Générations & investissement (7/7) : conséquences & conclusion

Nous avons tous une part « silencieuse », « boomer », « X » et « Y » en nous. Chacun se sera reconnu à un moment donné dans une ou plusieurs de ces descriptions. Au gré des générations, un genre émerge cependant plus qu’un autre, à cause de (ou grâce à) l’éducation, l’influence des médias et le contexte économico-politique. Il n’y a pas une génération qui soit meilleure ou moins bonne que l’autre, genre « les jeunes sont des bons à rien » ou « les vieux sont tous des cons ». Il y en a c’est vrai, mais n’oublions pas que nous avons tous été le jeune de quelqu’un, qu’on nous traitait déjà d’incapable et que nous serons tous aussi le vieux de quelqu’un (nous le sommes déjà d’ailleurs !).

Plutôt que de juger, essayons de voir comment nous pouvons tirer parti de ces influences générationnelles ces prochaines années. Récapitulons :

  • Les silencieux : peu d'influence directe encore sur le monde économique, mis-à-part des besoins dans le domaine de la santé.
  • Les boomers : de gros besoins en matière de santé également. Comme ces nouveaux retraités ont/auront du temps et des moyens, également un énorme potentiel pour tout ce qui touche aux biens de consommation cycliques (et non cycliques), aux loisirs, aux voyages, aux transports et donc au pétrole.
  • Les X : un intérêt marqué pour le développement durable, les clean-techs et l'équilibre vie prof./vie privée, et donc les loisirs également.
  • Les Y : un intérêt encore plus marqué pour les clean-techs, les nouvelles technologies d'information et de communication (NTIC), les loisirs et les biens de consommation cycliques (mais aussi non cycliques), en particulier les marques.
  • Les Z : peut-être un retour vers des valeurs plus traditionnelles, des biens de consommation durables et peu cycliques, parallèlement à une utilisation des NTIC qui seront considérées comme un marché mature.

En bref, les secteurs à potentiel (avec des suggestions de titres), en s'inspirant de la théorie des générations, sont :

Quelles conséquences par rapport à notre portfolio ? Pas de révolution en tout cas. Nous restons toujours attachés aux titres de qualités versant des dividendes qui progressent sur le long terme. Ce principe est non négociable. D'autre part, on constate que notre portfolio est déjà bien pourvu de valeurs pouvant bénéficier de l'impact économique lié à l'évolution de ces générations. Certaines sont déjà des positions actives, d'autres en surveillance.

En italique, nous avons ajouté d'autres valeurs que nous trouvons intéressantes par rapport à cette démarche. LEG, un fabriquant de fournitures notamment résidentielles, peut profiter de la consommation des Y et des boomers retraités. Des discounters tels que TGT, FDO, ROST et TJX peuvent bénéficier également des besoins de consommation de ces deux générations. WAG, une chaîne de pharmacie est bien positionnée pour répondre en particulier aux besoins de santé des boomers. Ces six sociétés sont de surcroît des pourvoyeurs de dividendes de qualité.

Dans les biens de consommation non cycliques, nous ajoutons HRL, une entreprise agro-alimentaire qui a fait croître son dividende durant 44 années consécutives.

Les entreprises des technologies d'information et de communication atteignent actuellement un niveau de maturité leur permettant de payer des royalties de manière régulière et progressive. LLTC (semi-conducteurs) en est déjà à sa 18e année consécutive d'augmentation de son dividende. Les NTIC sont devenues en quelques années une nécessité pour les "X", encore plus pour les "Y", et on ne parle même pas de "Z" qui n'ont jamais connu le monde sans Internet. On peut dès lors assimiler ces technologies à des biens de consommation qui font partie intégrante de notre vie. Leur industrie ne connaîtra sans doute plus les niveaux de croissance du passé, le marché ayant atteint un stade de maturité, mais les besoins des "X-Y-Z" seront toujours bien présents pour soutenir la demande. INTC et MSFT versent des dividendes croissants, mais sont encore relativement trop jeunes. Quant à GOOG et AAPL, ils ne versent pas de dividende malheureusement pour l'instant. CTL enfin a interrompu cette année une série de 37 années consécutives d'augmentation des distributions.

A propos des cleantechs, la prudence est de mise. Ces titres ont une teneur hautement spéculative, avec beaucoup de startups, de sociétés qui ne réalisent pas de bénéfices et qui ne versent aucun dividende. On en parle beaucoup, on nous promet monts et merveilles, cela ressemble curieusement au contexte qui existait à la fin des années '90 avec les valeurs Internet. A deux différences près. La première c'est que grâce à l'éclatement de la bulle immobilière des subprimes et à la quasi faillite de certains gouvernements, le marché des actions se situe actuellement à un niveau de valorisation bien plus attractif qu'à la fin des années '90. Les valeurs cleantechs n'ont ainsi pas encore réussi à prendre leur envol. La deuxième c'est que cette industrie est/sera soutenue par soutenue par la demande gouvernementale, ce qui peut en faire une bulle potentiellement plus longue à éclater, mais dont les conséquences seraient encore plus néfastes que l'éclatement de la bulle Internet. Rappelons que lorsque l'Etat (sauvetage des banques) et les banques centrales (politique monétaire expansive) font trop d'interventionnisme cela se solde toujours par un problème ultérieur plus important encore (crise de la dette, subprimes).

On peut bien entendu tenter de spéculer un peu sur un ETF comme PZD, puisque la bulle n'est qu'à l'état de gestation pour l'instant (et qu'elle risque de durer longtemps). En bonus il y a même un petit dividende de 0.18%... Mais comme notre politique est plutôt d'investir, nous préférons prendre un chemin détourné pour accéder à cette manne. Les sociétés énergétiques tels que CVX, XOM, ENB.TOCOPNJR et UGI poursuivent également des politiques d'énergie verte, voulant sans doute d'abord se donner une bonne image auprès du public, mais souhaitant désormais aussi surfer sur la vague des cleantechs et préparer l'après pic pétrolier. De plus elles versent des dividendes de qualité et bénéficient également des besoins en carburant élevés des baby boomers retraités.

En conclusion, notre portfolio est bien positionné pour surfer sur la vague de cette transition générationnelle. Nous le renforçons du côté de la distribution, avec TJX, FDO, ROST, TGT et WAG, du côté des biens de consommation cycliques, avec LEG, des non cycliques avec HRL, et y faisons rentrer LLTC en tant que techno mature. Ces huit nouveaux titres ne sont pas tous des opportunités d'achat pour le moment, mais nous les surveillerons désormais, en cohérence avec la théorie des générations.


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2 réflexions sur “Générations & investissement (7/7) : conséquences & conclusion”

  1. Très belle analyse, Jérôme.
    J’apprécie la démarche de sélection de titres de la watching list.
    Encore une fois, merci pour cette brillante série d’analyses.

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