Analyse de Hormel Foods Corp (HRL:NYQ)

Hormel Foods fait partie des fameux Aristocrates, soit la liste des entreprises ayant augmenté leur dividende durant au moins 25 années consécutives. C'est aussi le dernier survivant de ces titres américains très particuliers de mon portefeuille. Cela fait plus de neuf années en effet que je suis investi sur ce petit joyau, avec un gain de plus de 200%. J'ai commencé à me séparer de mes positions US en 2017 parce qu'elles étaient hors de prix. Hormel avait aussi pris passablement de valeur, mais j'estimais encore dans mon analyse d'il y a une année que la qualité d'HRL en valait le prix. Depuis le cours a encore fortement progressé, prenant 30% en seulement une année. Voyons-donc si Hormel est toujours en odeur de sainteté.

Valorisation & dividende

Si HRL s'est renchéri de près d'un tiers en si peu de temps, il aurait aussi fallu que les fondamentaux suivent pour qu'on en aie toujours pour notre argent. Mais les produits alimentaires, ce n'est pas comme les smartphones. Ça grimpe lentement, mais sûrement. Pas de miracle donc au niveau des valorisations, puisque Hormel s'échange désormais à :

  • 24.16 fois les bénéfices récurrents courants
  • 28.61 fois les bénéfices récurrents moyens
  • 4.05 fois la valeur comptable
  • 13.5 fois les actifs tangibles
  • 2.38 fois les ventes
  • 26.62 fois le free cash flow courant
  • 29.55 fois  le free cash flow moyen

Tout cela devient quand même très cher. L'EBIT et l'EBITDA représentent d'ailleurs seulement 5.25% de la valeur d'entreprise, ce qui est assez assez maigre et confirme les ratios onéreux ci-dessus.

Le dividende n'est pas énorme non plus, avec un rendement de seulement 1.72%, même si on peut un peu relativiser ce dernier chiffre étant donné que les distributions ne représentent que :

  • 41.51% des bénéfices récurrents courants
  • 49.16% des bénéfices récurrents moyens
  • 45.75% du free cash flow courant
  • 50.78% du free cash flow moyen

HRL possède donc un peu de marge encore pour non seulement continuer à verser son dividende, mais surtout pour le faire croître encore dans le futur. Il faut d'ailleurs relever qu'on tient là évidemment une qualité indéniable de cet aristocrate. Les distributions ont progressé sur un rythme soutenu ces cinq dernières années (13.36% par an). Surtout, le géant américain s'est payé le luxe d'augmenter son dividende chaque année depuis 52 ans! Cela en fait même un "Dividend King". Franchement, y a pire!

Bilan & résultat

Tout comme le dividende, le bénéfice, les réserves de cash et la valeur des actifs progressent sur le long terme, ce qui prouve s'il en est besoin la solidité du modèle d'affaires d'Hormel. L'entreprise parvient très clairement à créer de la valeur pour ses propriétaires et ceci se ressent sur le cours qui a presque doublé en seulement cinq ans.

Du point de vue des liquidités, c'est pas trop mal, avec un current ratio de 1.8 (en baisse), mais un quick ratio de 0.95, s'expliquant par des stocks assez importants. La marge brute, avec 20.9%, demeure correcte, bien qu'en baisse. La marge nette, avec 9.84% et la marge de free cash flow sont d'ailleurs assez intéressantes, avec 9.84%, respectivement 8.93%. Même topo du côté de la rentabilité, avec un ROA à 11.53% (en baisse), un ROE à 16.76% et un CFROA de 15.25%. Pas grand chose à redire.

Bien que le taux d'endettement à long terme ait bondi à 7.68% des actifs, la dette totale demeure sous contrôle, puisqu'elle pourrait être essuyée en moins d'une seule année en utilisant le free cash flow. La dette ne représente en effet que 0.11 fois les fonds propres.

Notons par contre que le nombre d'actions en circulation d'Hormel a progressé quelque peu ces cinq dernières années, ce qui a dilué légèrement l'avoir de ses actionnaires. Vu l'envolée du cours durant la même période on s'imagine que ces derniers n'en ont pas trop tenu rigueur à l'entreprise.

Conclusion

Avec une histoire de plus de 125 ans, un dividende croissant depuis plus d'une moitié de siècle, une dette sous contrôle, une rentabilité et des marges intéressantes, Hormel est assurément une entreprise très solide et possède de nombreuses caractéristiques propres aux franchises. Le goodwill progresse sur le long terme, tandis que les dépenses en capital et les frais généraux sont assez bien maîtrisés.

Même si la volatilité est assez élevée (19.56%), le beta est très faible, avec seulement 0.17. C'est assurément une qualité par les temps qui courent.

