dans la neige!

    De toute manière, moi je m’en tiens aux conseils de Warren Buffett :
    1- Respecter mes connaissances (j’y comprends rien au BTC et j’en ai rien à cirer non plus)
    2- Investir sur le long terme (Le BTC aura-t-il la même performance que le S&P500 sur une horizon de 10 ans? Selon toutes probabilités, non. Si je me trompe, bah tant pis! Si j’avais investis dans Amazon tout mon argent il y a 20 ans je serais milliardaire aussi!)
    3- Rester à l’écart de la folie qu’entraîne la fluctuation des marchés
    4- Être PATIENT!

    De toute manière, le BTC suit la même trajectoire exponentielle que la bourse ou le marché immobilier. Lorsque ça ira mal pour vrai, le BTC va en prendre une claque comme tout le reste….

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      Il me semble que le BTC est devenu un actif comme un autre. Ou en tout cas pas très loin. Au début c’était seulement un truc de geek que personne ne comprenait. Maintenant il commence à être reconnu. Comme tout actif, il n’échappe pas à la spéculation. Cependant, comme tout actif aussi, on peut l’utiliser dans un portefeuille pour une approche d’investissement.

      J’ai très longtemps été réfractaire au BTC. J’ai changé d’avis le jour où j’ai découvert son absence totale de corrélation aux autres actifs. Une petite ligne de Bitcoin est ainsi très appréciable dans un portefeuille. Pas pour spéculer, juste pour diversifier et diminuer paradoxalement la volatilité du portefeuille.

      Ce n’est assurément pas la poule aux œufs. Ce n’est pas non plus le diable en personne. C’est juste un actif avec tout ce que ça implique.

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    Ce qu’il faut voir aussi c’est l’inflation réelle. Avec les politiques monétaires et de crédit il y a de fait une expansion très importante de la masse monétaire. Si on ne compte pas seulement quelques produits de consommation mais si on inclut dans le calcul la valeur des actifs (immobilier, actions) “asset inflation”, alors on s’aperçoit qu’il y a une inflation réelle que certains évaluent à 15% / an. C’est énorme. D’où l’intérêt du BTC qui échappe au contrôle des banques centrales et est conçu sur le principe de rareté avec une inflation connue dès le départ et très faible. Avec une inflation réelle à 15% par an, on peut être un très bon stock picker et quand même voir son capital fondre si on arrive pas à les dépasser.

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    Le bitcoin vaut 0 non pas seulement pour une histoire de flux nuls, mais aussi parce qu’il ne sert à rien. Sauf si vous êtes de la mafia russe et que vous en avez besoin pour rançonner des entreprises lorsque vous avez piraté leur outil informatique.

    C’est difficile d’en convenir quand on en a et qu’on y croit. Mais fondamentalement, cela ne vaut rien. C’est de la pure spéculation. Demain, vous vous réveillerez et vous vous direz : “mais qu’est-ce que je fais avec mon argent là-dedans !”. Il sera peut-être trop tard.

    C’est grisant de faire partie de la fête. C’est exactement la même sensation quand il est minuit à une grosse fête où tout le monde picole : ambiance de folie ! Il arrivera malheureusement un lendemain matin. Genre gueule de boit jusqu’au soir…

    Personne de sérieux n’intègre de monnaie virtuelle dans son patrimoine, sauf s’il est joueur. Et là on est dans une approche de type casino. Ce qui n’a plus rien à voir avec de l’investissement. Encore faut-il le reconnaître et en avoir conscience.

    Les particuliers ont trop de sous. Ils ont du temps et aucune activité : ils spéculent avec les produits qu’on leur propose. Si Deutschebank et Goldman Sachs s’y mettent, c’est pour toucher des commissions et refourguer des produits aux particuliers. Ils auraient tord de s’en priver vu l’appétit actuel des spéculateurs pour ce type de produits risqués !

    Ce nouveau paradigme, on entendait déjà ça en 2018 quand tous les actifs étaient surévalués. Ensuite, on n’a plus entendu parler de cryptomonnaies… jusqu’à il y a quelques semaines. Un épiphénomène qui est appelé à disparaître dans l’histoire des actifs.

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    Laurent Martin

    Vers 2018 me semble-t-il, je me suis intéressé au Bitcoin, à son histoire et son fonctionnement, à la Block Chain qu’il y a derrière, et à ce qui fait varier son cours (oui, oui, l’offre et la demande bien sûr; mais qu’est-ce qui fait varier celles-ci?).
    J’en ai acheté pour quelques centimes, juste pour faire l’expérience concrète d’un achat.
    Au final, je m’en tiens éloigné, par prudence, car, même si je veux bien concevoir qu’il pourrait devenir une sorte de “d’or digital”, soit un valeur refuge, je n’ai toujours pas confiance en cette monnaie virtuel dont nombre de paramètres m’échappent, malgré mes efforts pour étudier et tenter de comprendre.
    Donc, en l’état, le Bitcoin et autres monnaies virtuelles, c’est sans moi. Mais je suis conscient de passer peut-être à côté de quelque chose.

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