Le Z-Score (Altman), avec 8.1, place HRL dans la zone verte, ce qui la met théoriquement à l'abri d'une faillite pour quelques temps. Mais ça on s'en doutait déjà. Ce qui est un peu plus décevant, c'est le F-Score (Piotroski), avec seulement trois sur neuf points possibles. Ceci tend à indiquer que les fondamentaux de cette entreprise américaine sont en cours de détérioration, alors même que le cours suppose plutôt le contraire. Rappelons que cet indicateur est souvent assez efficace pour prédire la performance future d'un titre.

Les ratios de valorisation nous suggèrent d'ailleurs que Hormel s'échange à un cours qui est vraiment trop onéreux, même si l'on tient compte de la qualité indéniable du titre.

J'ai donc décidé de me séparer d'HRL. Je ne manquerai évidemment pas d'y revenir, dès que les marchés américains seront à nouveau accessibles.

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5 réflexions sur “Analyse de Hormel Foods Corp (HRL:NYQ)”

  1. Bonjour Jérôme,
    Votre analyse est à mon sens juste, mais il y a un élément que je comprends pas…en effet vous deviez avoir un Yield on Cost de 8 ou 9 % sur ce titre , n’était-ce plus un argument suffisant pour le garder ?

    1. Oui vous avez raison. Celui qui conserve HRL en ce moment, comme d’ailleurs beaucoup d’autres aristocrates, parce que le dividende (et donc le YOC) continue à progresser, ne peut pas être dans le faux. Même si le prix devient stratosphérique. Après tout, peu importe le cours dans une stratégie dividendes croissants, c’est le revenu qui compte.

      Il y a deux éléments qui m’ont néanmoins amené à m’écarter (temporairement) de cette stratégie depuis 2017 :
      – Des valorisations par rapport aux fondamentaux que nous n’avions plus vu depuis 2000 et 2007
      – Ma progression sur la route financière qui se situe aujourd’hui dans les dernières étapes. C’est donc l’ultime moment pour faire de gros ajustements. Après cela je ne pourrai plus me permettre d’être fortement positionné cash comme c’est le cas actuellement.

      Donc, si j’ai un peu de chance, non seulement j’éviterai une phase baissière que je redoute de grosse ampleur, mais je pourrai aussi revenir sur certains beaux titres que j’ai abandonnés (comme KO, HRL, MCD, PG…), en conservant voire en améliorant encore le YOC. Si je peux en effet racheter plus de titres avec la somme issue de leur vente, mes revenus vont grimper. Cela je ne peux que le faire que maintenant.

      Je ne suis pas un grand fan de trading. Ce va-et-vient est donc un peu contre nature pour moi. Je comprends donc tout à fait votre réflexion. Mais je me dis que cette fois le jeu peut en vouloir la chandelle, vu les valorisations très importantes qui sévissent sur la plupart des aristocrates. Si le prix baisse, il y a la possibilité en fait d’accroître encore le YOC. Si le prix demeure stable ou qu’il continue à progresser, sans doute que mon argent est mieux investi dans un autre titre de qualité payeur de dividendes moins cher (et donc mon YOC continuera à progresser également).

  2. blank

    Je comprends très bien ce dilemme (se séparer d’une perle qu’on pensait garder à vie, mais dont la valorisation excessive devient de plus en plus dissuasive) et me suis retrouvé plusieurs fois dans cette situation. Par contre je dois admettre que vendre une action qui avait jusque-là très bien performé s’est souvent avéré (avec le recul) un plutôt mauvais choix. Ça me rappelle cet article que j’avais beaucoup apprécié de dividend growth investor :

    https://www.dividendgrowthinvestor.com/2013/05/why-would-i-not-sell-dividend-stocks.html?m=1

    1. blank

      Très bon article de DGI une fois de plus effectivement.
      Je partage aussi son point de vue. Je pense que les deux approches ne sont pas antinomiques. Parfois on peut vendre, parfois il faut garder. Cela dépend des titres mais surtout je pense de sa propre situation. Un rentier ne devrait gérer que les risques liés aux revenus :
      https://www.dividendes.ch/2011/10/investir-dans-les-dividendes-quels-sont-les-risques/

      Donc les ventes dans ce cas demeurent très rares, sauf s’il bouffe son capital en suivant la règle du taux de retrait sécuritaire.

      Un investisseur encore actif peut choisir dans certains moments et/ou certains titres de vendre, en espérant éviter une grosse dévaluation des cours et parallèlement racheter moins cher pour augmenter encore son YOC.
      Il ne faut pas être trop dogmatique en investissement et varier / panacher les stratégies, tant qu’elles demeurent cohérentes.

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